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Plantes exotiques envahissantes
Noa Garcia-Ahmad noaga@journaldescitoyens.ca – Les lacs sont partie intégrante de la beauté du territoire des Laurentides. Or, ils ne sont pas au meilleur de leur santé. Tout comme plusieurs autres plans d’eau, les lacs sont fortement affectés par la présence d’activités anthropiques dans leur entourage. De plus en plus d’experts s’inquiètent notamment de la présence croissante des plantes exotiques envahissantes dans ces milieux hydriques. Pour nous en parler, le Journal a rencontré John Dalzell, président de l’Agence des bassins versants de Sainte-Anne-des-Lacs, et Annie Renouf, membre du conseil d’administration de l’Association des résidents du lac Renaud.
Une protection nécessaire des lacs
Lorsqu’on juge de la santé d’un lac, c’est souvent le niveau d’eutrophisation qui est relevé par les tests d’analyse. Selon le Conseil régional de l’Environnement des Laurentides (CRE), l’eutrophisation des lacs est un « processus naturel et très lent, par lequel les plans d’eau reçoivent une grande quantité d’éléments nutritifs (notamment du phosphore et de l’azote), ce qui stimule la croissance des algues et des plantes aquatiques » alors qu’il se déroule normalement sur plusieurs milliers d’années. Madame Renouf nous explique cependant que bien que l’eutrophisation soit un phénomène naturel de vieillissement d’un lac, les activités anthropiques l’ont accéléré de manière exponentielle : « Toute activité humaine a un impact sur les lacs. Les gens voient ça comme un droit de vivre au bord d’un lac, mais ce n’est pas un droit, c’est un privilège et ça vient avec des responsabilités importantes notamment s’assurer qu’on a une fosse septique en état et éviter les engrais fertilisants ».
Au-delà des problématiques liées à l’eutrophisation des lacs, madame Renouf s’inquiète également des problèmes de ruissellement dû à l’augmentation de l’étalement urbain autour des lacs : « Les eaux de ruissellement convergent toutes vers le lac et donc ça apporte de plus en plus des sédiments et des nutriments qui sont très nocifs pour le lac ».
Pour M. Dalzell, le problème se situe également dans le fait que le fardeau de la protection de la qualité de l’eau des lacs repose principalement sur les associations citoyennes : « C’est extrêmement dangereux pour une Municipalité lorsque les efforts de protéger et d’analyser la qualité de l’eau dépends de bénévoles ». S’il advenait que ces associations disparaissent, la santé des lacs pourrait gravement s’empirer.
Les plantes exotiques envahissantes
Toutefois, l’un des plus grands défis pour la protection des lacs dans le bassin versant de la rivière du Nord, et plus largement dans les Laurentides, demeure la population toujours croissante de plantes exotiques envahissantes.
On s’inquiète particulièrement de la présence du myriophylle à épis, une plante envahissante particulièrement répandue au Québec, qui a été recensée dans nos cours d’eau pour la première fois dans les années 1960. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une plante nocive en soi pour les lacs, l’absence de prédateur lui permet d’énormément proliférer, d’où le qualificatif d’espèce « envahissante » qu’on lui accorde. Cette prolifération nuit d’une part aux activités qui se déroulent sur le lac puisque la plante est très dense et peut atteindre jusqu’à 10 mètres de haut à partir du fond du lac, empêchant ainsi la baignade et le passage d’embarcation. Ensuite, madame Renouf rajoute que ces plantes « participent à l’accélération de l’eutrophisation en plus de prendre la place des autres plantes. Tranquillement, il y a de moins en moins de variété, donc la biodiversité des plantes aquatiques diminue. Celles qui sont bonnes pour le lac diminuent au profit du myriophylle à épis ».
L’éradication des plantes exotiques envahissantes est également très difficile, voire impossible. Il existe des solutions, comme l’installation de toile de jute ou de fil de verre, qui permettent de limiter de manière efficace la propagation de ces plantes. Par contre, le coût de ces toiles est souvent très élevé et repose dans la majorité des cas sur les associations de riverains. Sinon, plusieurs Municipalités ont installé des stations de lavage des embarcations nautiques qui permettent de limiter la propagation des plantes d’un plan d’eau à l’autre.
À Sainte-Anne-des-Lacs, monsieur Dalzell se réjouit que les plantes exotiques n’aient pas encore contaminé les lacs couverts par l’ABVLACS, mais il souligne que les efforts de prévention devront être soutenus pour perpétuer cette tendance.
L’importance de l’implication citoyenne
Pour madame Renouf, la participation citoyenne reste le meilleur moyen pour assurer la santé des lacs dans une large mesure : « Quand on arrive à poser des actions, c’est vraiment les gens qui doivent se mobiliser autour. C’est la participation citoyenne qui compte, autant dans le temps, l’argent et la sensibilisation ». Elle rajoute également que cette implication citoyenne est autant plus importante dans le cas des plus petits lacs qui ne rapportent pas ou très peu de revenus aux Municipalités qui l’entourent.
S’il s’accorde avec madame Renouf pour dire que l’implication citoyenne est particulièrement importante dans ce dossier, M. Dalzell s’inquiète d’une possible baisse de la participation dans les associations similaires à ABVLACS dans les prochaines années : « L’implication bénévole est menacée selon moi. (…) On a de la difficulté à recruter les gens. Les gens ont moins de temps à donner aux organismes communautaires, peu importe leur vocation ».
Il faudra donc suivre de près l’accélération de la croissance de la population de plantes exotiques envahissantes en plus de la santé générale des lacs dans les prochaines années. Toutefois, comme c’est le cas pour la majorité des cours d’eau dans le bassin versant de la rivière du Nord, on remarque une volonté bien présente de protéger les lacs.