Aux Falaises on arrache!

Valérie Lépine
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Certaines espèces doivent être éradiquées

Valérie Lépine – Le mois dernier, le Journal vous invitait à ne pas cueillir les fleurs printanières. Ces mois-ci, le Journal vous rappelle que certaines plantes doivent malheureusement être arrachées et éventuellement éradiquées pour préserver la biodiversité de notre territoire.

Espèces exotiques envahissantes : cette appellation fait dorénavant partie de notre vocabulaire. Moule zébrée, coccinelle asiatique, scarabée japonais, tortue à oreilles rouges, myriophylle à épis, berce du Caucase : toutes ces espèces ont été introduites au Québec et menacent maintenant notre flore et notre faune indigènes, la biodiversité en général et l’équilibre des milieux naturels. 

Une autre plante a récemment été reconnue comme envahissante par les ministères et organismes de conservation : l’alliaire officinale. En effet, on commence aujourd’hui à reconnaître officiellement que l’alliaire est devenue un réel problème dans certaines régions du Québec. Cette plante, introduite par des horticulteurs européens au début de la colonisation, était utilisée comme condiment, car elle a un goût qui ressemble à celui de l’ail avec un arrière-goût de moutarde. On l’appelle d’ailleurs communément herbe à l’ail. Elle se retrouve sur le bord des sentiers et des pistes cyclables et même dans les jardins des particuliers. Elle préfère les sols fraîchement bouleversés ou les lieux où la terre a récemment été mise à nue. L’alliaire est une plante très prolifique (un seul plant peut produire 3 000 graines et un mètre carré de cette plante peut en produire 100 000) et elle pousse dans des conditions diversifiées. Puisqu’elle peut croître à l’ombre, elle entre en compétition directe avec les plantes indigènes de sous-bois telles que les trilles, les sanguinaires, les fougères, les érythrones et les uvulaires.

Le botaniste Denis Paquette affirme que « sur la Rive-Sud de Montréal, le problème est à l’état de fléau, mais dans les Laurentides, elle vient tout juste d’arriver et peut encore être contrôlée si on s’y met tout de suite. » Dans la réserve du Parc des Falaises, l’alliaire ne se retrouve pour le moment que sur le flanc ouest du mont Shaw.

Denis Paquette, botaniste et instigateur des corvées d’arrachage de l’alliaire, à côté d’un sac remplis de plants arrachés – photo: Carole Beauchesnes

Connaissant le potentiel dévastateur de l’alliaire, M. Paquette a donc mis en place un programme d’éradication de cette plante il y a quatre ans. Chaque printemps, avant que l’alliaire ne produise ses graines, Denis Paquette, épaulé d’une dizaine de bénévoles, procède à son arrachage. 

Cette année, c’est le 5 juin que cette équipe de bénévoles s’est affairée à cette tâche. On a rempli une dizaine de sacs poubelle avec les plantes arrachées. Ces sacs fermés seront laissés au soleil durant un mois. Lorsque les plants auront pourri, ils seront enterrés dans des trous d’au moins six pouces de profondeur. Il ne faut absolument pas mettre ces plants dans un compost domestique puisque les graines de l’alliaire pourraient y survivre. Par contre, selon M. Paquette, le compostage industriel (bac brun) pourrait être une solution puisque les températures élevées de ce type de compostage pourraient tuer les graines.

M. Paquette reste optimiste face au problème de l’alliaire dans la Réserve : « Le problème est très grand, mais si nous persévérons encore quelques années, le problème sera éliminé complètement. »

À propos du CRPF – Le Comité régional pour la protection des falaises œuvre depuis 2003 pour la protection et l’utilisation écoresponsables d’un territoire de 16 km² doté de caractéristiques écologiques exceptionnelles et s’étendant derrière les escarpements de Piedmont, de Prévost et de Saint-Hippolyte. – www.parcdesfalaises.ca

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