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Faire évoluer le monde du transport avec IVI
Émilie Corbeil – L’Institut du Véhicule innovant (IVI) est un des 59 centres collégiaux de transfert technologique au Québec. Affilié au Cégep de Saint-Jérôme, l’IVI aide les entrepreneurs québécois à migrer vers des transports plus durables, plus intelligents et plus sécuritaires. Suite à l’annonce de la construction d’un nouveau bâtiment voué à recevoir le centre, le Journal s’est entretenu avec son directeur général, François Adam.
Aider les entreprises québécoises
D’entrée de jeu, monsieur Adam explique que l’IVI existe pour permettre aux entreprises québécoises d’innover dans le domaine des transports. Les centres collégiaux de transfert technologique ont chacun leur domaine d’expertise. L’IVI est le seul à se spécialiser dans le transport innovant. Répartis un peu partout à travers le Québec, les centres collégiaux de transfert technologique ont pour mission de créer de la richesse au Québec en aidant les entreprises à utiliser les nouvelles technologies.
L’IVI aide les entreprises de trois principales manières. D’abord, par la recherche appliquée. Alors que les risques financiers sont assez élevés pour les entrepreneurs souhaitant développer de nouvelles technologies vouées à leurs opérations, l’IVI les accompagne dans leurs recherches de soutien financier et de subventions.
Ensuite, fort d’une équipe de quelque 30 personnes, dont des ingénieurs et des techniciens spécialisés, l’IVI se met au service des entreprises et les aide dans le développement technologique en leur fournissant soutien et expertise.
Finalement, l’IVI forme et informe les entreprises qui souhaitent utiliser les nouvelles technologies dans le domaine du transport. Environ une cinquantaine d’entreprises sont soutenues chaque année par l’IVI, qui dirige environ 80 projets par année, concernant principalement l’électrification des transports et les véhicules autonomes.
Si l’IVI est assez peu connu du grand public, il est par contre très populaire auprès des entrepreneurs qui sont très nombreux à y soumettre des demandes de soutien. Monsieur Adam est catégorique à ce sujet : les nouveaux locaux vont permettre d’accepter plus de projets puisque l’offre de services de l’IVI ne suffit pas, pour l’heure, à la grande demande. Il tient aussi à signifier aux meilleurs ingénieurs et techniciens, surtout ceux qui ont de l’expérience dans le domaine des transports, qu’il y a de la place pour eux à l’IVI et qu’une formation leur est proposée à l’interne.
Un scoop, aussi : depuis 2021, un nouveau groupe œuvre dans les applications technologiques à l’IVI. Ce groupe va s’assurer que les gestionnaires qui souhaitent électrifier leurs flottes seront accompagnés par des experts dans le domaine.
Leader mondial en transport électrique
Au Québec, c’est dans le transport lourd et spécialisé qu’on se démarque, et non dans l’automobile. Ce sont des autobus, des camions lourds et même de la machinerie agricole qui sont produits. Ce n’est pas commun au niveau mondial, Le Québec prend donc une position stratégique dans les technologies visant l’électrification des transports lourds. Il aura une longueur d’avance, précise monsieur Adam, alors que les gros joueurs, notamment américains, n’ont pas vu l’urgence de se positionner dans ce domaine.
Selon M. Adam, le principal défi, au Québec, sera de se donner les moyens de produire nous-mêmes les batteries au lithium, et ce, de l’extraction minière au produit final. Il manque à l’heure actuelle des entreprises pour produire les cellules des batteries. En ce moment, elles sont produites en Asie, alors que nous avons, au niveau minier, toutes les ressources nécessaires pour devenir un gros joueur mondial.
En produisant nous-mêmes nos batteries, on en réduirait l’impact environnemental. Et, surtout, nous nous protégerions des risques géopolitiques inhérents à cette dépendance envers des pays étrangers, alors que la planète entière migre vers l’électrification et que la demande pour les batteries est énorme. Pour M. Adam, il est évident que les manufacturiers de véhicules électriques d’ici n’attireront pas les gros fournisseurs avec leur petite production. Il y a donc bel et bien un risque que le Québec finisse par ne plus être en mesure de s’approvisionner en batteries sur le marché mondial.
Navigation autonome hors route
Parce que l’électrification ne suffit pas, l’IVI travaille aussi à automatiser des véhicules… électriques, va sans dire. Parce que s’il est possible d’équiper des véhicules traditionnels de systèmes de navigation autonome, pour M. Adam, il est évident que la mission première de l’IVI demeure de rendre les transports plus verts.
Un premier exemple dans l’agriculture : des travaux sont réalisés afin d’en arriver à faire faire du désherbage par des robots autonomes. En somme, des « Roomba » agricoles, un peu à l’image de ce robot-aspirateur, se promèneront dans les champs, accompagnés d’une remorque de recharge équipée de puissantes batteries.
Un espace nécessaire
Avec le temps et la reconnaissance de son expertise, l’IVI a vu ses locaux devenir beaucoup trop petits. On a dû louer d’autres locaux et mener les activités de front sur quatre lieux physiques différents. Le nouveau bâtiment, d’une superficie de plus de 2700 m2, permettra de tout faire sous le même toit, mais aussi d’agrandir l’équipe.
Par ailleurs, le nouveau bâtiment, en plus de servir de lieu physique pour les ateliers, les laboratoires et les bureaux, servira en lui-même comme un équipement de tests. Comme la moitié du personnel a d’ores et déjà un véhicule électrique, les bornes de recharges qui seront installées dans le stationnement deviendront elles-mêmes des équipements de recherche afin de développer différentes stratégies pour gérer les recharges et réduire la pointe de puissance des installations. Cette pointe de puissance, que l’on atteint en rechargeant plusieurs véhicules à la fois, augmente de manière considérable les frais d’électricité et représente, à l’heure actuelle, un frein pour les entreprises souhaitant faire migrer leur flotte vers l’électrique.