Chutes Montmorency en 1759 (1ère partie)

Chutes montmorency partie 1 - journal des citoyens
Daniel Machabée
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La bataille du Sault

Daniel Machabée – Cette chronique portera sur les événements tragiques qui changèrent non seulement la face du monde, mais le destin d’un continent. Ces événements concernent la fin du régime français en Amérique du Nord, ce que la mémoire collective appelle La Conquête, qualificatif honteux dont l’auteur ne partage pas la pensée.

N’en déplaise à certains, faut-il rappeler qu’après avoir abandonné la Nouvelle-France à ses maigres ressources dans ce conflit, la France s’en est-elle départie sans le moindre regret après la guerre ? Il y eut trois grandes batailles à Québec où la population, souffrante des affres de la guerre, s’est comportée de façon méritoire et où les soldats et la milice se sont battus avec bravoure et honneur. Voyons la première de ces batailles, celle que l’on nomme la bataille du Sault Montmorency.

La flotte anglaise arrive devant l’île d’Orléans le 25 juin 1759. Très vite, ils font le siège de la ville, installèrent des batteries à la Pointe-Lévy et commencèrent le bombardement de la ville le 15 juillet. Ils tentèrent ensuite quelques débarquements à la Pointe-aux-Trembles, mais sans succès. Le 22 juillet, une trêve est demandée au Sault Montmorency. Un des parlementaires dit au général Wolfe : « Nous ne doutons pas que vous détruisiez la ville; mais nous avons résolu que votre armée ne mettra jamais les pieds dans ses murs ! » 

À 11 h le 31 juillet, deux navires à fond plat et un vaisseau de 60 canons, Le Centurion, se mirent en mouvement et commencèrent à bombarder les retranchements français à midi. Les camps de soldats anglais cantonnés à l’île d’Orléans et à la Pointe-Lévy furent embarqués pour un débarquement placé sous les ordres du commandant Monkton. Les berges anglaises firent d’incessants mouvements entre la rivière Saint-Charles et la chute Montmorency pour déstabiliser les Français. À 13 h, le maréchal Lévis (le second de Montcalm) est informé qu’il y avait 2000 hommes en mouvement vers ce point. Il fit partir 500 miliciens et les Indiens en renfort et donna ordre au sieur Duprat, capitaine des volontaires, de suivre les mouvements de l’ennemi. 

Montcalm rejoignit Lévis à 14 h avec le régiment de Guyenne. Pendant six heures, les Anglais bombardèrent avec un feu croisé le Sault, mais sans succès. La petite flotte fit quelques mouvements jusque vers 17 h où elle dirigea son mouvement vers le chenal pour venir débarquer à environ 18 h. Les troupes françaises, retranchées sur une hauteur à portée de fusil, virent les Anglais marcher en colonnes vers eux. Le feu de la mousqueterie française fut si vif que les Anglais se replièrent alors qu’ils furent à la moitié de la côte. À ce moment, il survint un orage furieux qui les déroba à leur vue. Wolfe, ayant vu la bataille, en comprit l’inutilité et sonna la retraite. Lévis écrira : « On ne peut assez faire l’éloge des troupes et des Canadiens qui ont été inébranlables et qui ont continuellement témoigné la plus grande volonté ».

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