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Un pont entre deux zones
Émilie Corbeil – À Prévost, la Microbrasserie Shawbridge est fermée par ordre gouvernemental depuis le 1er octobre dernier. Le Saint-Sau Pub, quant à lui, était demeuré ouvert, alors qu’il était situé en zone orange, mais la situation vient de changer, les Laurentides passant au rouge lundi dernier. Hugues Néron, propriétaire des deux établissements, est aux premières loges pour constater la dynamique particulière dans laquelle la région est plongée. Ce sont deux mondes, peints en rouge et orange, séparés par un pont, à peine, qu’il décrit au Journal.
Ouvert, fermé
À la Microbrasserie, le déficit est important. Avec des coûts d’opération de quelque 30 000 $ par mois et aucun client en salle à manger, les temps sont durs. On a dû user de toutes les ruses pour garder la tête hors de l’eau. La dernière : les pizzas congelées, vendues dans les commerces du coin.
N’en demeure pas moins que c’est grâce au Saint-Sau que la Micro brasserie fonctionne. Au Pub, la fréquentation a augmenté de 80 %, malgré une capacité d’accueil réduite à 50 %. Monsieur Néron a bien remarqué, depuis les mesures imposées au 1er octobre, que la clientèle du Saint-Sau a changé. Surtout les vendredis et samedis, on voit bien que les clients viennent de l’extérieur. Lui-même en faveur des barrages afin de réduire les abus, il soutient toutefois que les personnes qui ont une résidence secondaire dans la région devraient pouvoir continuer à fréquenter les restaurants.
La restauration sécuritaire
La journée même de l’entrevue, on apprenait, dans les médias nationaux, que la Santé publique n’avait jamais recommandé la fermeture des établissements de restauration. C’était plutôt une décision politique. Fâché, monsieur Néron admet toutefois que le gouvernement se trouve dans une position qu’il n’envie pas le moins du monde.
Il soutient bien que la restauration est une activité sécuritaire, autant pour les clients que pour les employés. Il a lui-même investi une vingtaine de milliers de dollars pour se conformer aux impératifs de sécurité.
Aide financière
Récemment en entrevue avec le Journal, Mme Diane Lebouthillier, ministre du Revenu national, a expliqué, à l’annonce de la Subvention d’urgence du Canada pour le loyer (SUCL), que les mesures mises de l’avant par le gouvernement canadien ne sauraient être parfaites, mais qu’un travail de fond est fait dans le sens de leur amélioration continue.
Pour Hugues Néron, il est évident que les deux paliers de gouvernements ont fait au mieux. Il a mentionné au Journal être fortement en désaccord avec les partis d’opposition qui critiquent les mesures d’aide mises de l’avant, soulignant que ceux-ci n’auraient assurément pas su faire mieux.
Évidemment, les mesures d’aide sont assorties de conditions qui sont souvent difficiles à remplir. Si le plancher n’est pas atteint au niveau des pertes, l’aide n’est pas accordée. Et elles engendrent leur lot de travail quand vient le temps des formulaires. Heureusement, la conjointe de M. Néron est comptable et met la main à la pâte. Ce dernier a toutefois signifié que tous les restaurateurs n’ont pas sa chance. Certains devront certainement assumer des frais importants afin de bénéficier des services professionnels nécessaires aux demandes d’aide financière.
Pour Mme Lebouthillier, il ne fait également pas de doute que plusieurs PME peuvent trouver difficile de recenser les aides qui sont mises à leur disposition et de formuler leurs demandes. À ce sujet, elle invite tous les entrepreneurs qui éprouvent des difficultés liées à la COVID à contacter leurs agences de développement économique. Là, ils sauront trouver l’information nécessaire par rapport aux programmes disponibles. Par ailleurs, son ministère est en communication constante avec les divers organismes chargés du développement économique, qui jouent un important rôle-conseil dans l’adaptation des programmes aux besoins qui se manifestent sur le terrain.
Bientôt en zone rouge
Au moment de l’entrevue, l’annonce à savoir que les Pays-d’en-Haut allaient se retrouver en zone rouge le 11 décembre n’avait pas encore été faite. Monsieur Néron voyant toutefois la chose venir, il a précisé au Journal que ce serait pour lui une catastrophe. Son entreprise, jeune, n’a pas encore accumulé les liquidités nécessaires à un tel test de résilience. Dans le milieu, certains estiment qu’un restaurateur sur trois ne passera pas au travers de cette crise. Au-delà des fermetures, il entrevoit les drames personnels et familiaux que peuvent causer la perte d’autant de travail et d’investissement.