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- POLITIQUE - 22 novembre 2024
Les conséquences
Marc-André Morin – La sauvagerie des attentats terroristes dont nous sommes témoins depuis déjà quelques années, provoque un profond sentiment de dégoût; malheureusement ce sentiment est moins profond que celui provoqué par le sort des millions de victimes des guerres occidentales au Moyen-Orient.
Massacre de populations, dépossession de leurs terres, de leur culture et support honteux accordé à leurs dirigeants les plus fanatiques et les plus cruels qui commanditent les tueurs auxquels nous faisons face.
Comme toutes les puissances coloniales, la France n’a jamais cessé d’entretenir des mythes sur la période coloniale où elle pillait et exploitait des pays pour y voler les ressources qui assuraient son expansion. La civilisation, le christianisme et le progrès des peuples conquis étaient les grands prétextes. Dans cette mythologie, l’Algérie était un pays pauvre et aride habité par des sauvages qu’il fallait civiliser. La rhétorique coloniale puisait allègrement dans la haine et la peur de l’Islam qui remontait jusqu’aux croisades. L’Algérie était pourtant un pays riche pendant la période napoléonienne, et ce sont les Algériens qui ont fourni à crédit le blé aux armées françaises; c’est d’ailleurs le refus de payer cette dette qui, en partie, a mené à la guerre de conquête de 1830 sous la restauration (voir La conquête de l’Algérie par la France dans Wikipedia). L’Algérie a ensuite été annexée, en 1848, au territoire français et divisé en trois départements. Les Algériens d’origine avaient la citoyenneté française avec la mention indigène qui limitait leur droit. Ils étaient soumis à la loi islamique et ils pouvaient joindre l’armée française sans jamais dépasser les grades inférieurs. C’est avec ce statut diminué que des milliers d’Algériens se sont réfugiés en France, ils ont occupé les emplois dont aucun Français ne voulait. Leurs enfants, plus instruits, sont devenus des chômeurs diplômés.
Quand le président Macron se lance dans ses envolées lyriques sur les valeurs de la République du XIXe siècle, il se sert du même discours xénophobe de la période coloniale : cela n’a fait que jeter de l’huile sur le feu.
Le vingtième siècle nous a montré où les haines comme l’antisémitisme peuvent nous mener quand elles sont appuyées par la religion et les gouvernements. C’est dans ce contexte de paranoïa que les nazis ont pu procéder au meurtre de millions d’êtres humains avec la collaboration des pays conquis. Les phobies du communisme d’un côté et du capitalisme de l’autre ont provoqué la guerre froide qui nous a fait passer à deux doigts de la destruction totale.
Malgré ce que les militaristes et les marchands d’armes voudraient nous faire croire, il n’y a sur terre qu’une espèce humaine, et tant que seulement le quart d’entre eux vivront en sécurité et mangeront à leur faim, nous verrons encore de la radicalisation et des morts.