Histoire archives Laurentides

Photo d'archives - journal des citoyensLes concepteurs de notre nouvelle image, André Bérard et Dominique Beauregard de Facteur G Communication – Photo : Gaétan Demers
Gleason Théberge
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Un nouvel effort de mémoire

Gleason Théberge – Le 14 septembre dernier, notre société d’histoire régionale instituée au siècle dernier prenait officiellement le nom d’Histoire et archives Laurentides. En plus de rajeunir son image, elle évoque ainsi plus clairement son double intérêt pour la diffusion de l’histoire et la conservation des documents et objets qui attestent des relations que nous entretenons avec les autres et notre environnement.

Animaux parlants, nous oublions en effet souvent notre dépendance à ce qui nous entoure. Nos capacités de manipulation des choses, de déplacement et d’ancrage dans nos lieux nous sont si évidentes qu’il faut parfois être malade ou frappé d’un interdit pour prendre conscience de tout ce qui nous manque. Grâce aux avantages physiques offerts par nos ancêtres, aussi lointains soient-ils, les manières de faire ne cessent d’évoluer, rendant les précédentes désuètes, parfois même à tort. Invention des objets qui facilitent la vie, aménagement des lieux qui nous abritent, témoignages des parcours individuels et collectifs, nous sommes notre histoire, dont heureusement certaines générosités conservent les traces.

Dans notre région, de 1965 à 1972, ce souci a été assuré par diverses initiatives de bénévoles, dont celles de Marie-Antoinette Foucher, honorée dans le nom de l’actuelle bibliothèque de Saint-Jérôme, et Germaine Cornez, auteure d’une trilogie sur la capitale des Laurentides. C’est ensuite MgrPaul Labelle, dont les chroniques dans l’Écho du Nord ont mené à la création en 1979 de la Société d’histoire de la Rivière-du-Nord (SHRdN), dont François Varin et Richard Côté, entre autres, ont assumé la présidence en l’implantant résolument comme gardienne et diffuseure des faits, gestes et objets de par chez nous, un travail aux résultats devenus accessibles désormais. Avec la délicatesse accordée au fragile et le souci de conserver le nécessaire parmi tout ce que les gens lui confient, la Société et ses nombreuses et nombreux bénévoles ont participé à des actions visant la survie de bâtiments importants, dont le vieux Palais, devenu Maison de la culture, où l’organisme a trouvé plus tard ses locaux permanents. 

Ce fut aussi la lente succession des réunions de concertation organisées par le Conseil de la culture (CCL) entre les Sociétés d’histoire de la région pour l’établissement d’un centre d’archives que certaines voulaient à Sainte-Thérèse ou à Saint-Eustache. Mais c’est Saint-Jérôme qui aura fini par prévaloir, surtout sous la poussée calme et patiente de Suzanne Marcotte, héritière prédestinée de ses ancêtres et oncles, de la côte à Marcotte où la météo change en montant vers Prévost. Depuis, de nombreuses expositions ont été organisées, des témoignages vidéo enregistrés, du dépouillement d’archives complété, entre autres, par l’archiviste Linda Rivest, d’abord active en région auprès de divers intervenants, puis impliquée dans la reconnaissance officielle de la SHRdN comme gestionnaire du Centre d’archives de la zone sud des Laurentides jusqu’à Mont-Tremblant. Et voilà que le projet, toujours soutenu par une généreuse troupe de bénévoles, atteint sa maturité au moment où Henri Prévost, lui aussi héritier d’ancêtres qui ont marqué notre histoire régionale, prend la présidence de l’ex-Société d’histoire, devenue désormais Histoire et archives Laurentides (HAL). 

Évidemment, d’autres pionniers ont déjà laissé de nos appartenances des traces relativement assurées de permanence, dans le nom des lieux, par exemple, y compris quant aux lieux amérindiens d’Oka (poisson doré) ou de Maniwaki (rivière tortueuse ou terre des Esprits)*, jusqu’au récent adjectif laurentidien qualifiant notre région, tel que préconisé par le CCL à l’occasion de la réalisation de l’ouvrage sur l’Évolution du territoire laurentidien, paru en 2000. Mais nos bâtiments anciens sont constamment menacés et de nombreux témoignages disparaissent, dont ceux que HAL invite les citoyens à leur apporter pour être archivés. Au dévoilement du nouveau nom de la société, c’était d’ailleurs le principal message de l’archiviste Rivest. Lectrices et lecteurs, à vos boîtes de photos, vos cartes postales et votre courrier de l’époque où l’on prenait encore la plume. Histoire et archives Laurentides les attend.

* Bernard Assiniwi. Lexique des noms indiens du Canada, Leméac, 1996

Le conseil d’administration. Dans l’ordre : Louis Parent, Jean Pierre Bourbeau, Me Daniel Goupil, Henri Prévost, Suzanne Marcotte, Mario Fallu, Line Renaud, Sylvain Robert et Murielle Provencher – Photo : Gaétan Demers
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