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Comment Fondation Rivière peut nous aider à y voir plus clair
Émilie Corbeil – Partout au Québec, on sait que nos rivières sont polluées. Lessivage de pesticides et de rejets organiques agricoles, fuites toxiques, rejets de fosses septiques et surverses d’égouts.
Nombreuses sont les sources, rares sont les outils qui nous permettent de les connaître. Voici donc que la Fondation Rivières a mis sur pied un outil permettant à tout un chacun d’évaluer la performance des installations d’épuration dans toutes les municipalités du Québec. De quoi permettre aux élus comme aux citoyens d’agir avec probité et célérité.
Des indices, des explications
La carte proposée par la Fondation permet non seulement d’avoir un visuel comparatif sans faille, mais présente également un travail de vulgarisation qui n’aurait su être mieux fait. On nous explique : les municipalités possédant un système d’égouts performent plus ou moins bien. Il faut savoir que tous les systèmes sont pourvus d’ouvrages de surverses – des structures permettant de déverser directement les eaux usées, sans traitement, dans les rivières, au moment où la capacité des infrastructures d’épuration est dépassée, par exemple lors de pluies fortes ou de la fonte des neiges.
Ces ouvrages rejettent donc, par moment, les eaux usées directement dans nos rivières. Ces déversements, pour la grande majorité, auraient été évités par le simple fait de pourvoir les territoires visés de deux systèmes distincts : nous aurions dû, à l’origine, construire des réseaux pluviaux à part des réseaux domestiques.
Malheureusement, les Villes et Municipalités du Québec qui se sont déjà dotées de réseaux d’égouts ne peuvent pas faire marche arrière. La seule solution, pour celles qui souhaitent épargner nos rivières, est de s’assurer que les installations en place possèdent une capacité de traitement adéquate, permettant de réduire au minimum le nombre, la fréquence et l’intensité des surverses sur leur territoire.
La carte rendue disponible par la Fondation Rivières a la grande qualité de nous informer sur ces trois derniers critères, en plus de nous permettre de les évaluer en fonction du nombre d’habitants pour chaque ville ou municipalité.
Évidemment, les surverses qui ont lieu à Laval seront beaucoup plus importantes que celles qui auront lieu à Sainte-Adèle. Un indice de performance des installations prenant en compte le nombre d’habitants est donc incontournable.
Urbanisation à crédit
On note que les villes qui enregistrent une forte hausse de leur population, comme Mirabel, Saint-Jérôme et Saint-Eustache, deviennent des sources très élevées de pollution par suite de surverses. Bien connu, le phénomène semble manquer d’attention : les villes sujettes à une forte croissance de population peinent à faire suivre leurs infrastructures, et les systèmes d’épuration des eaux y dépassent rapidement leurs capacités de traitement.
En entrevue avec le Journal pour l’occasion du mois de l’eau en juin dernier, monsieur Alain Saladzius, président de la Fondation Rivières, expliquait que les municipalités se développent actuellement à crédit, sur le modèle « grossir maintenant et payer pour des installations suffisantes plus tard ».
La rivière du Nord
L’indice d’intensité des déversements par habitant est, selon la Fondation, le meilleur outil estimatif et comparatif de la performance des ouvrages d’épuration. Il combine la capacité du système, la durée et le nombre de surverses, et divise le résultat obtenu par le nombre d’habitants de chaque localité.
L’indice d’intensité des déversements par habitant, sans surprise, est très élevé à Mirabel. Il est élevé à Saint-Jérôme et se voit octroyer l’indice « moyen » pour Prévost, Saint-Sauveur et Sainte-Adèle.
Les chiffres concernant les déversements étant plus fiables depuis 2017 et disponibles jusqu’en 2019, il est possible de vérifier l’évolution de la situation sur trois années consécutives.
La Ville de Sainte-Adèle, depuis 2017, a fortement amélioré ses performances, qui étaient désastreuses. À Saint-Sauveur, l’indice d’intensité a plus que doublé entre 2017 et 2019. À Prévost, les indicateurs sont en dents de scie. L’année 2018 paraît bien meilleure que les années 2017 et 2019. Fait à noter : alors que Piedmont et Saint-Sauveur se partagent les installations, la municipalité de Piedmont apparaît comme étant « sans objet ».
Des solutions
En juin dernier, monsieur Saladzius spécifiait au Journal que les Munici-palités étaient laissées à elles-mêmes, faute d’avoir « l’expertise, les ressources ou le soutien nécessaire pour sélectionner les solutions les mieux adaptées à leurs besoins et pour remplir les conditions leur permettant d’obtenir des subventions ».
L’organisme, possédant une expertise élargie sur le sujet, offre volontiers ses services à tous les acteurs du milieu désireux d’améliorer la performance des systèmes. – Pour consulter la carte: https://deversements.fondationrivieres.org/map.php