COVID-19

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Le casse-tête de l’information

Émilie Corbeil – En pleine deuxième vague, les CISSS et CIUSSS du Québec donnent une information à géométrie variable. Le maire de Prévost et la mairesse de Piedmont ont tous deux témoigné de l’importance capitale de recevoir rapidement une information complète et de qualité quand vient le temps de prendre des décisions. Il en va de la résilience de leurs communautés respectives.

Accepter les mesures

Le mardi 29 septembre dernier, Paul Germain, maire de Prévost, interpellait le ministre de la Santé et des Services sociaux afin de demander que sa ville soit exemptée de la zone rouge. À ce moment, les données publiées montraient que les villes de Prévost, Saint-Hyppolite et Saint-Colomban se partageaient cinq cas actifs entre elles. En entrevue avec le Journal, il expliquait que les cas actifs n’avaient pas augmenté depuis près d’une semaine et étaient stables, pour un total de 51 dans toute la MRC Rivière-du-Nord. C’était sans savoir que les données n’avaient été mises à jour que le jeudi précédent. Sur le site du CISSS, une note bien visible laissait croire que les données étaient mises à jour quotidiennement. Au 1er octobre, le portrait était déjà plus sombre, avec 71 cas pour la MRC, dont cinq pour la seule Ville de Prévost. 

Le 6 octobre dernier, le Journal Accès mentionnait que selon ses sources, la MRC des Pays-d’en-Haut passerait elle aussi en zone rouge à partir du 13 octobre. Nathalie Rochon, mairesse de Piedmont, mise au courant de ces rumeurs, ne voyait rien dans les chiffres qui pouvait justifier un tel changement de statut.

Expliquer les chiffres

Le mardi 29 septembre, en conférence de presse, Dr Éric Goyer, directeur de la santé publique des Laurentides, expliquait que les données sur les cas actifs ne suffisent pas à expliquer que telle ou telle localité se retrouve en zone rouge. Il y a, selon lui, deux critères principaux qui motivent les décisions de santé publique.

D’abord, le « R0 ». Il s’agit d’une mesure permettant de savoir combien de personnes seront contaminées par suite de contact avec une personne malade. Le « R0 », alors que la population a repris ses activités normales, est préoccupant. En temps de confinement, Dr Goyer a précisé que la Santé publique évaluait le nombre de contacts rapprochés à deux ou trois par personne infectée, alors qu’il est maintenant à huit ou neuf. On croit, donc, que chaque cas de COVID-19 amène maintenant plus de nouveaux cas que lors des derniers mois, faisant craindre un pic qui pourrait provoquer une perte de contrôle. 

Ensuite, Dr Goyer a expliqué aux médias que les contacts de proche en proche avec des localités où le taux de cas actifs est élevé entrent également en ligne de compte. Les liens étroits qui unissent la Ville de Prévost avec celle de Saint-Jérôme, par exemple, sont considérés dans la prise de décision quant au palier d’alerte à être appliqué. 

Malheureusement, les deux élus ont expliqué au Journal n’avoir jamais eu accès à ces explications, pourtant capitales dans l’acceptation des mesures qui sont ou seront imposées.

Naviguer dans le brouillard

Monsieur Germain et madame Rochon insistent sur le fait qu’il leur est difficile de tenir la barre sans avoir accès à une information qu’ils jugent nécessaire ou qui leur apparaît fondamentale. Ils préféreraient ne pas avoir à s’en remettre au téléjournal pour ensuite devoir réagir dans l’urgence. La chaîne de communication semble omettre l’importance des gouvernements de proximité. 

Pourtant, les deux maires soulignent leur pouvoir d’influence sur le respect des consignes et l’importance d’être bien informé dans les décisions qu’ils ont à prendre et qui peuvent améliorer la résilience de leurs communautés respectives.

À la question : « Avez-vous un canal de communication particulier avec le CISSS des Laurentides ? », tous deux ont répondu par la négative. Évidemment, cette situation est inusitée, et le maire comme la mairesse comprennent que tout ne peut pas être parfait. Ils s’accordent toutefois pour dire qu’ils souhaitent ardemment recevoir une information de qualité pouvant leur permettre de prendre des décisions éclairées. 

*Notez qu’à compter du 8 octobre dernier, le CISSS des Laurentides a commencé à mettre les données sur les cas actifs à jour quotidiennement plutôt qu’hebdomadairement.

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