Urbanisation déchaînée

journal des citoyen, boisé menacéVue sur l’espace où est prévu le développement. Photo : Michel Fortier

Boisé mont Belvedère menacé

Louise Guertin – Lors de l’assemblée du 3 août, un couple propriétaire d’une résidence au chemin du Cap, a posé des questions aux élus au sujet d’un développement prévu sur le versant nord du mont Belvédère, courant du chemin Le Nordais jusqu’au sommet de la montagne, chemin du Cap et jusqu’à la hauteur du 315, chemin de la Corniche. La construction de dix maisons, selon ce couple, serait projetée sur le versant de la montagne face à l’autoroute 15.

La propriétaire Mme Louise Bellefeuille avait échangé des courriels avec la mairesse Rochon à ce sujet et voulait connaître les intentions des élus pour un projet qui risque de détruire la quiétude du quartier résidentiel et de détruire le paysage. Mme Bellefeuille qui a pu voir une ébauche du projet a expliqué qu’il prévoit une rue longeant la piscine, chemin du Cap, et une autre rue qui débloquerait sur le chemin de la Corniche à la hauteur du 315 pour dix maisons haut de gamme.

La mairesse dit ne pas être au courant dudit projet puisqu’il n’a pas été déposé. Lors du dépôt, il sera examiné. S’il respecte les règles en place, Mme Rochon a indiqué « qu’on n’aurait d’autres choix que de l’approuver. » Elle évoque un secteur immobilier en ébullition pour expliquer l’intérêt à construire.

Secteur forestier accidenté

Des citoyens qui marchent la montagne depuis plus de 25 ans décrivent le terrain comme étant très accidenté avec de fortes pentes et une falaise qui la traverse en partie. Il y a un vieux remonte-pente, les ruines d’une maison et un vieux chemin caché par des herbes hautes et accessible, près du chemin des Conifères, parallèle à l’autoroute.  

Depuis toujours, ce secteur est un refuge pour un troupeau de cerfs (près de 40, selon une source). La construction de quatre édifices à logements cet hiver a grandement diminué leur aire de vie et les résidents du mont Belvédère les ont vus en plus grand nombre, arpentant leurs rues et leurs jardins à la recherche de nourriture.

Urbanisme au service de qui ?

Les résidents ont-ils des raisons de s’inquiéter ? La coupe massive d’arbres aura comme impact l’amplification du bruit assourdissant en provenance de l’autoroute, la circulation pour le moins débridée de l’été augmenterait. Les citoyens, mis au courant du projet, citent le dernier développement chemin du Nordais (quatre blocs appartements bien tassés et insérés dans un cadre champêtre pour en faire un espace urbain mal planifié) comme un exemple de la destruction du Piedmont vert.

Les propriétaires du domaine Le Nordais s’étaient objectés à un projet antérieur expliquant aux élus que l’augmentation du nombre de voitures créerait un cauchemar de circulation dans ce quartier enclavé, sans parler de l’augmentation du bruit de l’autoroute assourdi par les arbres. Le projet implanté augmente davantage la densité que celui rejeté par les résidants.

Des projets pour densifier

Selon d’autres sources, plusieurs projets ont été présentés pour densifier ces lots. Un plan de lotissement réalisé par Sima + en 2007 a été approuvé. Il prévoyait deux édifices à logements de plus que les quatre construits l’hiver dernier, cinq à six maisons jumelées, plus quelques édifices à condos de trois étages dans le secteur Le Nordais.

Un nouveau plan cadastré a été présenté en 2017 et prévoit deux sections. Une au bas de la montagne (secteur le Nordais) avec des édifices à haute densité s’ajoutant à ceux déjà construits sous le chapeau d’un projet intégré avec des rues privées et étroites.

Pour l’autre secteur, en haut, « là où sont les terrains les plus intéressants » (en arrière-lot des maisons actuelles chemin du Cap) on prévoyait dix maisons jumelées. À cause du relief, la seule sortie possible aurait longé la piscine et débloqué sur chemin du Cap. Les négociations qui se sont déroulées en 2017 ont achoppé. Et l’on nous dit que le propriétaire des terrains convoités n’a pas l’intention de permettre une voie de passage.

Un expert consulté nous a rappelé qu’une partie de ces lots n’est pas constructible parce que la pente dépasse 30 % et qu’il serait impossible d’y installer des fosses septiques, et non rentable d’y amener les services d’égouts.

Qu’y peuvent les résidents ? 

Que peuvent faire les résidents des autres quartiers pour éviter d’être ignoré comme ceux du domaine Le Nordais ? Quand on pose la question à un expert, il suggère d’éplucher les journaux, suivre de près toute demande de changement de zonage (usage) et de densification de leur secteur, indiquer leur désaccord et forcer la tenue d’un referendum pour s’y opposer.

Le Conseil prévoit assouplir par règlement les « barrières » à la construction en milieux fragiles. Une consultation à cet effet est prévue le 8 septembre. Les élus se veulent rassurants. Il faut poser des questions pour éviter les développements de projets intégrés mal ficelés, donnant souvent trop de latitude aux développeurs et permettant de contourner une planification de l’urbanisme qui respecte la géographie du milieu et son écologie. Les problèmes dans la cour des voisins pourraient bien se retrouver dans la cour de chacun. 

Le Conseil vient d’approuver l’achat, au coût de 500 000 $ d’un boisé, près du Mont Olympia pour aller marcher en forêt avec son chien. Pendant ce temps, on détruit la végétation naturelle des quartiers pour les transformer en aires bétonnées recouvertes d’édifice en simili-bois, avec des toits en pignons pour l’apparence champêtre. Les risques pour les contribuables de projets mal conçus et la qualité de vie des résidants ? Il faudra poser ces questions et d’autres aux élus.

Le projet élaboré en 2017 prévoyait deux pôles de développement. La zone A en haut du mont Belvédère et en bas, la zone B, une approximation du projet de densification dans l’axe du chemin des Conifères.
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