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Gleason Théberge – Il n’est pas surprenant que le Soleil et la Lune aient conduit en français, comme en anglais, à évoquer la solitude, puisque dans le ciel, contrairement aux étoiles, les deux astres apparaissent les seuls de leur catégorie.
Le son mêm, évoquant la Lune dans le vieux langage européen a ainsi produit à la fois le mens latin et les moun et monos grecs. Du premier a dérivé le mot français mois, puisque la Lune crée la séquence la plus observable des jours; et le deuxième a donné naissance au mot anglais moon et au nom du premier jour de la semaine Monday.
Cette même source grecque est aussi utilisée dans de nombreux mots des deux langues par le biais de la sonorité mono, présente, par exemple, dans monarque (monarch, en anglais). Ce mono, on le retrouve qui signifie unique, dans monotone (son ou tonalité unique); exclusif, dans monopole (seul vendeur ou possesseur d’un produit ou d’un droit); ou solitaire, dans moine (religieux vivant isolé; en anglais, monk) et son dérivé monastère.
Et c’est dans cet isolement ou cette solitude, apparentée, de nos jours, au confinement, qu’on peut aussi voir le solus ou le sol latin, d’où vient notre soleil. Peut-être notre philosophe Marc Favreau s’est-il d’ailleurs habillé de ce Sol pour faire penser à la lumière de ses propos, à la singularité de son personnage er à son humilité terrestre… En passant par l’italien moderne, le français a commencé à utiliser son dérivé le solo pour les pièces musicales, au moment où c’est de l’Italie que provenait la codification de la musique, avec des mots comme piano (lentement), concerto (ensemble) ou dans la catégorisation du registre des voix et des instruments en alto, ténor, soprano… Car c’est par ce genre d’emprunt linguistique qu’on peut retracer la succession des dominances culturelles des peuples entre eux. Tout comme la structure des pièces du théâtre classique a d’abord été créée en Espagne au moment de son apogée permise par l’or de l’Amérique du Sud.
Le français, lui, est ainsi né de la culture grecque ancienne et de l’empire romain, comme le démontre notre Lune, mot d’une racine évoquant la lumière, trouvée dans le grec sélêné, puis le latin luna. Le premier a produit les Sélénites, habitants présumés de la Lune, et le prénom Séléna, surtout utilisée en France; le deuxième, lune, qui a fait naître notre lundi, par la fusion de l’expression lunes diae (jour de la Lune).
Devenu jour de retour au travail après la consécration du dimanche comme jour saint, ce parfois détesté lundi marque le vrai début de la semaine; et ne me parlez pas de ce week-end, auquel notre fin de semaine répond en vrai français.