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À tous nos disparus, toujours présents
Sandra Friedrich – Il parait que le mois de novembre est le mois des morts, alors je vous inviterai à une réflexion différente, pas triste, non, juste une réflexion que peu de monde pose dans une société qui fuit les cycles de la vie. Le départ de l’animal de compagnie.
Comment donner du sens à cet insensé, dans une société pour laquelle la mort est cachée ou, pire, jouée (on vient de passer par halloween) ? C’est une lapalissade de dire que la mort est taboue chez les humains. Imaginez quand on aborde les animaux de compagnie ! L’intensité du chagrin n’est pas une question de genre, d’âge ou de solitude. C’est avant tout une question d’attachement à l’animal.
Vivre le deuil de son animal, c’est aussi pouvoir en parler. Or peu de gens, très peu de gens, sont capables d’écouter. L’humain qui entre sur ce chemin a besoin d’être écouté et entendu. Deux capacités carrément oubliées dans notre monde. Trop souvent, en plein rejet de ce que l’endeuillé vit, on va servir ces affligeants lieux communs dont le premier de la liste est : « la mort fait partie de la vie ». Pourquoi dire cela ? Faire un mot d’esprit ? Tenter d’être spirituel ? Rassurer l’endeuillé ? À quoi peut servir cette phrase surfaite lancée par une personne qui, de toute évidence, n’a pas cheminé sur ce sentier, pire, craint ce sentier.
Ou alors, dans un autre genre, cette aberration d’humains inconscients : « Prends-toi un autre animal » Le temps du mourir demande de s’accueillir et exige du… temps. Et si d’aventure il rencontre des gens ineptes de la parole balançant toutes sortes de réflexions désincarnées, qui ne font aucunement sens pour cet en-deuillé en pleine vulnérabilité, ça peut faire mal. Très mal. Ça alourdit le processus. Non ce n’est pas un travail (le deuil) c’est une chevauchée monstrueuse, sauvage, pleine de sens, souvent violente.
Pas grand monde n’est en mesure de comprendre que souvent c’est un pan de vie, un morceau de famille, un éclat de rêve, des parcelles de joie qui partent avec l’animal. Et puis, il reste le lien. Éternel. Il n’est pas perdu ni rompu. Le chemin du deuil exige pour être traversé que ce lien à cet animal disparu se tricote d’une nouvelle manière.
Parce qu’un deuil, c’est ça : d’extérieur, la relation s’intériorise. C’est vrai que la mort c’est la fin de la vie, mais pas de la relation. Pour vivre cette phrase, il faut l’avoir ressenti, intégré, vécu. Et c’est ça, le deuil. C’est le processus d’entrer en dedans de soi alors qu’on chemine sur une route en forme de montagnes russes parsemée d’émotions intenses. Notre société n’en n’est pas une qui en donne.
Vivre ce départ, c’est prendre le temps de reconnaître ce que nous nous sommes donnés. Oui, in fine (au bout de plusieurs mois, années parfois), c’est un processus de croissance. Alors seulement, c’est grand la mort, dans ces moments là, c’est vrai que c’est plein de vie dedans*.
*Félix Leclerc Parole de chanson La vie, l’amour, la mort