Chronique Mots & mœurs

Gleason Théberge
Les derniers articles par Gleason Théberge (tout voir)

Technologie moderne?

Gleason ThébergeLes nouvelles technologies modifient évidemment certaines habitudes ancrées dans bien des domaines de nos vies.

Avec l’augmentation contemporaine de la vitesse des communications, certains s’inquiètent d’ailleurs de l’importance que prennent les messages textes, élégamment appelés textos. Les accents y ont en effet tendance à disparaître, et des svp, vieux raccourci du s’il vous plaît, voisinent désormais avec de nouveaux cousins comme pcq, pour parce que, et T ou, pour où es-tu, qui menacent des expressions plus complètes.

Bien sûr, ces textes ou d’autres plus longs sont souvent accompagnés de logiciels de correction de plus en plus performants, mais qui peuvent ignorer le sens réel d’une phrase et s’étonnent toujours du redoublement du nous dans nous nous sommes parlé. Et c’est sans oublier le recours à la multitude des icônes d’émotions, encore une fois bien décrites dans l’expression émoticônes, qui servent à représenter par l’image ce que des phrases jugées maintenant trop longues pourraient formuler avec plus de nuance. Ces courts messages tronqués s’ajoutent aux échanges parlés et autres fonctions permises par des appareils qu’une mauvaise traduction appelle téléphones intelligents, et que j’aime désigner comme des multiphones.

On se doit cependant de constater qu’au contraire de rendre désuet l’écrit jadis ennobli par le courrier postal dont certains ont fait des œuvres littéraires, les textos ravivent l’obligation d’écrire, voire éclipsent l’habituel besoin des conversations directes. Cette nouvelle importance du texte se retrouve aussi dans les recherches effectuées sur l’internet, que des plaisantins désignent au pluriel, incorrectement. Les pages et les sites sont nombreux, mais il s’agit toujours d’un seul et même système où l’orthographe exacte est nécessaire si l’on veut trouver réponse à son questionnement.

Or, ce qui m’étonne dans ce foisonnement de processus auxquels la langue contemporaine doit s’adapter, c’est sa parenté avec ce qui est survenu au moyen âge. Les copistes de cette époque, parfois lassés d’un travail répétitif, faisaient aussi l’usage de raccourcis qui ont, entre autres, donné naissance au pluriel en X. Et c’est quant à l’influence de la même hâte contemporaine qu’étant désormais écrite, la langue parlée a été affectée. À ma connaissance, l’exemple le plus récent est celui de l’usage de l’adverbe tant, depuis peu abondant dans la langue parlée  Jusqu’à tout récemment surtout utilisé dans tant de suivi d’un nom (tant de fois) ou tant que suivi d’une phrase (tant que nous vivrons), voici qu’on le retrouve suivi d’adjectifs, comme dans de vieilles chansons comme « J’ai tant dansé, j’ai tant sauté » ou quand Molière, il y a quatre siècles, faisait dire : « Elle n’est pas tant sotte » dans ses Fourberies de Scapin. Normalement, on utiliserait plutôt tellement (il ne fait pas tellement chaud ces jours-ci) ou si (il fait si froid qu’on se croirait en janvier).

Moderne, l’effet de la technologie?

print