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Silence, on abandonne
Sandra Friedrich – La loi a changé. Mais, dans les mentalités, qu’est-ce qui a évolué ? Pour des milliers de personnes au Québec, encore, les animaux sont de simples objets de consommation dont on se débarrasse pour toutes sortes de raisons. Comment j’assène cela ? Je constate leurs gestes. Depuis plusieurs années, le Québec détient le triste record des abandons d’animaux en Amérique du Nord alors que le nombre d’animaux abandonnés chaque année est estimé à un demi-million. Dans la région de Montréal uniquement, ce nombre est estimé à environ 50 000. Voici les faits. Un terrible constat qui est partagé dans le monde occidental. En Europe, le problème semble tout aussi monstrueux. Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation de la France « pense que bien des gens ne sont pas dignes d’avoir des animaux de compagnie ». Il va durcir la loi pour lutter contre les abandons des animaux en punissant les propriétaires qui abandonnent. Leurs parlementaires parlaient de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. Doit-on en arriver à une proposition de loi pour en finir avec les abandons massifs en punissant pénalement les propriétaires ? Car voyez-vous, en ce moment même, des milliers de drames se déroulent avec l’assentiment muet de la population québécoise et des autorités publiques. L’hiver est à nos portes, et je vois régulièrement des chats errants se promener tous seuls dans les bois, dans les rues. Il faudrait se demander : pourquoi c’est aussi simple d’abandonner ? Je pense que la raison est due au fait que dans la pensée des gens, l’animal domestique au Québec n’est pas un être sensible, d’émotions, de conscience. Il reste encore un bien meuble. Franchement pourquoi faire plus de cas d’un objet de consommation : il est jetable comme le reste de la garde-robe ! L’humain vit dans une société d’hyper-consommation. Pourquoi changerait-il ses comportements avec les animaux ? Il consomme des quantités ahurissantes de toutes sortes de bêtes à poils, à plume, comme il avale des quantités monstrueuses de vêtements, qu’il rejette parce que la couleur de la mode a changé. C’est un problème de fond, un questionnement sur les comportements humains et les valeurs qui les sous-tendent. Gandhi disait qu’on évaluait le sens moral d’un peuple à la façon dont il traite ses animaux.