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Chacaltaya, entre altitude et ravins
Mathieu Pagé* – En bookant notre billet, on nous assurait un repas, un hike magnifique à plus de 5000 mètres et une soirée à contempler les étoiles. En vrai, nous avons eu un pain et une tranche de baloney, une montée en bus à 5000 mètres, et, effectivement, une soirée à contempler des étoiles.
Avant 2009, se tenait à Chacaltaya la plus haute station de ski au monde, à 5 300 mètres. Toutefois, le glacier vieux de 18 000 ans a complètement fondu, et la station de ski a été démontée. On peut encore voir les vestiges dans le chalet avec ses fenêtres couvertes de stickers de marques de ski.
Le départ se fait vers 14 h à Place de l’Obélisque, où nous décollons en bus (et non mini bus) vers la montagne. Le gros soleil habituel et le ciel dégagé nous promettent une nuit étoilée et un coucher de soleil époustouflant au sommet. À l’extérieur de La Paz, on se trouve rapidement entouré de montagnes, enneigées ou pas, mais toujours énormes. Difficile de ne pas se sentir privilégié dans ces moments-là.
L’excitation est vite remplacée par la peur au premier tournant du chemin vers le sommet, où nous réalisons que le hike ne se fait pas du bas de la montagne, mais bien au chalet de l’ancienne station de ski. S’en suit une heure de cris, de sueurs froides et de petites prières en espérant que le chauffeur connait bien la route. La chaleur à l’intérieur du bus augmente drastiquement, comme en témoignent les vitres qui s’embuent presque qu’aussitôt, à la bolivienne quoi !
Arrivé au sommet, on nous donne notre pain au baloney et on nous demande de bien s’habiller pour nous préparer pour la montée de 300 m et la froide température. On enfile tuque, mitaines, coupe-vent, doudoune et polar, puis on se met en marche.
Une montée de 300 mètres, ce n’est rien. Sauf que notre point de départ est à 5 000 mètres. Une vraie leçon d’humilité, moi qui croyais avoir une bonne forme physique et m’être bien acclimaté à l’altitude après près d’un mois à vivre à 3 500 m. Eh non !
Le simple fait de retenir ma respiration pour prendre une photo me forçait à reprendre mon souffle pour 30 secondes avant de me remettre à monter. Et ça, c’est sans compter le mal de tête qui me prend immédiatement rendu au sommet.
La vue en valait la peine. Au loin, le lac Titicaca (à 4 heures de route de La Paz), des montagnes à perte de vue et un coucher de soleil qui se mêle à l’ectasie collective du groupe (mêlée avec l’épuisement).
Avec l’accord du chauffeur de bus, nous descendons la route à pied, pour attendre l’autobus au bas de la montagne, histoire de se sauver une nouvelle peur de mourir. Au terme de notre descente, à l’arrivée de l’autobus, notre entrée se fait sous des applaudissements, avec « We Are the Champions » à fond dans la radio. Y’a réellement de quoi célébrer !
En route vers Santa Fe
Après exactement une semaine de dur labeur, notre famille d’accueil nous invite à leur maison de campagne dans les Yungas, à Santa Fe. Le 20 et 21 juin étant congés fériés, nous quittons l’altitude et le froid de La Paz pour se réchauffer un peu en campagne pour quatre jours de vacances.
Départ à 6 h, pour un voyage qui brasse juste un peu. L’idée est de se convaincre que le chauffeur n’a pas envie de mourir, alors on ne devrait pas tomber dans le ravin. Astuce mentale bien pratique quand le chauffeur essaie de dépasser un semi-remorque dans une courbe, entre ravin et flanc de montagne à peine assez large pour une voiture.
Santa Fe nous réserve de la poussière, une rivière limpide, des moustiques, de l’exploration à la machette et des repas avec une nouvelle famille agrandie. Malgré une passe d’ingestion, cadeau d’une empenada moins que fraîche sur le bord de route, la fin de semaine demeure un soulagement bien heureux du chaos de La Paz.
*Mathieu Pagé, étudiant en Science politique et stagiaire en journalisme au Journal des citoyens à l’été 2018, raconte son aventure en Bolivie. Pour le suivre sur son blog: https://www.mathieu-page.com