- Une bibliothèque à l’ère d’Internet - 20 décembre 2024
- Conservation Laurentides - 20 décembre 2024
- Calmer son écoanxiété - 22 novembre 2024
Féérie autochtone
Valérie Lépine – Le chapiteau du FASS a été envoûté le 4 août dernier par la prestation des danseurs de Red Sky Performance, une troupe de danse contemporaine autochtone dirigée par Sandra Laronde, une artiste de la communauté Anishinaabe.
Tout dans la trame narrative de cette chorégraphie, créée par Jera Wolfe, rappelait la culture originelle des autochtones et leur histoire. Une suite de différents tableaux évoquaient de façon limpide leur attachement à la nature, aux traditions et aux liens familiaux.
Les sept danseurs de la troupe sont entrés en scène sur une musique étrange évoquant une cérémonie initiatique. Le corps d’une des danseuses, portée par les tous les autres, roulait sur lui-même, semblant évoquer le rêve, l’ensorcellement. On aurait aussi pu interpréter cette scène comme la création originelle, le façonnement de l’Homme.
Un autre tableau rappelait le rite de la tente à sudation, rite permettant aux participants de communiquer avec les esprits. Puis un autre, la puissance et la course des bisons, exterminés par les Blancs tout comme bien des communautés autochtones.
Un des tableaux forts du spectacle faisait par ailleurs référence à une lettre écrite en 1921 par Duncan Campbell Scott du ministère des Affaires indiennes dans laquelle il enjoignait les autorités d’empêcher les autochtones de danser, puisque la danse, écrivait-il, les rend paresseux, interfère avec leurs occupations et peut être néfaste pour leur santé. Sandra Laronde, durant la causerie, dira que la danse faisait au contraire peur aux autorités puisqu’elle confère pouvoir, identité et culture à ceux qui la pratique.
Les mouvements de la fin du spectacle faisaient écho à ceux du début, marquant encore une fois une des composantes importantes de la culture autochtone soit celle du temps circulaire.
Plusieurs des mouvements de la chorégraphie reposaient sur des enchevêtrements, des enlacements fluides et fascinants des corps des danseurs. Quelques solos ont ponctué la pièce. Celui du chorégraphe et danseur, Jera White, avec son corps athlétique, robuste et ses prouesses physiques, a fasciné l’auditoire.
Il faut aussi dire un mot sur la musique qui faisait partie intégrante du spectacle. Trois musiciens étaient sur scène : un percussionniste, un guitariste/violoncelliste et une chanteuse/bruiteuse. Leur musique accompagnait admirablement bien la chorégraphie. La musique en direct ainsi que les projections sur écran et les jeux de lumière donnaient au spectacle un aspect très soigné.
Bref, Trace de Red Sky Performance a été un spectacle court, intense et immensément réjouissant.