De la bouche au nez

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Le liège de nos dive bouteilles

Stéphane Parent – Quand le vin est tiré, il faut le boire ! Une expression, mais qui oserait la contredire ? Porter le bouchon à son nez et le pointer du doigt, lui, un objet fragilisé par le liège et par le temps.

On aura beau le tordre dans tous les sens, le sentir et le ressentir, le bouchon de liège ne livrera pas son secret. À moins que vous ne portiez doucement le verre de vin à vos lèvres et humiez sans modération l’odeur du torchon qui en a vu d’autres (moisissure).

Pas facile ! Et les volontaires convaincants sont assez rares, car pour crier haut et fort qu’un vin est bouchonné, il ne faut sûrement pas en être à sa première bataille.

Des estimations du nombre de bouteilles bouchonnées varient de 5 à 7 %. Bien que ces données datent de 2009, rien ne semble avoir bougé, malgré le fait qu’il existe maintenant des versions à capsules vissées ou encore synthétiques.

Le bouchon est dans le liège et le liège est dans l’arbre

L’arbre en question, c’est le chêne-liège (méditerranéen). C’est lui qui sert à produire en bonne partie les 17 milliards de bouchons utilisés annuellement. Et ce, seulement après avoir été dégarni à deux reprises d’écorce mâle de moindre qualité pour que l’écorce femelle daigne se rendre et produire un bouchon!

Mais le liège n’est pas entièrement responsable. Le vrai coupable est un composé chimique appelé 2,4,6-trichloroanisole (TCA en bref) très difficilement détectable 5 ppt genre 5 parties par billions ! Ce dernier est produit quand des phénols (genre 2,4,6-trichlorophenol ou TCP), contenus dans le liège, entrent en contact avec du chlore et des champignons microscopiques et d’humidité!

L’utilisation de fongicide à base de chlore sur l’arbre ou sur le liège durant les différentes étapes de production des bouchons, est la principale source de contamination. Par conséquent, il semblerait qu’une majorité des producteurs de bouchons utilisent de moins en moins de produits à base de chlore et que les producteurs de vin sont à la recherche de solutions.

Même après plusieurs années de baril et avoir survécu à de longs voyages, le whisky est loin d’être à l’abri

De l’autre côté du spectre, le whisky, le bourbon et autres alcools fins risquent de payer la note, car ils font encore grand usage du liège.

Pour les producteurs de whiskys en Amérique du Nord, des mesures récentes pour l’importation de bouchons à l’aide de sacs gonflés avec un gaz inerte (l’argon) semblent prometteuses. Cette méthode d’emballage permet un meilleur contrôle d’une éventuelle contamination. Ainsi, les sacs dégonflés sont carrément rejetés.

Eh oui ! Un champagne bouchonné, ça existe, et c’est assez facile à détecter. Pour ce qui est du whisky, alors là, bonne chance, c’est moins évident, mais ça arrive aussi ! Une politique de remboursement ou d’échange en succursale est en place à la SAQ, elle est assez souple, mais il est concevable que votre bouteille se retrouve au laboratoire afin de confirmer ou légitimer vos papilles !

Buvez avec modération et au besoin, évitez d’inhaler.

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