Belle musique du Quatuor du Saguenay

Bernard Ouellette, directeur chez Diffusions Amal'Gamme; Marie Bégin, violon; Nathalie Camus, violon; Luc Beauchemein, altiste, David Ellis, violoncelle et Raoul Cyr, président de Diffusions Amal’Gamme
Salle de Nouvelles
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Pour la soirée-bénéfice d’Amal’Gamme

Carole Trempe Samedi 8 juin 2019, Diffusions Amal’Gamme produisait son concert bénéfice à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost. Pour l’occasion, le Quatuor Saguenay était à l’honneur. Un programme éclectique et surprenant interprété par d’excellents musiciens.

Ce quatuor est composé de Marie Bégin, jeune violoniste intense et dynamique que le public a pu entendre en récital en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Elle fut soliste avec l’Orchestre symphonique de Québec et les Violons du Roy. Très musicale et très souriante, elle nous ravit par sa fraîcheur, son originalité et sa sensibilité. Nathalie Camus, violoniste a étudié au conservatoire de Musique de Montréal et au Conservatoire de musique de Saint-Louis Missouri. Elle joue pour des violonistes de grand renom tels Henryk Sverying, Isaac Stern, Franco Gulli. Sur scène, sa présence est discrète et son soutien mélodieux est indéfectible. Luc Beauchemin, altiste, détient un baccalauréat en violon de l’Université Laval. Il a travaillé en France avec Ludmilla Choubina et Youri Bashmet. Membre de la Sinfonietta de Radio-Canada, des Violons du Roy et du Quatuor Arthur-Leblanc. Un interprète solide et expérimenté. David Ellis, au violoncelle, est membre fondateur du Quatuor Alcan (1989). Il a étudié au Curtis Institute de Philadelphie avec David Soyer. Il est membre du prestigieux Quatuor Guarneri ainsi que du New England Conservatory de Boston. Depuis 1988, il est membre de l’ensemble I Musici de Montréal. On entend son immense talent dans sa grande musicalité et une présence constante. Entre Marie et David, on sent une belle complicité qui se traduit par des échanges de regards et de sourires tout au long du concert. Le public aime cela.

Le programme débute par l’Art de la fugue de J.-S. Bach. David présente cette pièce comme étant difficile et étonnante. Elle n’a pas été écrite pour quatuor, mais pour quatre voix que les musiciens rendront avec brio, faisant ressortir tantôt quelques notes du thème, tantôt le début, tantôt un jeu sur une cellule rythmique. Tout ceci se déroule en même temps, de sorte que cette forme complexe pourrait être facilement incompréhensible à nos oreilles. On voit le niveau de concentration requise par les interprètes. Une écoute dirigée aurait été bienvenue pour mieux apprécier. Bach est le maître incontestable de cet Art de la fugue qui, encore aujour-d’hui, est la référence d’un mode de rigueur et de perfection. Cette pièce représente le summum du style d’écriture con-traponctique et l’une des plus grandes prouesses de la musique. Un peu aride, mais très beau, très bien interprété.

Ensuite, le Quatuor propose String Quart 3 Mishima de Philippe Glass. Une musique qui plane. Cette musique est celle du film A life in Four Chapters de Paul Shrader 1985 qui relate la vie de l’écrivain japonais Yukio Mishima. On se situe à quelques jours avant qu’il se suicide. La musique traduit les tourments et les contradictions de Mishima.

On continue avec Par Quatre Chemins écrit par le talentueux François Dompierre pour quatuor à cordes en 2017. Musette cosmique nous entraîne dans l’espace, Pavane solitaire est d’une grande beauté rendue par l’expressive musicalité de Marie Bégin. Le Hornpipe tripatif est très rapide et jazzy, une sorte de swing de cordes ! L’archet de Marie en est même sorti tout échevelé !

En deuxième partie, on nous présente le Quatuor à cordes no12 Américain de A. Dvořak, écrit pendant ses vacances d’été de 1893 à Spillville dans l’Iowa, région largement peuplée de Thèques. On relate que la composition de l’œuvre a pris moins de 15 jours. Le mariage du tempérament slave et des impressions exotiques américaines sont perceptibles. Les interprètes nous communiquent le lyrisme des chants bohèmes et la nostalgie de la musique tchèque, le blues ou les chants folkloriques des Noirs américains. Finalement, un rondo joyeux achève le mouvement. De la belle et très grande musique savamment interprétée.

Le rappel laisse entrevoir le caractère enjoué de nos protagonistes qui s’arrogent le cœur et l’esprit du public par leur expertise de haut niveau dans Presto II de Miguel del Aguila (né en 1957). Une technique pas normale pour leurs instruments, selon David. La salle devient rapidement complice de cette pièce au rythme complexe et endiablé. Ouf !

Un concert haut en couleur. Une fin de saison 2018-2019 riche en émotions musicales.

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