Deux Annelacoises se distinguent

La mairesse, Monique Monette Laroche, Françoise Saumure, le lieutenant-gouverneur, l’honorable Michel Doyon et Jacinthe Laliberté. – photo : Photo : Guillaume Briand
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Elle reçoivent la Médaille d’argent du gouverneur général

Émilie CorbeilLe 5 avril dernier, Jacinthe Laliberté et Françoise Saumure, toutes deux résidentes de Sainte-Anne-des-Lacs, recevaient la Médaille d’argent du lieutenant-gouverneur du Québec, cette dernière étant réservée à des personnes de 65 ans et plus s’étant démarquées par leur engagement bénévole soutenu au niveau social ou communautaire.

Des distinctions honorifiques largement méritées

Bien que la Médaille d’argent soit décernée à des aînés pour leur engagement continu au-delà de l’âge de 64 ans, mesdames Laliberté et Saumure s’impliquent et se dévouent pour leur entourage, leur communauté et leur région depuis plusieurs décennies déjà. En prenant connaissance de leur parcours et en écoutant leurs histoires, un constat s’impose ─ Elles sont deux forces de la nature. Elles impressionnent par leur résilience, leur vivacité d’esprit et leur ardeur dans leur dévouement pour autrui. Leur discours en est un de certitude quant à la place qu’elles ont choisi d’occuper. Comme si tout ce qu’elles ont accompli leur était venu comme une évidence.

Protéger les personnes vulnérables et l’environnement

Jacinthe Laliberté n’est pas une maman ordinaire. Son fils aîné, maintenant âgé de 37 ans, est atteint du syndrome de Williams, une maladie génétique neuro-développementale et multi systémique. Cette dernière entraîne un retard mental, mais aussi des problèmes de santé physique importants, nécessitant des interventions médicales soutenues et difficiles.

Sans cesse, madame Laliberté a stimulé son fils depuis son plus jeune âge, en plus d’affronter avec lui les épreuves extraordinai-res que son corps malade lui a fait subir. Encore aujourd’hui, maintenant qu’il peut profiter d’un peu d’autonomie dans une résidence supervisée, elle est tout près et veille sur lui.

Sachant les écueils qui se présentent forcément à tous les enfants handicapés comme à leurs parents, madame Laliberté, qui fut tour à tour enseignante et directrice d’école, n’a eu de cesse de s’impliquer dans différents organismes œuvrant auprès des enfants présentant des difficultés d’apprentissage. Désormais retraitée, elle s’implique de manière soutenue auprès de deux jeunes de treize ans présentant des handicaps intellectuels.

Et la mission, déjà titanesque, ne s’arrête pas là. Résidente riveraine du lac Johanne, madame Laliberté est très sensibilisée à l’importance de protéger les cours d’eau de la région, dont plusieurs sont en processus d’eutrophisation avancé. D’abord chef de lac et membre du conseil d’administration pour l’Agence des Bassins Versant de Sainte-Anne-des-Lacs (ABVLACS), elle est devenue responsable de l’association du lac où elle réside et fut récemment désignée comme présidente du Comité consultatif en environnement de sa municipalité.

On la sent particulièrement emballée par une collaboration récente avec Madame Catherine Mulligan, vice-rectrice du département de l’environnement à l’Université Concordia, qui travaille à la revitalisation des lacs de la région, notamment en testant certains types de filtres au lac Caron.

Des papillons dans le cœur

Françoise Saumure pratique un art patient et désormais rare : la courtepointe. Elle et les femmes de l’organisme qu’elle a créé, l’Amicale des aînés, en ont confectionné par centaines. Le tout dans le but de faire la joie des enfants malades à qui elles les ont remises.

Des pièces magnifiques, uniques et témoignant d’un grand soin dédiées à des enfants et à leurs familles dans l’épreuve et parfois, dans l’ultime.

Madame Saumure possède une grande quantité de tissus variés, les circonstances l’obligeant. La machine à coudre est toujours prête, mais parfois, le défi paraît insurmontable. C’est ainsi qu’un jour, elle reçut un appel du Phare, un organisme offrant toute une gamme de services aux enfants présentant des conditions médicales particulièrement sérieuses, dont des soins palliatifs.

Dans l’urgence et sachant la mort d’un petit garçon de neuf ans imminente, on lui demandait une courtepointe. Peu confiante en ses capacités d’y arriver à temps, elle s’est résignée à refuser. Pas pour longtemps, cependant. Un de ses nombreux rouleaux de tissu, qu’elle n’avait jamais su mettre en valeur, lui est tombé dessus en ouvrant une armoire. Un tissu avec des papillons. Elle a tout de suite senti qu’elle devait l’assortir à un autre dont on venait tout juste de lui faire don.

Annonçant son absence d’esprit à son mari pour les jours à venir, elle se mit à l’ouvrage pour ne s’arrêter que trois jours plus tard. Épuisée, mais heureuse, elle se rendit au Phare avec son précieux cadeau. C’est là qu’on lui apprit que ses courtepointes accompagnaient les enfants jusque dans la haie d’honneur qui leur était réservée post mortem. L’enfant qui allait recevoir celle qu’elle livrait était toujours vivant.

Consciente de la discrétion que de telles circonstances commandent, madame Saumure n’a pas souhaité remettre son œuvre directement à la mère. Mais cette dernière ayant appris son arrivée, elle lui demanda de bien vouloir l’accompagner pour remettre la couverture au petit. Et à son fils, elle a dit qu’on venait de lui apporter ses ailes.

Madame Saumure dit qu’elle n’a jamais reçu pareil salaire. Même l’épreuve d’un cancer de la vessie n’aura su que faire grandir sa motivation à poursuivre son œuvre utile.

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