Chouette trio

Samedi 30 mars 2019 : Trio Polymnie – Jean-Philippe Tanguay, flûte traversière; Mariane Patenaude, piano; Sheila Hannigan, violoncelle.– Photo Serge Pilon
Sylvie Prévost
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Le Trio Polymnie, une découverte séduisante

Sylvie Prévost – Une formation qu’on entend moins souvent, mais qui n’en est pas moins fort intéressante.

C’est un très beau programme, celui que nous a proposé le Trio Polymnie : pièces d’époques différentes, découvertes séduisantes… Un programme qui a surtout mis en valeur la flûte traversière, jouée avec maestria par Jean-Philippe Tanguay, accompagnée d’un piano et un violoncelle bien plus qu’adéquats.

S’il y a eu progression chronologique au cours de la soirée, à une exception près, il semble y avoir eu progression aussi dans le niveau de préparation du trio. Rien d’absolument catastrophique, bien sûr – ça serait bien décevant de la part de tels professionnels, mais tout de même, dans le Bach, un manque de subtilité à l’entrée des différentes voix, quelques petites anicroches et un violoncelle qui ne s’avance pas beaucoup.

Le Kuhlau qui a suivi était mieux équilibré dans les volumes sonores, mais présentait un léger manque d’ensemble, ce qui ne nous a pas empêchés de goûter la joliesse et l’esprit de la pièce. Le violoncelle s’en est très bien tiré, malgré sa partition qu’on nous a décrite comme alambiquée. La flûte avait ici une très belle partie, vraiment bien rendue.

Le trio m’a paru prendre son réel envol à partir de la Vocalise de Rachmaninov, maintes fois entendue dans divers arrangements, mais toujours belle. L’interprétation possédait ce délicat équilibre des voix qui exprime si bien la mélancolie et la sérénité de cette pièce. Encore plus tendres furent les Deux aquarelles d’été. Voilà ma première découverte… Gaubert, un compositeur du début du XXe siècle, des pièces qui ne sont peut-être pas du raffinement le plus exquis, mais qui sont dans un langage très accessible, imagé et délicieux.

C’est selon moi la pièce de Clara Schumann qui a été le sommet de ce concert. Voilà de la musique qu’on entend rarement, malgré toutes ses qualités : foisonnement des idées, contrastes rapprochés dans l’atmosphère, belle distribution des rôles de chaque instrument, écriture sans heurts… Cette musique brille et chatoie de mille feux. Chacun des musiciens s’y est totalement investi et le résultat a été à la hauteur.

A suivi une autre découverte : Jean-Michel Damase, musicien contemporain, dont le langage reste tonal. La voltige exigée du flûtiste atteint ici son apogée. L’entreprise fut menée à bien par Tanguay, avec esprit, fluidité et apparente facilité, marque des excellents instrumentistes.

Un joli Piazzolla a clos ce concert tout à fait instructif et agréable. Voilà un trio à recommander !

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