Bonheur de lecture

Valérie Lépine
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Découverte fortuite

Valérie Lépine – Une semaine de congé, une vieille maison de ferme transformée en chalet, des divans confortables, une vue superbe sur le fleuve : voilà les conditions parfaites pour entamer mon programme de lecture de vacances.

Quelque chose à cacher, Gallimard, 2007, 160 p. – La vie en marge, Gallimard, 2014, 176 p.

Mais ce programme risque d’être chamboulé. Dès l’entrée dans ce charmant chalet, je découvre que les murs sont couverts de livres. Pour une boulimique de lecture, c’est comme entrer dans un magasin de bonbons. Un furetage rapide dévoile un choix surprenant par sa qualité. Ici, pas de ces auteurs archi-populaires que l’on trouve habituellement dans une location. J’y découvre plutôt plusieurs documentaires sur l’histoire locale, sur la botanique, les pays du monde. Colette y tient une place de choix. Et, placé tout en haut d’une bibliothèque de coin, entre Philippe Djian et Robert Lalonde, un livre de Dominique Barbéris au titre intrigant : Quelque chose à cacher.

Je salive déjà. D’autant plus que l’auteure m’est inconnue et que la quatrième de couverture, qui reprend un passage du roman, attire l’attention : « Je n’ai rien vu que le reflet brillant des marronniers, la blouse blanche d’un ambulancier à l’intérieur de la voiture. L’ambulance a tourné à droite, suivie par plusieurs fourgons. Les gens ont parlé de l’hôpital. Puis tout le monde s’est tu. Avec la grille ouverte, le parc semblait immense, inquiétant, et personne n’osait s’avancer. On devinait à des amas un tas invraisemblable de feuilles mortes. »

Synopsis : Une femme revient un soir d’automne dans la maison familiale désertée située tout à côté d’un cimetière et faisant face à la Loire. Elle est retrouvée morte le lendemain. Pourquoi est-elle revenue après tant d’années d’absence et qui est responsable de sa mort? Un employé du musée communal, grand solitaire qui a connu la victime et qui passe ses soirées à sillonner les routes entourant le village, s’interroge sur ce qui a pu se passer la nuit du meurtre. Ses réminiscences nous renseignent sur le passé de la victime. Et ses angoisses nous font douter de son innocence…

Ce roman, écrit en 2007, n’est cependant pas un polar classique. Oui, l’intrigue tourne autour de l’enquête entourant la mort de cette femme, mais pour moi, l’intérêt est ailleurs. Il tient en grande partie à l’écriture toute en finesse de l’auteure et à sa façon de s’attacher aux détails sans devenir ennuyeuse. Son style maîtrisé, tout en retenue, distille le mystère et génère chez le lecteur une tension constante. Celui-ci est plongé dans la vie quotidienne gentiment surannée de cette petite ville de province où évidemment la routine cache maints secrets. C’est l’automne, il pleut fréquemment, les feuilles mortes jonchent le parc entourant la maison où a eu lieu le meurtre. On se sent entouré de brume, celle qui cache la réalité toute crue. À pas feutrés, Dominique Barbéris guide le lecteur vers le dénouement de ce drame.

Après Quelque chose à cacher, je me suis empressée de lire un autre des romans de l’auteure, La vie en marge. Autre drame, autres personnages troubles, même atmosphère angoissante. Un pur délice!

Je me réserve d’autres romans de Dominique Barbéris pour mes prochaines vacances. Peut-être Les kangourous ou Beau rivage…

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