Marguerite Blais en entrevue

Jacinthe Laliberté
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Entrevue avec un symbole de la journée des femmes

Jacinthe Laliberté & Lise Pinard – Dans le cadre de la journée internationale des Femmes qui se déroulera sous le thème « Le respect, ça se manifeste », Marguerite Blais, députée de Prévost, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants nous a fait l’honneur de répondre à nos questions.

Qu’est-ce qui vous a amenée en politique ? Les raisons qui vous ont poussée à poursuivre pendant tant d’années?

Différentes instances politiques m’ont souvent sollicitée tout au cours de ma carrière d’animatrice à la télévision. J’ai longtemps résisté au chant des sirènes. Je ne me sentais pas prête à faire de la politique.

En 2007, une rétrospective de ma vie personnelle et professionnelle réanima mon désir d’aider, mais à un niveau proche de la décision et de l’action : la politique. Monsieur Charest m’offrit de me présenter dans la circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne. Ce fut le début. De 2007 à 2012, le poste de ministre responsable des Aînés fut ma première plate-forme.

Devenue proche aidante auprès de mon conjoint atteint d’un cancer, j’ai pris la décision, à son décès, de prendre ma retraite. L’écriture fut ma bouée de sauvetage. Des entrevues, pour les besoins de mon livre  De la proche aidance à la bienveillance , me firent réaliser qu’une politique nationale des proches aidants devenait une priorité.

Une discussion avec M. François Legault me replongea dans l’arène des décisions. Me revoilà, pour une seconde fois, députée de la nouvelle circonscription de Prévost et, cette fois-ci, ministre des Aînés, mais, aussi, des Proches aidants.

Une riche expérience personnelle et professionnelle vous amène à jouer un rôle important en tant que femme. Pouvez-vous la définir ?

Le domaine de la communication, dans lequel j’ai évolué, était un monde où la femme devait prouver qu’elle était intelligente. À 41 ans, s’est ajouté le spectre de la femme « d’un certain âge ». J’ai prouvé qu’une femme de quarante ans pouvait être en possession de tous ses moyens, une autre preuve tangible, l’obtention de mes doctorat et post-doctorat qui furent, aussi, une façon de me redéfinir.

La vie, forte d’imprévus, nous propulse sur des voies différentes. Mon rôle de proche aidante en est un exemple. Je peux, sans gêne, partager dans les moindres détails tout ce qui en découle.

Quel est votre rapport avec l’autorité en tant que femme ?

Le « plafond de verre » commença à s’effriter lorsque je faisais partie de l’équipe de Jean Charest. Il favorisait la parité hommes/femmes. Aujourd’hui, monsieur Legault représente le parti qui détient la plus forte représentation féminine.

Les rapports hommes/femmes à l’Assemblée nationale ont évolué, on voit davantage de beaux échanges d’égal à égal entre collègues. Monsieur Legault et moi-même représentons les aînés du parti et nous sommes très à l’écoute des jeunes élus. L’autorité, qu’elle vienne d’un homme ou d’une femme est traitée avec respect, sans tenir compte de qui l’impose.

Plusieurs femmes ont été élues lors de la dernière élection, qu’en est-il de l’avenir des femmes en politique et tout particulièrement des jeunes femmes ?

Les femmes s’impliquent de plus en plus en politique. D’ailleurs, lors de la dernière élection, bon nombre de femmes ont été élues et occupent, de plus, différents postes d’importance, par exemple, Marilyne Picard, jeune députée du comté de Soulanges et mère d’un enfant handicapé. Marilyne contribuera à améliorer le sort des parents vivant avec un enfant handicapé, eux aussi définis comme des aidants naturels. La relève en politique est importante. L’expérience des plus âgés combinée à cette énergie débordante des jeunes assure un équilibre essentiel pour une bonne gestion.

Comment utilisez-vous votre leadership pour améliorer les conditions de vie des femmes ?

Mon principal dossier est, évidemment, celui des aidants naturels et l’amélioration des services dans les CHSLD.

Actuellement, je travaille à mettre en place des mesures pour prendre soin des employées, majoritairement des femmes, qui œuvrent auprès d’une clientèle vulnérable. La situation des aînés est déplorable, celle de ces employées féminines l’est tout autant. Ce sont les aînés qui en subissent les contrecoups. Il faut se préoccuper du proche aidant ainsi que des employés, hommes ou femmes, pour être en mesure de détecter très rapidement les signes avant-coureurs de la détresse psychologique.

Mon deuxième dossier en un de ma circonscription : le projet d’une école secondaire à Prévost, une école de proximité en pleine nature qui mettra en valeur l’environnement. C’est une initiative citoyenne qui est, pour moi, un incontournable.

J’exerce mon leadership de différentes façons. Les jeunes députés en bénéficient et moi, en échange, je profite de leur expérience de vie.

Quelles sont les situations qui vous ont le plus marquée ?

C’est tout à fait récent. J’ai accompagné mon mari en tant que proche aidante, l’être que j’aimais à la folie, jusqu’à l’au-delà. Ce voyage que j’ai fait m’a confrontée à la dure réalité des personnes malades, vulnérables, en perte d’autonomie.

Je remercie le personnel de ces maisons qui offrent les soins palliatifs toujours à l’affût de soulager le malade, que ce soit physique, émotif ou psychologique et d’un réconfort pour la famille. Ce sont de vrais missionnaires, quoi ! Un cheminement qui, aujourd’hui, change mes valeurs. J’ai besoin de la société qui nous aide, ce n’est pas parce que je suis ministre que je peux changer ce qui se passe. On doit le faire ensemble pour arriver à ce que nos aînés puissent mourir dans la dignité. C’est un projet collectif, le gouvernement peut accompagner finan-cièrement, c’est son rôle, mais tout le monde peut mettre l’épaule à la roue.

Marguerite Blais est une grande dame qui a dressé un portrait très humble de son parcours. C’est une inspiration pour toutes les femmes de la société, jeunes et moins jeunes de même qu’un modèle pour tous, y compris, la gent masculine.

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