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Un concert doux et feutré
Carole Trempe – Diffusions Amal’Gamme produisait le duo Deux violoncelles, le dimanche 10 février 2019, à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost. Caroline Goulet et Daniel Finzi, tous deux titulaires d’une maîtrise en interprétation de l’Université Laval, forment un duo depuis 15 ans et mènent aussi une carrière musicale active indépendante.
Ces deux virtuoses nous font découvrir un mélange varié d’œuvres et d’arrangements pour deux violoncelles. Ils nous envoûtent et nous enchantent. Un concert doux et feutré par deux virtuoses à la concentration sans faille. L’écoute de l’un envers l’autre, loin d’être une option, nécessite plutôt une confiance constante. Cela se sent bien. Sous un doigté habile et impressionnant, les violoncelles chantent et nous enchantent par leurs belles voix graves, harmonieuses et rondes s’apparentant à la voix humaine. Nous nous retrouvons dans un univers de découverte pour certains ou de redécouverte pour d’autres. Le violoncelle, autrefois confiné au rôle de faire-valoir, a acquis sans contredit ses lettres de noblesse à titre d’instrument soliste.
Le Prélude et menuet de la première suite pour violoncelle seul de J-S Bach s’interprète en duo grâce à un accompagnement écrit par un élève de Schumann dont Daniel Finzi a saisi les passages pour construire une mélodie au-dessus. Un classique incontournable du répertoire du violoncelle. Daniel Finzi nous présente ensuite le compositeur L.Boccherini au moyen d’une citation de Jean-Baptiste Cartier, auteur de L’Art du violon (1798) s’exprimant ainsi : « Si Dieu voulait parler aux hommes par la musique, il le ferait avec les œuvres de Haydn; pourtant, s’il voulait écouter de la musique lui-même, il se déciderait pour Boccherini. » Citation très éloquente.
Des pièces de Kummer terminent la première partie, notamment l’Étude mélodique, un pur bijou, une prière douce et profonde portée par une magnifique ligne mélodique.
La deuxième partie du concert reprend avec Offenbach, le Petit Mozart des Champs Élysée. Allegro-lento-rondo, l’effervescence, la délicatesse, la tristesse. Glière dont on apprend qu’il a joué un rôle prépondérant dans le développement de la musique soviétique, nous propose une grande valse inspirée du folklore russe. On change de registre pour entendre les extraits The Sound of music arrangée par Daniel Finzi, pour la grande joie de tous, un pur délice. Le soleil et la chaleur de l’Amérique du Sud sont évoqués par le Bachiana brasileiras de H.Villa-Lobos intégrant le folklore brésilien pour rendre hommage à Bach. Le point final Por una cabeza C. Gardel nous ramène au film Parfum de femme (1992) avec Al Pacino alors qu’incarnant un officier aveugle, il entraîne dans ce tango une belle inconnue…
En conclusion, de grands virtuoses, une belle musicalité, de très belles finales. Pour la note parfaite, une plus grande connivence des interprètes avec l’auditoire aurait été bien reçue.
Au programme : Prélude et menuets de la première suite pour violoncelle seul, J-S Bach, arr. Stade-Finzi. Sonate pour deux violoncelles en do majeur, L. Boccherini. Duo no 5, F.A. Kummer, thème et variation-lento-allegro. Boléro, F.A. Kummer. Étude mélodique op.57 no 9, F.A. Kummer. Duo op.53, Offenbach Allegro-lento-rondo. Duo pour violoncelles no 3, R. Glière. Duo pour deux violoncelles no 8, R. Glière. Extraits The sound of music, R. Rodgers, arr. Finzi. Bachiana brasileiras no 5, H.Villa-Lobos, arr. Finzi. Por una cabeza, C. Gardel.