Le rôle d’Abrinord

Mathieu Pagé
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Une organisme pour les unir tous

Mathieu Pagé – La rivière du Nord a un long historique de pollution, et ce n’est que depuis une dizaine d’années que des efforts concrets sont faits pour améliorer son état. Celui-ci est tributaire d’une multitude de facteurs, qu’ils soient humains ou naturels. Les acteurs qui ont une influence sur celle-ci sont tout autant variés, le municipal ou provincial, les organismes sans but lucratif, des entreprises privées ou les citoyens.

Le Journal reprend le dossier de la rivière du Nord d’abord en présentant des acteurs régionaux qui ont contribués à l’amélioration de la qualité de l’eau de la rivière du Nord. Bien que cette série ne soit pas exhaustive, elle cherchera à montrer que tous peuvent contribuer dans la protection et la conservation des ressources naturelles. Le premier profil de cette série est celui de l’organisme de bassin versant de la rivière du Nord, Abrinord.

Agissant comme coordinateur des acteurs de l’eau dans la région des Laurentides, Abrinord a été fondé en 2003 suite à l’adoption de la Loi affirmant le caractère collectif des ressources en eau et visant à renforcer leur protection en 2002. Celle-ci s’inscrivait dans un effort général du gouvernement de protéger l’eau au Québec, avec sa politique nationale de l’eau.

Marie-Claude Bonneville, directrice générale chez Abrinord, nous décrit l’organisme comme étant « responsable d’implanter et développer la gestion intégrée de l’eau sur son territoire ». Ce rôle est le même pour chacune des

40 OBV (organismes de bassins versants) sur le territoire québécois.

Le ministère du Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) affirme que « […] la gestion intégrée de l’eau doit tenir compte de tout ce qui se passe dans le bassin versant, incluant autant les activités naturelles que les activités humaines. En ce sens, les sols, la végétation, les animaux et les êtres humains font partie d’un bassin versant ».

Pour comprendre le rôle d’Abrinord et son importance dans la région, il faut d’abord comprendre son mandat. Marie-Claude Bonneville nous explique que leur premier mandat est le plan directeur de l’eau (PDE). Celui-ci a émergé d’un rassemblement de concertation de tous les acteurs de l’eau. « Ça reflète vraiment les besoins et les préoccupations du milieu, donc c’est le document qui guide vraiment où devrait s’en aller la gestion de l’eau sur le territoire d’Abrinord », a-t-elle expliqué au Journal.

Le plan directeur de l’eau d’Abrinord dresse un portrait de la région, un diagnostic et propose des actions à mettre en œuvre pour améliorer l’état du bassin versant. Abrinord en est déjà à son deuxième PDE, qui a été rédigé pour couvrir la période 2013 à 2018. Celui-ci arrivant à échéance, Mme Bonneville affirme que : « Sur les 18 actions, 95 % sont réalisés ». L’organisme devra à nouveau réaliser un PDE : « Beaucoup de données sont à mettre à jour, et les priorités peuvent avoir beaucoup changées. Dans ce temps-là, c’était surtout le problème de cyanobactéries, maintenant ce sont les inondations qui sont une très grosse problématique », dit-elle sur la rédaction du nouveau plan.

Créer des ponts entre les acteurs de l’eau

La gestion et la protection de la rivière du Nord ne relèvent pas de la compétence d’un seul acteur. Citoyens, élus municipaux, entreprises privées, organismes environnementaux, et gouvernements ont chacun leur rôle. Abrinord est un organisme de concertation et c’est par le dialogue entre les acteurs de l’eau que ceux-ci peuvent établir des besoins et des priorités pour l’ensemble du territoire, énoncé ultimement dans le PDE.

Le premier mandat d’Abrinord est d’implanter le PDE et de favoriser la mise en œuvre des actions proposées dans celui-ci. « La façon qu’on arrive à faire ça, c’est de faire travailler les gens ensemble, de mobiliser les gens, de favoriser l’engagement, de chacun des acteurs de l’eau pour atteindre un objectif commun », explique Mme Bonneville.

Le rôle d’Abrinord n’est donc pas d’agir en tant que spécialiste, mais plutôt comme ressource pour relier différents acteurs de l’eau. Donc, lorsqu’une municipalité les contacte sur une problématique, Abrinord va les rediriger vers la ressource la plus informée.

Sur la relation entre les municipalités et Abrinord, Mme Bonneville affirme « [qu’il] y a plusieurs municipalités qui vont nous demander des conseils, ou qui vont solliciter notre accompagnement. Et nous on se donne le devoir de les informer le plus possible quand on voit des problématiques ». « C’est un échange aussi, certaines vont être plus proactives que d’autres », nous dit-elle, en référence au programme d’échantillonnage de l’organisme. En effet, le programme est totalement financé par le milieu, chacune des stations a un partenaire financier. C’est une manière pour les acteurs de l’eau de rester informé sur la situation dans leur secteur et de pouvoir agir sur les problèmes qui émergent.

Le dialogue est impératif pour assurer une gestion efficace de l’eau. « Chacun a sa place dans la gestion intégrée de l’eau » nous assure

Mme Bonneville, et le rôle d’Abrinord c’est d’établir ce dialogue, d’entendre les intérêts divergents de chacun des acteurs et de les faire converger vers un objectif commun.

De plus en plus, le rôle des OBV se solidifie et leur crédibilité aussi : ceux-ci ont tout récemment vu leur financement doublé par le gouvernement du Québec. Dans ses cinq années au sein de l’organisme, Marie-Claude Bonne-ville a reconnu une amélioration dans la coordination des efforts; elle affirme que : « les projets sont beaucoup plus structurants, beaucoup plus porteurs et mobilisateurs [qu’ils l’étaient] au début ».

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