Fondation Rivières

Gabriel Cliche, chargé de projets à la Fondation Rivières et Alain Saladzius, président de la Fondation
Mathieu Pagé
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D’un mouvement citoyen à un organisme expert

Mathieu Pagé – Lancée en 2001, la campagne Adoptez une rivière est devenue la base d’un mouvement citoyen qui a mené à la création de Fondation Rivières. Appuyée par des organismes partenaires et plusieurs personnalités québécoises, la campagne d’Alain Saladzius avait pour objectif d’arrêter la construction de petits barrages sur les rivières du Québec.

Le mouvement a donné du même coup naissance à la Fondation Rivières, qui œuvre à présent partout au Québec pour protéger les cours d’eau. Le mandat de la fondation a d’abord été de lutter contre les mini barrages électriques et le harnachement des rivières, mais s’est ensuite étendu. « Je considère que la fondation fait un très bon travail d’information et de vulgarisation scientifique sur les enjeux qui concernent la conservation des rivières au Québec », nous explique Gabriel Cliche, chargé de projets à la Fondation Rivières. « Je crois que la fondation a beaucoup à apporter aux gens du Québec pour les informer sur des gros projets qui sont en cours, qui sont planifiés », dit-il.

Lorsque questionné sur le rôle d’un tel organisme sur la protection et la conservation des rivières au Québec, Alain Saladzius, président de la fondation, affirme qu’ils ont pour mission d’informer la population sur l’importance d’une rivière en santé, orienter les citoyens dans leurs démarches puis diffuser de l’information scientifique et de qualité.

Étude à l’échelle des bassins versants

Le mandat de la fondation s’étant étendu, elle travaille aussi sur des rivières particulières en partenariat avec les organismes de bassins versants (OBV) dans la mesure du possible. Un récent projet réalisé par l’organisme est un rapport étendu sur l’état de la rivière Richelieu et la performance des stations d’épurations de celle-ci. Agissant à titre d’organisme expert, ils font une analyse à l’échelle du bassin versant pour identifier les endroits qui nécessitent le plus d’investissement.

M.Cliche nous explique que le financement est souvent mal investi, dans la mesure où l’argent utilisé aurait pu subventionner des projets qui, à court terme, auraient eu un meilleur rendement environnemental. « On s’arrange pour faire ce portrait global et donner cette information aux acteurs concernés pour que les décisions se prennent à l’échelle du bassin versant ».

M.Cliche affirme que ce genre de rapport est généralement bien reçu par les acteurs du milieu. Il affirme qu’ils ont une bonne communication avec le MDDELCC, qui leur a donné accès à une version bêta du Portail de connaissance sur l’eau. M. Cliche nous explique que comme ce genre de rapport est encore en développement, ils n’en sont pas au point d’intervenir directement avec les gouvernements lorsqu’il y a des demandes de subventions, mais qu’avec le travail qu’ils font ils peuvent démontrer quels endroits sur une rivière sont problématiques. « Je pense que cela a généralement été très bien reçu par le ministère de l’Environne-ment ». À long terme, l’organisme aimerait pouvoir mener ce genre de projet dans l’ensemble des bassins versants, et souhaite voir une implication du MDDELCC dans ce genre d’étude.

Pour mener l’étude, la fondation va chercher à contacter toutes les municipalités sur la rivière et M. Cliche nous explique que l’organisme ne cherche pas nécessairement à pointer du doigt en réalisant ces études de performances. Il se dit conscient de la réalité municipale où parfois c’est le manque d’argent qui explique que des projets ne sont pas entrepris. Toutefois, Gabriel Cliche nous explique que c’est par « manque de connaissance et de conscientisation sur l’impact des décisions qu’ils prennent » que les municipalités ne réalisent pas l’impact qu’elles ont sur leur milieu, d’où l’importance des dialogues qui sont entrepris dans leur démarche.

Pour la rivière du Nord, M. Cliche nous explique que la fondation est intéressée à faire un projet d’étude, mais qu’ils n’ont pas réussi à obtenir d’engagement avec l’OBV Abrinord et certaines municipalités pour débuter le projet. Ce genre d’étude est un moyen de financement pour la fondation. L’OBV de la rivière du Nord, Abrinord a expliqué sa décision par un manque de budget pour cette année. « On va prioriser les rivières sur lesquelles on peut avoir un retour pour la fondation », nous explique M. Cliche.

Au-delà de ces projets d’étude, qui sont à large déploiement, M. Cliche explique au Journal que la fondation reçoit fréquemment des appels et courriels citoyens. Bien que l’organisme n’ait pas les ressources pour agir sur chaque cas, ils vont prendre le temps de répondre et rediriger les citoyens vers des ressources locales. Dans de telles situations, la fondation va contacter des comités ou organismes locaux, s’il y a en a, pour les supporter dans les démarches. Conscient qu’une bonne connaissance de l’environnement peut être nécessaire pour agir dans certains cas, M. Cliche conseille aux comités citoyens de contacter des « organismes environnementaux pour aller chercher du soutien, de la connaissance. Il y a beaucoup d’organismes qui peuvent offrir leurs services ou des outils ». « La plupart des grandes batailles sur l’environnement sont parties de groupes de citoyens qui se sont informés pour vraiment mobiliser la population face à un sujet précis », dit-il. « À la fondation Rivières, c’est quelque chose qui nous tient à cœur de travailler avec des groupes citoyens », affirme M. Cliche.

La fondation Rivières participe aussi à l’organisation d’activités comme le Grand Splash, une tradition montréalaise depuis 14 ans par l’association du Jour de la Terre. L’événement invite les citoyens à sauter dans le fleuve Saint-Laurent comme une manière d’exprimer leur désir d’une eau plus propre et obtenir de meilleurs accès à la baignade.

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