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La pérennité des sentiers de plein air et les villes
Anthony Côté – Tel qu’indiqué dans le dernier article de cette chronique, le statut des sentiers de plein air doit être régularisé. Mais comment les administrations municipales voient-elles ces démarches ?
Bien que plusieurs clubs de plein air aient fait leur mea-culpa de « squatteur », et bien que certaines villes/municipalités aient choisi de fermer les yeux quant à cette délinquance, est-ce que les administrations municipales actuelles voient pour autant d’un bon œil que les organismes de plein air régularisent la situation sans leur implication ? Il faut dire que, par le passé, dans certaines villes/municipalités, la « directive » non écrite était de tenter d’assujettir les organismes bénévoles de tout acabit.
Pour le savoir, les mairesses et maires de quatre villes/municipalités ont été rencontrés pour connaître leur vision de la situation. Il s’agit, dans l’ordre des rencontres, de :
- Monique Monette-Laroche de la Municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs;
- Nathalie Rochon de la Municipa-lité de Piedmont;
- Bruno Laroche de la Municipalité de Saint-Hippolyte;
- Paul Germain de la Ville de Prévost.
Précisons ici que la mission que se donne chaque organisme de plein air peut varier. Citons :
- La protection des milieux naturels par la Conservation de la Nature Canada et le Comité régional de protection des falaises (CRPF) (Piedmont, Prévost et Saint-Hippolyte) et leurs nombreux bénévoles, auxquels se joignent les Amis de la réserve Alfred Kelly et l’Association des propriétaires de la réserve Ogilvy.
- La protection des milieux naturels et la promotion du plein air par Héritage plein air du nord et ses partenaires Plein air Sainte-Anne-des-Lacs (Sainte-Anne-des-Lacs et Prévost) et le Corridor Vert (Sainte-Anne-des-Lacs et Prévost);
- La promotion du plein air avec le Club du parc de la Coulée (Prévost) et le Club de plein air de Saint-Hippolyte (sentiers d’hiver).
Certains organismes de plein air ne sont pas gérés par des bénévoles, tels le Centre de plein air Roger-Cabana de Saint-Hippolyte, Le P’tit train du nord, le parc de la Rivière-du-Nord (à noter que la portion de ce dernier située à Prévost sera gérée bientôt par un organisme de Prévost dont la mission est à déterminer) et finalement les nouveaux sentiers du parc Gilbert-Aubin de Piedmont en bordure de la rivière du Nord.
D’entrée de jeu, les mairesses et maires sont unanimes sur les bienfaits des activités de plein air gérées par les organismes de plein air : « Leur contribution à la qualité de vie des citoyens est fantastique, c’est un service aux citoyens ! », de dire Bruno Laroche.
La collaboration municipale
Les demandes auprès des services municipaux (urbanisme, loisirs, environnement, sécurité civile, etc.) par les organismes de plein air sont généralement bien reçues, mais la préférence des élus municipaux est d’avoir un intervenant par qui passeraient les requêtes. Comme la Ville est souvent perçue par les citoyens comme le guichet unique des requêtes (lire plaintes ou revendications), les villes/municipalités sont unanimes pour rediriger, au besoin, le citoyen vers l’organisme de plein air qui a la juridiction et les compétences pour gérer son réseau de sentiers. Par contre, les administrations municipales veulent être informées lorsque la requête est réglée. De plus, seuls Monique Monette-Laroche et Paul Germain souhaitent la présence d’un élu en observateur au sein des conseils d’administration des organismes de plein air. Bruno Laroche et Nathalie Rochon préfèrent des rencontres périodiques avec l’organisme pour faire le point sur leurs projets.
Pour la régularisation du statut des sentiers de plein air sur des terrains privés, les villes/municipalités, à l’exception de Piedmont qui se réserve cette prérogative, souhaitent que les organismes de plein air signent des ententes de passage avec les propriétaires terriens chez qui ils aménagent des sentiers, avec copie à la ville/municipalité. « Pas d’entente de passage, pas de collaboration ou de financement municipal ! », insiste Bruno Laroche. Qu’en est-il des terrains municipaux ? Dans la logique des choses, une entente serait à intervenir entre les villes/municipalités et les organismes qui y entretiennent des sentiers (cette question n’a pas été abordée).
Avec des ententes de passage signées, les villes/municipalités sont ouvertes au financement d’infrastructures dans les sentiers (par ex. : signalisation, passerelles pour les zones humides, ponceaux, mobiliers urbains), mais cela se gère au cas par cas et le conseil municipal se réserve la décision de la dépense. Dans le but de pérenniser ou d’agrandir un réseau de sentiers, les mairesses/ maires sont favorables à faire des dons monétaires ou de terrain pour agrandir le réseau de sentiers – selon les budgets disponibles et avec un vote majoritaire par les conseillers municipaux (ce sont eux qui décident !). Faits à noter, les assurances responsabilités civiles couvrant les administrateurs et autres bénévoles de l’organisme, et les activités de plein air qu’ils gèrent sont :
- parrainées par l’Union des Municipalités du Québec (UMQ);
- standardisées pour tous les organismes de plein air incorporés gérés par des bénévoles;
- assumées par l’organisme et remboursées à ce dernier par la ville/municipalité : c’est l’organisme de plein air qui est assuré contre les poursuites et non la ville/municipalité.
En terminant, les mairesses et maires sont tous favorables à reconnaître « officiellement » un organisme de plein air incorporé et ses bénévoles. De par leur implication, ces organismes se méritent un écriteau aux entrées des espaces verts gérés par eux, attestant de leur contribution bénévole à l’aménagement et l’entretien des sentiers.
« Les bénévoles sont le cœur battant d’une municipalité et chez nous, ça bat fort ! », de dire Monique Monette-Laroche.