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Banlieue
Pour Sainte-Anne-des-Lacs et Piedmont, nettement plus près de Saint-Sauveur, la question ne se pose pas, mais peut-on considérer Prévost comme la banlieue de Saint-Jérôme? Oui et non.
Oui, pour la proximité partagée avec Saint-Hippolyte, Sainte-Sophie et Saint-Colomban. Non, parce que ce ne sont pas surtout des gens qui travaillent à Saint-Jérôme qui habitent Prévost. En ce sens, la banlieue désigne aujourd’hui un territoire utilisé spécifiquement pour servir de ville-dortoir aux familles des travailleurs d’une ville importante, capitale ou métropole. Quelques siècles auparavant, selon le système français, la banlieue c’était simplement un territoire d’une lieue (environ 4 km) entourant une ville. L’expression provient, d’ailleurs, du mot ban (qu’il ne faut pas confondre avec banc), associé encore aujourd’hui aux bans qu’on publiait pour annoncer un mariage ou aux députés d’arrière-ban, qui ont un statut inférieur à celui des ministres placés au centre des débats d’un parlement.
Issu du germanique bannan (commander), ce ban a d’abord évoqué l’autorité qu’un roi exerçait sur un seigneur (duc, comte, marquis, baron) à qui il confiait la gestion d’une zone appelée fief. On reconnaîtra le mot dans l’expression fieffé menteur désignant un trompeur de haut vol, dont je n’ai pas besoin de donner d’exemple récent. Mais on y verra aussi le fait qu’en contrepartie de ses privilèges, le seigneur devait assistance au roi. Il était aussi autorisé à porter une bannière (drapeau) qui le distinguait, entre autres dans les batailles, et à proclamer des bans (ordre, édit, loi). Ceux-ci pouvaient, par exemple, prendre la forme d’une condamnation et bannir ainsi quelqu’un à l’exil. Le roulement de tambour qui précédait la criée publique de toute proclamation seigneuriale ou royale s’appelait aussi un ban. La banlieue désignait alors tout le territoire géré par des nobles protégés par le roi, lequel pouvait au besoin convoquer le ban des seigneurs proches de la capitale et l’arrière-ban de ceux qui en étaient éloignés.
Toute ressource collective que les seigneuries offraient à leurs paysans, était alors désignée, au singulier (un champ, un moulin) comme banal; ou au féminin (une forêt, une forge) comme banale. Au pluriel, ces ressources étaient appelées banales, au féminin, et banaux, au masculin. Pour le différencier, l’adjectif banal, qui en dérive pour décrire quelque chose de commun, fait plutôt banals au masculin pluriel. Et ce n’est pas le seul cas où deux pluriels distinguent des sens différents. Des baux sont des ententes de location par bail; des bals, des occasions de danser. Les aïeuls, ce sont les grands-parents; les aïeux, tous les ancêtres. Le mot ciel fait ciels au pluriel, quand il désigne le lieu où passent les nuages, qu’il soit naturel ou peint, mais aussi un plafond, un tissu tendu au-dessus d’un lit; les cieux, c’est l’univers des divinités. Passer des cieux au ciels, c’est bannir l’astrologie pour la remplacer par l’astronomie et découvrir ainsi que le ciel est généralement plus beau ailleurs qu’en ville.