Voyage en terre d’Arabie

Jean-Guy Joubert dans le Rub al-Khali, le grand désert d’Arabie. Photo Diane Brault.
Diane Brault
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Une fascinante aventure

Diane Brault – Entre forteresses, montagnes, plaines côtières et déserts, le Sultanat d’Oman, une aventure hors du commun.

Situé en Asie, à l’est de la péninsule arabique, Oman est bordé par les Émirats Arabes Unis (EAU), l’Arabie Saoudite et le Yémen. La partie nord du Sultanat n’est qu’à 60 km de l’Iran, séparé par le stratégique détroit d’Ormuz, lieu de passage décisif pour le lucratif trafic international de pétrole et de marchandises.

Ce pays est dirigé par le Sultan Qaboos Bin Saïd, monarque discret, éclairé, prudent et efficace, qui a su conduire en douceur et diplomatiquement son pays, grâce aux revenus du pétrole, vers la modernité en évitant les dérives despotiques, idéologiques, religieuses et guerrières. Ce territoire actuellement sécuritaire se prêtait bien à notre voyage de type road trip de 5600 km. Nous avons fait un séjour de quatre semaines équipé d’un véhicule à quatre roues motrices. En entrant sur le territoire Omanais par le nord, le Musandam en provenance des Émirats (Dubaï), rapidement, nous avons constaté à quel point ce pays est majestueux et accueillant.

Le paysage

Un littoral de 3165 km avec d’immenses falaises et fjords à l’état naturel. Des eaux de mer turquoises et incroyablement chaudes et poissonneuses idéales pour la plongée sous-marine (Khor ash Sham où les dauphins nous escortent, Bandar Khayan et ses tortues). Un espace de 1300 km de plages, véritable paradis pour camper, pour la baignade et le farniente (la mer d’Oman et l’océan Indien). Des montagnes et des canyons vertigineux (les monts Hajar, Djebel Shams et Samhan au sud) truffés de quelques villages traditionnels magnifiques avec leurs cultures (la rose) en terrasses (Djebel Akhdar) et reliés entre eux par de multiples sentiers en balcons. Des châteaux magnifiques (Jabrin), des palmeraies, des Wadi, vallées et lits de rivières (Wadi Tiwi) remplis de bassins alimentés par des sources d’eau douce (Gouffre de Bimmah), des lieux formidables pour de longues randonnées, d’heureuses rencontres, et des baignades rafraîchissantes. Des villes à l’échelle humaine à l’architecture traditionnelle et harmonieuse (Mascate). L’île de Masirah aux paysages lunaires et dromadaires en liberté. Des marais salants, des pêcheurs, des oasis et deux déserts, Sharqiya et le majestueux Rub al Khali appelé par les Bédouins le Quart vide qui s’étend de l’Arabie Saoudite jusqu’à Oman et au Yémen. C’est le grand désert d’Arabie, difficile d’accès certes, mais c’est le prince des déserts avec ses dunes impressionnantes de couleur rose-tangerine. Un pur ravissement et une chaleur indescriptible pour nous, gens du nord.

La mentalité des Omanais

Les Omanais d’aujourd’hui ont encore en eux la culture de leurs ancêtres, celle des Bédouins originaires du centre de l’Arabie et qui se sont dispersés en vagues successives à travers le Moyen-Orient liant leur expansion à celle de l’Islam des premiers siècles. De nos jours, seulement 5% des Bédouins sont encore nomades. Au Sultanat d’Oman, la plupart des Omanais vivent dans des maisons en ville, mais certaines familles continuent à vivre sous la tente avec une structure familiale traditionnelle, mais avec tous les éléments du confort moderne, dont de puissants véhicules de type pick-up, avec lesquels les Bédouins transportent leurs dromadaires qui eux, se reposent dans la boîte arrière.

Les micros tribus subsistent par le travail saisonnier des récoltes, de la pêche ou de l’élevage. Qu’ils soient Bédouins des sables, des montagnes ou Bédouins pêcheurs, tous conservent cet impressionnant code ancestral de conduite fondé sur l’entraide et l’altruisme, qui a été tellement essentiel comme mode de survie. Aujourd’hui, on constate qu’à cet héritage historique et culturel traditionnel s’ajoutent de nouveaux atouts plus ouverts sur le monde contemporain. Les Bédouins d’aujourd’hui transposent ce bonheur de la rencontre avec l’autre, à nous voyageurs de l’étranger.

La température

Si à Mascate (la capitale), on trouve un climat méditerranéen, à Salalah (au sud) dans le Dhofar, le climat est subtropical. La meilleure période pour voyager à Oman se situe entre octobre et avril afin de ne pas souffrir de la chaleur caniculaire surtout pour camper sur le littoral ou dans le désert. Fin avril, c’est déjà 40-42 degrés le jour. En été, le mercure peut dépasser les 45 degrés centigrades (60 degrés pour le Rub al Khali). Sous le soleil, vaut mieux se couvrir la tête et la peau avec des tissus légers pour survivre et à l’intérieur les garder sur soi pour survivre à la climatisation.

Le réseau routier est bien développé et les routes sont belles et neuves. Cependant, on y trouve aussi un réseau de pistes nécessitant absolument l’utilisation de véhicules 4×4. En tout temps, le cellulaire et l’internet sont essentiels pour se géo localiser. Ceci permet d’avoir accès de façon souvent sportive aux endroits les plus grandioses, peu fréquentés par les touristes. Les Omanais savent conduire, mais ils conduisent trop vite et parfois de façon anarchique. Il nous a fallu nous habituer à voir surgir des voitures de tous les côtés même là où on ne peut l’imaginer.

Leur culture arabique

De façon générale, la culture de la péninsule Arabique moderne va heureusement au-delà des stéréotypes actuels. Peu de pays du golfe persique sont encore aux prises avec le problème d’une faible minorité concernée par le fondamentalisme religieux répressif et violent envers sa propre population. Dans l’ensemble, nous avons constaté que la culture arabique est en fait plutôt pacifique et tolérante et concilie de plus en plus les libertés de la vie moderne, le travail et les valeurs traditionnelles (elles aussi pacifiques) de l’islam Ibadite. À Oman aucune distinction de genre ne s’applique aujourd’hui dans le domaine de l’éducation, de la santé, des emplois, des salaires pour les Omanais, qui constituent la moitié des 4,5 millions d’habitants le reste étant constitué de travailleurs expatriés non omanais (Indes, Pakistan, Maghreb, Europe… Sur le plan social de plus en plus de jeunes couples vivant à Mascate délaissent la vision paternaliste de la famille. Les inconduites masculines envers les femmes sont proscrites.

Les tenues vestimentaires à l’occidentale n’intéressent pas les Omanais. Ils préfèrent leurs très élégantes tenues traditionnelles qui, par leur simplicité, leur uniformité et leur légèreté, masquent les différences de fortune, ceci unit davantage le groupe et de plus, ils sont adaptés au climat. Dès l’enfance, les hommes portent le dishdasha blanc ou de couleur et ils se coiffent d’un foulard noué qui protège du soleil et de la poussière de sable ou d’un kumar brodé. Les femmes portent des vêtements légers tout en couleurs. Elles ajoutent par-dessus leurs vêtements un carré de tissu noir ultra léger qui couvre la tête le jour. Les soirs de magasinage dans les centres commerciaux, c’est autre chose. Souvent orné de dentelle ou de brillants et associé aux talons hauts, l’abaya devient un accessoire de mode qui vise nettement l’élégance. Quelques femmes se voilent légèrement le visage, cette pratique est un choix esthétique tout à fait personnel pour préserver la peau le jour, l’intimité ou encore affirmer son origine ethnique.

Il existe tellement de gourmandises Omanaises. Une très grande variété de dattes, le sirop de datte, le halwa (douceur gélatineuse), le miel, le riz parfumé au safran, cannelle et anis étoilé, la coriandre, le cumin, la muscade, le piment, le gingembre, le poivre et le curcuma, dans les plats mijotés soit omanais ou indiens, les bananes, la pomme grenade, la noix de coco, les melons produits dans les oasis grâce à la micro hydratation, le rafraîchissant jus de citron lime et menthe, le traditionnel café à la cardamome, les infusions à l’encens du Dhofar, (terre de l’encens depuis des millénaires), les poissons frais ou séchés, les crustacés, la viande de poulet, d’agneau, de chèvre et même… de dromadaire.

Nos amis Omanais nous ont gentiment révélé en riant les quatre secrets bédouins qui favorisent la tolérance et humilité dans la vie. C’est le courage, la vigilance, la foi et le sens de l’humour. Le Sultanat d’Oman, c’est le pays d’Arabie qui a tout pour fasciner les voyageurs.

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