Spectacle d’ici

Le quintette composé de sa fondatrice, Marie-Pier Descôteaux, trompettiste, et de ses acolytes Abby Walsh au violon no 1, Richard Zheng au violon no 2, Dillon Hatcher à l’alto et Guillaume Veillet au violoncelle
Gisèle Bart
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La trompette et ses cordes, que Beauté!

Gisèle Bart – Pour le samedi 2 juin, Diffusions Amal’Gamme, toujours à l’affût de ce qui se produit de mieux dans le domaine musical, nous proposait un mariage insolite, celui d’une trompette avec des cordes. Il s’agissait d’un quintette composé de sa fondatrice, Marie-Pier Descôteaux, trompettiste, et de ses acolytes Abby Walsh au violon no 1, Richard Zheng au violon no 2, Dillon Hatcher à l’alto et Guillaume Veillet au violoncelle, tous les cinq issus du Conservatoire de Musique de Montréal.

Pré-adolescente, c’est dans ma rue que j’ai été initiée à la trompette, les soirs d’été, alors que vers 18 h 30, juste avant « le chapelet du Cardinal Léger »,  montaient les éclats de cet instrument auquel se pratiquaient deux garçons de mon âge, fils de l’éminent musicien jérômien, M. Jean Richer. Éclats percutants qui transperçaient l’air de leurs flèches ensoleillées. Aussi, suis-je toujours étonnée de lire au sujet de la trompette qu’elle serait « trop souvent mal-aimée », chaque fois je cherche en quoi elle peut l’être et la seule réponse qui me vient se situe dans le côté possiblement « agressant » de sa flamboyance.

Dès le premier regroupement de pièces au programme, dont tous les arrangements absolument merveilleux sont de Michel Kozlovsky, l’émotion fut profonde. Vous remarquerez chers lecteurs, que tout au long de ce compte-rendu, j’utiliserai délibérément à plusieurs reprises le qualificatif « merveilleux ». Pourquoi ? Tout simplement parce que ce le fut. D’ailleurs, à la sortie, ayant recueilli les commentaires de diverses personnes, ce seul « merveilleux » fut prononcé. Nous écoutions donc un « medley » Ennio Morricone. La fameuse mélodie de l’harmonica y était jouée par la trompette, pendant que le vent d’Ouest s’y infiltrait de par les cordes. Quelques pizzicati vinrent scander cet envoûtement.

Puis, un Amazing Grace traditionnel qui tourna au Swing, ainsi que le merveilleux Ave Maria de Wladimir Vavilov suivirent. À la fin de ce dernier, une envolée comme improvisée de la trompette s’écarta du sentier tracé de la mélodie. Ensuite, « le Hit Rock de l’époque » fut annoncé, par Marie-Pier. « Plutôt un Barock » rétorqua Guillaume. Ce qui provoqua des rires entendus dans une assistance conquise. Ils venaient d’annoncer le volet Été des Quatre Saisons de Vivaldi. Une performance où le violon no 1 fut mis en avant. Plus tard, dans une autre pièce, ce sera au tour du violon no 2 de briller, cependant que l’alto et le violoncelle tiendront fermement leur rôle indispensable de soutien. Un effectivement très triste Sorrowfull Memory de H. James, ainsi qu’une pièce moins connue du « merveilleux » Piazzola vinrent clore la première partie.

Après cette pause le titre de cette chronique me fut inspiré : Que Beauté ! Hans Zimmer le magnifique dans un tango où la trompette s’exalta avec un très beau moment du violoncelle, un émouvant Godfather, un Misty arrangé contemporain, un mystérieux Lord of the Rings avec finale enjouée, un superbe et très peu connu Meditation du Québécois Calixa Lavallée, ainsi qu’un Closely Dancing du Cubain Sandova se succédèrent. Pour ce dernier morceau « mon quatuor tiendra office pour ce soir de Big Bang avec une touche classique », nous assura une riante trompettiste chef de file. Nous jouirons donc une dernière fois du ballet des archets autour de la Reine-Soleil-Trompette, finale en demi-ton toujours agréablement déstabilisant. Il y eut leur salut profond, quelques jeunes encore demeurent disponibles au protocole. « Une dernière juste pour vous », un rappel enjoué, dansant, décontracté, avec moins de notes soutenues, sourires à l’avenant.

Que dire de plus de ce concert sinon que, non seulement « merveilleux », il était empreint de beaucoup de fraîcheur, rempli à ras bord de sons purs et sans faille, parsemé d’infinitésimales imperfections, c’est-à-dire joué par des êtres humains et non par des robots, quelques rares défaillances de souffle chez une vaillante Marie-Pier enceinte. Comme nous, quelle jubilation a dû ressentir son enfant, blotti juste en dessous du diaphragme de son artiste de future-maman !

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