Réduire la pollution de la RDN

Jordan Dupuis
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Approvisionnement et rayonnement pour plus de 200 000 personnes

Jordan Dupuis – La rivière du Nord est un bien précieux qui nous appartient tous; source d’approvisionnement et de rayonnement pour plus de 200 000 personnes de la région, les Municipalités et leurs citoyens devront continuer leurs efforts pour réduire les sources de contamination qui affectent même les usages récréatifs de la rivière. Ce 13e dossier sur la rivière du Nord nous donne un aperçu de son état tout en proposant certaines pistes de réflexion pour réduire la pollution.

L’état de la rivière

RDN-loi132Il reste difficile encore de se prononcer sur l’état de la rivière et d’identifier les différentes sources de pollution, puisque de nombreux facteurs peuvent influencer la qualité de l’eau, nous explique Marie-Claude Bonneville, directrice générale d’Abrinord, lors d’une entrevue avec le journal. Rappelons qu’Abrinord rend disponible à tous les mois les résultats de ses 46 stations d’échantillonnage sur la qualité des cours d’eau de la région, soit deux stations de plus qu’à pareille date l’année dernière.

Avec ces données, on remarque cette année que la qualité semble généralement bonne, mais que plusieurs endroits restent tout de même très problématiques surtout lors de pluies. C’est notamment le cas pour le Grand Ruisseau à Saint-Sauveur et Piedmont, et la rivière Saint-Antoine qui se déverse dans la rivière du Nord au sud de Saint Jérôme. Notons qu’à la source, la rivière Saint-Antoine affiche des taux de pollution très acceptables voire presque inexistants, mais que plus l’on va vers le sud, moins bonne devient la qualité de l’eau. En effet, des prélèvements effectués en temps de pluie durant le mois de juillet ont affiché des concentrations atteignant 2 200 UFC/100 ml (unités formatrices des colonies de coliformes fécaux), 18 mg/L de matières en suspension et 0,540 mg/L de phosphore total. Il faut rappeler que les contacts directs avec l’eau comme la baignade sont proscrits lorsqu’il y a présence de plus de 200 UFC/100 ml dans l’eau. Lorsqu’une concentration de matières en suspension dépasse 13 mg/L, l’eau est considérée comme douteuse et les niveaux de phosphore totaux dans l’eau ne devraient pas dépasser 0,03 mg/L. Il s’agit donc de résultats préoccupants, compte tenu des normes gouvernementales acceptables.

Questionnée à savoir quels étaient les différents facteurs et sources de pollutions qui pourraient expliquer de tels résultats, Mme Bonneville mentionne que même si les données disponibles lui paraissent insuffisantes pour un diagnostique complet, une concentration élevée en coliformes fécaux indique une contamination par des matières fécales d’origine humaine et animale, tandis que les matières en suspension peuvent provenir du ruissellement, de l’érosion ou de la déforestation. Quant au phosphore, il provient d’engrais ou de rejets d’usine d’épuration, par exemple. Notons que des dépassements des critères de qualité sont plus souvent observés après une pluie que par temps sec. Un projet dans le bassin versant de la rivière Saint-Antoine est actuellement piloté par Abrinord afin de dresser un portrait plus juste de la situation et qui sera disponible un peu plus tard cette année sur son site internet.

Travailler ensemble pour contrer la pollution

L’une des plus grandes problématiques qui affecte la qualité de l’eau sont les surverses, nous dit Mme Bonneville. « Une gestion efficace des eaux pluviales est essentielle pour diminuer les apports en coliformes fécaux, car c’est surtout en temps de pluie que des débordements d’eaux usées ont lieu », ajoute-t-elle. Acteur crédible et respecté dans le milieu, Abrinord entretient des relations constructives avec les Municipalités, qui peuvent être des acteurs de premier plan pour assurer une gestion durable des eaux pluviales. « Souvent, ce sont les Municipalités qui nous contactent pour voir de quelle façon on peut les aider; s’ils ont un projet en tête ou un besoin spécifique, on peut agir à titre d’agent facilitateur entre les différents acteurs pour en arriver à atteindre un objectif commun », nous explique-t-elle. Les Municipalités sont généralement très ouvertes pour apporter des améliorations à leur réseau d’assainissement des eaux et à la gestion des eaux de ruissellement, mentionne Mme Bonneville. Compte tenu de la croissance démographique élevée que connaît la région des Laurentides, il est primordial pour ces Municipalités d’agir pour continuer d’améliorer le sort de la rivière qui devient également un attrait touristique de plus en plus populaire.

Pistes de solutions pour réduire la pollution

photo : Cécile Gladel / RueMasson

photo : Cécile Gladel / RueMasson

La directrice générale d’Abrinord se réjouit toutefois du fait que plusieurs Municipalités ont déjà posé des gestes concrets pour réduire le nombre de surverses en séparant leur réseau d’égout sanitaire du réseau pluvial en plus d’être au fait des améliorations qu’il leur reste à faire. Plusieurs Muni-cipalités ont même interdit que les gouttières des maisons ne se déversent dans les égouts, évitant ainsi de surcharger le réseau inutilement. D’autres, comme la Municipalité de Saint-Hippolyte depuis 2009, s’assurent d’un suivi plus strict des fosses septiques de leurs résidents en faisant les vidanges de celles-ci pour qu’elles évitent de contaminer les eaux. Pour Mme Bonneville il faut « sensibiliser un maximum de personnes à préserver notre eau, il faut revoir nos usages de l’eau, surtout en temps de pluie. On évite alors de faire trop de brassées de lavage ou de vaisselle, on réduit sa consommation au minimum, on évite aussi d’acheter des produits avec du phosphate, car s’il y en a trop, on constatera une prolifération des algues dans les cours d’eau ». De plus, les Municipalités pourraient mettre en place plusieurs mesures qui réduiraient le nombre de surfaces imperméables comme les stationnements par exemple. En plus d’être des îlots qui accumulent et reflètent la chaleur en été, ceux-ci reçoivent une quantité non négligeable d’eau de pluie qui se déverse directement dans les égouts, créant ainsi une surcharge du réseau. Pourrons-nous peut-être nous inspirer de « stationnements verts » comme c’est le cas du CLSC de Rosemont à Montréal. Les Municipalités pourraient également encourager la construction de toits verts qui absorbent une grande partie de l’eau de pluie réduisant au minimum son empreinte tout en réduisant les coûts d’énergie de l’immeuble, la Maison du développement durable à Montréal est un bon exemple. Ce qui pourraient avoir des impacts bénéfiques à court et long terme pour retenir un maximum d’eau à la source et réduire les impacts néfastes sur la rivière du Nord.

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