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Quand la fiction éclaire la réalité
Louise Guertin – Georges Orwell a écrit son chef-d’œuvre 1984, en 1949. J’ai lu ce roman la première fois à la fin des années soixante comme de la science-fiction. Le mur de Berlin était érigé et la guerre froide battait son plein. J’ai eu envie de le relire suite à l’élection du président des États-Unis et la prolifération des « faits alternatifs ».
Dès les premières lignes, on plonge dans l’univers du héros, Winston Smith. Dans son édifice, à chaque étage, une affiche d’un énorme et beau visage d’homme avec une moustache noire. « C’était un de ces portraits arrangés de telle sorte que les yeux semblent suivre celui qui passe. Une légende sous le portrait disait : BIG BROTHER VOUS REGARDE ». L’appartement de Winston, comme chaque appartement d’Océania, est muni d’un télécran qui diffuse en continu les messages du parti et dont la caméra espionne chaque fait et geste.
Winston, 39 ans, travaille pour le Parti Extérieur au Ministère de la Vérité. Sa tâche consiste à réviser les documents d’archives pour faire correspondre le passé à la version officielle du Parti. Il doit pratiquer la « novlangue », langue qui restreint les mots, les concepts et donc la capacité de réflexion. Contrairement à la majorité de ses concitoyens, il n’arrive pas à pratiquer l’amnésie générale, il commence à écrire son journal et risque ainsi la répression de la Police de la Pensée. Ce geste de rébellion déclenchera une série d’actions et de conséquences.
L’auteur, George Orwell était essentiellement contre l’injustice sociale. Né aux Indes en 1903, il fait ses études en Angleterre. Il a été policier en Birmanie d’où est né son sentiment anti-impérialisme. Il a été journaliste politique. En 1938, il s’est engagé sur le front de la guerre espagnole d’où naîtra son sentiment anti-totalitariste nazi et communiste.
1984 est un reflet de cet engagement. On peut lire ce roman avec comme toile de fond l’après-Deuxième Guerre mondiale. Cette dystopie est à classer parmi les classiques parce que toujours aussi actuelle. Elle donne un éclairage sur la réalité politique et en fait également un objet de réflexion sur nos démocraties modernes et l’omniprésence des mesures de sécurité et de contrôle de l’information.
En parlant de la tyrannie en Océnia : « dans le passé, aucun gouvernement n’avait le pouvoir de maintenir ses citoyens sous une surveillance constante. L’invention de l’imprimerie, cependant, permit de diriger plus facilement l’opinion publique. Le film et la radio y aidèrent encore plus. Avec le développement de la télévision et le perfectionnement technique qui rendit possibles, sur le même instrument, la réception et la transmission simultanée, ce fut la fin de la vie privée. […] »
L’orangeraie
Je vous suggère également L’Orangeraie de l’auteur québécois Larry Tremblay. C’est l’histoire de frères jumeaux, sans doute des Palestiniens, dont les grands-parents sont tués par un obus. L’un des frères est choisi à 9 ans pour devenir martyr. L’autre émigrera au Québec où il étudie en arts dramatiques à l’UQAM. C’est une réflexion sur la guerre, les choix impossibles et son impact sur l’humain. C’est un récit dur, mais très beau.
Petit cours d’autodéfense intellectuelle
Et si vous cherchez un antidote aux faits alternatifs, je suggère l’essai du philosophe Normand Baillargeon : Petit cours d’autodéfense intellectuelle, paru en 2005 chez Lux Éditeur. C’est toujours d’actualité.