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La visite d’une nymphe
Gisèle Bart- Le 27 mai, c’est littéralement une nymphe que Diffusions Amal’Gamme produisait à la salle St-François-Xavier de Prévost, en l’occurrence la jeune violoniste Marianne Di Tomaso. Elle était accompagnée au piano par Mme Claire Ouellet.
Le décor monté avec toujours autant de soin par M. et Mme Tassé comportait entre autres une délicate statuette bleu-de-gris, représentation d’une gracieuse porteuse d’eau. Était-ce délibéré?
« Si le violon a la voix de l’âme, il me fait plaisir de vous présenter une belle âme ». Judicieusement annoncée en ces termes, Marianne nous apparut éblouissante de joliesse. Portant sur le visage tout à la fois la fraîcheur de sa jeunesse et le sérieux exigé par la maîtrise de son instrument, cheveux longs et sages, elle était vêtue d’une robe inoubliable coupée dans un crêpe d’un vert d’eau apaisant aux reflets métalliques vieil or. Le ton était donné : nous passerions la soirée en compagnie d’une naïade, la nymphe des sources.
Sa présentation du programme, soigneusement préparée, intéressante et concise tout à la fois, fut faite dans un langage simple et bien articulé : un germanique et romantique Beethoven (la sonate no 4, Op. 23 en la mineur), un russe Tchaïkowsky aux relents tziganes (Valse sentimentale en fa mineur), la folklorique musique de rue d’un Bartók (Danses roumaines). Après la pause, un Grieg raffiné « à la détermination implacable » (Sonate no 3, Op. 45 en do mineur) sera suivi des accents hispaniques d’un fougueux Sarasate (Caprice Basque, Op.24), que Marianne affrontera, vaillamment soutenue par sa pianiste. L’assistance se lèvera comme un geyser, emportée d’enthousiasme par le talent d’une violoniste surdouée. La pianiste sera également fortement applaudie comme elle le méritait absolument. En effet, tout au long du concert, étant toutes les deux en pleine possession de leur instrument et se pressentant mutuellement, elles avaient permis à l’émotion de s’installer durablement.
À l’exécution, nous avons pu constater que la fragilité de Marianne n’était qu’apparente. Bien au contraire, pendant une heure et demie, son jeu ne fut qu’assurance et solidité et je serai impressionnée par sa maîtrise des multiples possibilités du violon. À l’éclaboussement d’effets sur les cordes du Sarasate succédera en rappel une pièce d’une grande douceur, mélancolique comme il se doit, puisqu’il s’agissait non pas d’un rêve mais d’Après un Rêve, celui de Fauré.
« C’est un privilège d’avoir assisté à ce concert exceptionnel, d’une beauté sans limites » dira quelqu’un en quittant la salle comme à regret.