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Rendez-vous Conservation Laurentides
Valérie Lépine
Éco-Corridors Laurentiens profite chaque année de son assemblée générale pour organiser une rencontre qui présente les bons coups régionaux en matière de conservation, informe les participants quant aux avancées scientifiques et offre des formations pertinentes pour tout organisme de conservation.
C’est à la Station de biologie de l’Université de Montréal située à Saint-Hippolyte que se sont rassemblés quelque 75 membres d’organismes de conservation de la région dans le cadre de ce Rendez-vous Conservation Laurentides 2017.
Conférence : RéseauLab Laurentides
La conférence d’ouverture, donnée par Roxane Maranger, professeure titulaire au département des sciences biologiques de l’Université de Montréal, portait sur le projet RéseauLab Laurentides. Ce projet emploie des chercheurs et des praticiens de différents horizons et vise à amasser des données scientifiques et pratiques liées aux problèmes environnementaux pour pouvoir ultimement intervenir de façon efficace au niveau du développement durable. Contrairement à d’autres modèles scientifiques qui fonctionnent parfois en silo, cette approche mêle les perspectives, fait la synthèse des différents points de vue et procède de façon itérative : RéseauLab est en constante communication avec les citoyens et les utilisateurs du milieu pour mieux revoir ses pratiques. Cette approche transdisciplinaire et écosystémique conduit à des innovations tant au niveau sociologique qu’environnementale, puisqu’elle fait le pont entre les faits scientifiques et les valeurs des gens. C’est, selon Mme Maranger, la façon la plus efficace d’atteindre les objectifs, puisque ce sont les valeurs, et non les faits, qui guident les comportements.
Bons coups en conservation dans les Laurentides
Le Rendez-vous Conservation Laurentides est aussi l’occasion de souligner les actions régionales qui ont été couronnées de succès.
Premier bon coup – Robert Milot, maire de Sainte-Adèle, est venu expliquer le processus d’acquisition par la Municipalité du mont Loup-Garou. Puisque, selon M. Milot, le sport et le plein air sont des moteurs économiques importants pour Sainte-Adèle, son administration a décidé de pérenniser les sentiers sillonnant le mont Loup-Garou et de soustraire ce domaine de 70 acres au développement immobilier. C’est donc en février dernier que l’entente a été finalisée entre le propriétaire et la Ville permettant ainsi aux citoyens d’avoir accès gratuitement aux sentiers de ski, de raquettes et de randonnée du domaine.
Deuxième bon coup – On estime qu’au rythme actuel, l’étalement urbain des Basses Laurentides fera disparaître tous les milieux naturels d’ici 50 ans. Le projet de Corridor forestier du Grand Côteau est né de ce constat. Porté par Nature-Action Québec avec l’appui du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs et de la Fondation de la faune du Québec, ce projet vise à établir un corridor forestier dans les Basses Laurentides1 d’une superficie de 16 000 hectares. Ce corridor, englobant 21,4 % des boisés de la communauté métropolitaine de Montréal, protégerait et relierait les différents milieux naturels du secteur, dont 18 zones forestières, deux zones humides, une zone agricole et une zone urbaine (jardins communautaires). Les acteurs du projet souhaitent par ailleurs que le Corridor forestier du Grand Coteau soit identifié dans la prochaine version du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) puisqu’il consoliderait la Trame verte et bleue du Grand Montréal2.
Troisième bon coup – Le faucon pèlerin était une espèce en voie de disparition dans les années 70. Grâce aux efforts de conservation, ses effectifs sont revenus au niveau de ceux observés avant les années 70. Le Programme de vigie du faucon pèlerin de la réserve naturelle Alfred-Kelly contribue à la préservation de cette espèce en amassant des données qui permettront d’encore mieux la protéger. En 2016, des bénévoles passionnés ont observé pendant plus de 375 heures le couple de faucons qui, depuis 2010, revient chaque année nicher dans les falaises de Prévost et Piedmont. Les données colligées vont permettre d’établir les balises pour mieux suivre la nidification, assurer la reproduction et protéger l’espèce des menaces environnantes.
Formations
Finalement, Éco-corridors laurentiens a offert aux participants de l’évènement deux formations liées au travail de conservation. D’abord, Louise Gratton, membre fondatrice de Corridor appalachien, a présenté les étapes à franchir par un organisme de conservation pour mettre en place leurs projets. Danielle Landry, fondatrice de l’organisme De Ville en Forêt, a quant à elle démontré comment le programme sans trace, qui fait la promotion de pratiques récréatives mieux adaptées à la fragilité des écosystèmes, peut venir appuyer les efforts de pérennisation des sentiers fournis par les gestionnaires et autres intervenants.
- Ce corridor couvre les MRC de L’Assomption, Les Moulins et Mirabel, et les villes de Blainville, Lorraine, Mascouche, Terrebonne et Sainte-Anne-des-Plaines
- La trame verte et bleue est définie comme « la consolidation de la vocation récréotouristique des ensembles d’intérêt métropolitain en favorisant simultanément la préservation des qualités patrimoniales et paysagères des lieux et le développement d’une masse critique d’attraits et de services; la mise en place des services de transport en commun pour desservir les points d’accès aux composantes de la Trame; du développement du réseau cyclable et du réseau navigable métropolitains, ainsi que la multiplication des points de contact entre ces deux réseaux; et l’augmentation des points d’accès à l’eau à des fins récréatives (baignade, mise à l’eau d’embarcations, activités récréatives en rive, aires d’accostage, etc.). » (Source : cmm.qc.ca)