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Une journée chez les incorruptibles
Paul Germain – Le 27 novembre dernier se tenait l’assemblée générale de la Ligue d’action civique (LDAC), une organisation qui lutte contre la corruption. Rappelons que la Ligue est aussi à l’origine du Comité de suivi des recommandations de la commission Charbonneau.
Au menu de cette journée, outre l’assemblée générale : la création de sections régionales, un panel intitulé « Crime organisé et financement politique » et quatre ateliers aux choix des participants. Le clou de l’événement a été la remise des prix de LDAC.
Sédillot et Zambito
Les invités du panel, André Sédillot, le journaliste d’enquête, auteur du livre Mafia inc. et Lino Zambito, le témoin clé de la commission Charbonneau nous ont expliqué que la corruption sévissait encore au Québec. M. Zambino a été clair. L’UPAC ne réglera rien. Après 5 ans, elle n’a mis personne en prison et elle ne mettra jamais les véritables architectes des malversations derrière les barreaux. Politique oblige.
Présents, divers élus ou candidats défaits témoignent des menaces reçues de leur Ville ou d’autres intervenants du milieu : mise en demeure, poursuite en diffamation, voie de fait, sabotage, vandalisme, arrestation injustifiée.
Incroyable, inimaginable, ici, pas en Russie.
Lino Zambito nous martèle que la solution passe par les citoyens. Les membres de la ligue répliquent que la population est désengagée, que le cynisme ambiant triomphe, que les contribuables sont si amorphes qu’ils ont renoncé à défendre le bien commun, leurs taxes contre le pillage des malfrats.
Sylvie Roy, Julie Snyder et Xavier-Antoine Lalande
En fin de journée, un hommage a été rendu à titre posthume à Mme Sylvie Roy pour son rôle dans l’obtention de la commission d’enquête sur la construction.
Et puis à la fin, il y a la remise des prix annuels de la Ligue d’action civique. Jacques Bergeron, ex-vérificateur général de la Ville de Montréal durant la saga des compteurs d’eau, a remporté le prix de la personnalité publique.
L’ingénieur dénonciateur et témoin important de la commission Charbonneau François Beaudry, celui qui a fait tomber le maire de Laval, a été nommé personnalité de l’ombre.
Mais nous retenons avec une certaine émotion que le titre de personnalité élue de l’année a été remis à Xavier-Antoine Lalande, jeune échevin de Saint-Colomban qui s’est opposé à la nomination d’une conseillère en communication pour ladite ville alors qu’elle recevait un salaire, à ses yeux injustifié et injustifiable.
Monsieur Lalande a subi différentes attaques de la part de son maire, ce dernier l’accusant de conflit d’intérêts, l’enjoignant à démissionner jusqu’à ce que la Commission municipale du Québec donne raison au jeune élu (jugement : www.cmq. gouv.qc.ca/data/documents/decisions/65317-decision.pdf).
Le brave conseiller a livré un vibrant discours, rempli d’émotion. Ce prix marquant l’aboutissement d’une lutte insidieuse et inégale qu’il a remporté au prix de sa santé, de sa réputation et de sa vie familiale. Julie Snyder, qui accompagnait l’un des participants a dit à Xavier-Antoine être inspiré par son histoire et son courage. Et elle n’était pas la seule. Nous devrions tous en être inspirés; Xavier-Antoine Lalande et les autres récipiendaires sont des antidotes au cynisme.
Oui, il existe des gens honnêtes en politique qui travaillent fort pour le bien commun. Il faut sortir de notre torpeur et prendre modèle sur ces gens qui font passer les intérêts de la collectivité avant les leurs. Sinon, l’argent va encore gagner, et il l’a remporté trop souvent.
Rappelons que la Ligue d’action civique lutte contre la corruption en mettant de l’avant : la saine gouvernance des administrations publiques — une plus grande participation des citoyens à l’administration locale — une plus grande participation des citoyens dans les élections, y compris en tant que candidat.