Merci, tout de même

Nataliya Labiau au piano et Dominic Painchaud au violoncelle.
Sylvie Prévost
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Nataliya Labiau en duo

Sylvie PrévostSans qu’on sache pourquoi, là où l’on attendait une pianiste seule s’est présenté un duo. Y a-t-on gagné au change? Je dois dire que le programme de la soirée faisait place à de la bien belle musique.

Le Marcello est en fait le second mouvement d’un concerto pour hautbois que J.S. Bach aimait tant qu’il en a fait une transcription pour clavecin seul. C’est de cette transcription qu’est né l’arrangement pour piano et violoncelle que nous entendons maintenant. C’est de la musique pleine de sentiment, même poignante, un sommet de la musique baroque italienne, malheureusement entaché par la justesse parfois approximative du violoncelle.

Le samedi 19 novembre 2016  : Nataliya Labiau en duo

Nataliya Labiau, pianiste et Dominic Painchaud, violoncelliste.  A. Marcello : Larghetto Affettuoso ; J. S. Bach : Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, BWV 1029 ; F. Mendelssohn : Duetto ; P. Tchaïkovski : Nocturne op. 19  et Pezzo Capriccioso op. 62 ; F. Mendelssohn : Romance sans paroles op. 109 et Spinnerlied ; J. Brahms : Sonate pour violoncelle et piano no 1 en mi mineur, op. 38.

Nous glissons ensuite tout naturellement dans une sonate de Bach. La pianiste joue très détachée, comme il se doit lorsqu’on choisit de rappeler le clavecin, et le violoncelle, encore une fois, n’est pas toujours juste. On a l’impression que les artistes ne s’écoutent pas beaucoup, mais que chacun sait ce qu’il a à faire.

Sur cet aspect, le Duetto de Mendelssohn est mieux, quoique ça ne lève pas beaucoup… Et on peut en dire autant des Tchaïkovski qui suivent et du reste du programme. Inutile de se répéter.

Nous sommes devant une excellente pianiste qui n’ose jamais se mettre en avant. On ne peut que le déplorer, car en se concentrant sur son jeu, on entend sa sensibilité et son engagement. Elle est bien plus disponible au point de vue émotif que son comparse. Pourtant, elle s’est trouvée continuellement en situation de simple accompagnatrice du violoncelle. C’est bien dommage.

Le violoncelliste, quant à lui, ne paraît pas disposer d’une très grande palette expressive. Même les arpèges de la sonate de Brahms manquent de fougue, eux qui impriment à l’œuvre une si belle ampleur dramatique. Les problèmes de justesse dans la première pièce peuvent se faire oublier en cours de programme. Mais quand on grince des dents à tout moment dans la soirée, c’est un peu embêtant.

Les rideaux encerclant la salle ont-ils eu un effet étouffoir? Possible. Le duo est-il tout nouvellement assemblé, de sorte que la communication entre les musiciens n’est pas encore excellente? Possible. Le violoncelliste en a-t-il trop pris sur ses épaules? Possible.

Quoiqu’il en soit, ce merveilleux programme n’a pas livré tout ce qu’il aurait pu en termes de couleur, d’émotion et de bien-être. C’est bien dommage, encore une fois.

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