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Tristan Longval-Gagné, sous les thèmes de l’eau et de l’humour
Sylvie Prévost – Rassemblant plusieurs œuvres sous les thèmes de l’eau et de l’humour, Tristan Longval-Gagné s’est fait l’interprète lumineux de compositeurs inspirés.
Les pièces de ce récital sont d’authentiques joyaux méconnus. Les présentations que le pianiste en a faites sont éclairantes et manifestement étayées par des recherches exhaustives, bien qu’elles aient été livrées au public fort simplement et avec beaucoup d’humour. Voilà un musicien qui sait de quoi il parle.
Le piano étant de nature percussive, rendre la musique fluide sans tout noyer dans la pédale est déjà une réussite. La technique merveilleuse de Longval-Gagné permet tout le legato nécessaire, souligne le chromatisme de Liszt qu’il agrémente de notes perlées, en gouttelettes brillantes. Les pièces suivantes, très imagées, témoignent d’un excellent sens du récit, soutenu par une immense palette de nuances. Portant sur différentes façons de représenter l’eau, tout subtilité et finesse, la première partie du concert est restée enjouée et lumineuse.
La seconde partie s’est orientée vers l’humour. Satie est de mise ici, bien sûr. Sa Sonatine, avec ses ruptures de ton bien menées, a fait sourire tout le monde. Prokofiev donnant dans le sarcasme était plus dur, d’une sensibilité profondément écorchée, rendue palpable par l’interprète. La pièce suivante a été la plus virtuose : 25 variations courtes, toutes très typées, étourdissantes à force de virevolter d’une atmosphère à l’autre. D’une extrême difficulté, il ne nous en reste pourtant que le plaisir de l’écoute. Longval-Gagné n’a pas froid aux yeux, tant mieux pour nous !
De la même façon, la pièce finale est quelque chose à connaître parmi les morceaux de musique contemporaine. Des sections hypnotiques, aliénantes, étouffantes, sont entrecoupées d’un blues tout simple d’homme résigné et courageux, avant que tout ne vole en éclat. Encore une fois très imagée, cette musique fait vivre des moments uniques. Et dire que certains n’aiment pas la musique contemporaine !
Toucher ainsi à l’expérience humaine commune à travers le langage musical serait impossible sans un grand interprète, dont les moyens techniques, l’érudition et la sensibilité sont au service des compositeurs et de leur inspiration. Cette soirée, qu’à la manière de Satie, j’aurais appelée du titre de cette critique, est à marquer d’une pierre blanche.