Le lac Raymond à son meilleur

Photo : Alexandra Girard; La plage du lac Raymond, à Val-Morin, lac qui est traversé par la rivière du Nord.
Félix Tarabulsy
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Plage du lac Raymond

Félix Larose-Tarabulsy – Il y a du mouvement au lac Raymond. Après neuf ans de fermeture, la plage du lac est à nouveau ouverte aux citoyens. La réouverture de la plage est également accompagnée de l’installation du Coliminder, un appareil qui mesure la concentration de coliformes fécaux avec une résolution temporelle inégalée.

Le lac Raymond reçoit les baigneurs

Cela faisait neuf ans que la plage était fermée, presque une décennie. L’été 2007 était la première saison de baignade où les Valmorinois n’ont pas pu profiter de la plage. 2007 c’est loin. 2007 a aussi été l’année où le journaliste Bernard Drainville annonce qu’il se lance en politique pour le PQ, ça fait longtemps! Curieusement, l’année 2016 a mis fin à ces deux changements de 2007 : M. Drainville est de retour aux médias et la plage à Val-Morin accueille les baigneurs une fois de plus.

Le combat mené par Guy Drouin, maintenant maire de Val-Morin, et l’Association des riverains du lac Raymond est raconté dans l’article de La Presse « Une bataille acharnée pour la dépollution du lac Raymond ». On y retrace tous les obstacles juridiques, politiques et plusieurs autres « hic » qu’ont surmontés les valeureux protecteurs du superbe lac et de sa plage. Le résultat de leur lutte : un investissement de 20 millions pour la mise à niveau de la station d’épuration de Sainte-Agathe et des ouvrages de surverse (15,4 millions fournis par les gouvernements provincial et fédéral et 4,5 millions provenant de la Municipalité de Sainte-Agathe). Ces importants travaux ont permis une nette amélioration de la qualité de l’eau du lac Raymond. En effet, le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la lutte contre les changements climatiques a donné à la plage du lac Raymond une cote bactériologique de « A ». « A » pour excellent selon le ministère et « A » pour Attaboy pour les autres. Le lac était bel et bien prêt à recevoir.

Il reçoit aussi des chercheurs!

Le lac Raymond n’a pas seulement accueilli les baigneurs cet été. Un groupe de chercheurs de Polytechnique Montréal y a également eu affaire pour installer le Coliminder. Monsieur Jean-Baptiste Burnet, postdoctorant à Polytechnique sous la direction de la professeure Sarah Dorner, est responsable du projet et a bien voulu répondre à nos interrogations.

Normalement, la méthode utilisée pour mesurer la concentration de coliformes fécaux est de prendre un échantillon d’eau, l’amener en laboratoire et 24 à 48 heures plus tard, obtenir la mesure de concentration de coliformes fécaux. 24 à 48 heures, c’est très long considérant que la concentration peut avoir une immense variation en seulement quelques minutes. Entre en jeu le Coliminder; cet appareil, développé par Vienna Water Monitoring, permet d’obtenir des mesures de la concentration de coliformes fécaux 50 à 100 fois plus rapidement, soit en 30 minutes. M. Burnet explique que cette remarquable amélioration temporelle est possible puisque le Coliminder « détecte la contamination en mesurant une enzyme qui est un bon indicateur de la concentration de coliformes fécaux ». De plus, les échantillons se prennent automatiquement et les résultats sont directement envoyés aux ordinateurs de la Municipalité et des chercheurs. Ainsi, plutôt que d’avoir un échantillon par mois, le Coliminder permet d’en obtenir plusieurs par jours.

Les promesses du Coliminder

Cette nouvelle technologie est porteuse d’un grand potentiel, tant pour la protection des lacs et rivières que pour leur utilisation récréative. D’abord, en accumulant un si grand nombre de données, il sera possible d’identifier avec plus de précision les dynamiques de transfert des coliformes fécaux dans le bassin versant. Le groupe de recherche est d’ailleurs dans le processus de créer un modèle pour la Municipalité de Val-Morin qui lui permettra de « mieux comprendre comment, quand et à quelle fréquence arrivent les pics de contamination et quelles en sont les causes », explique M. Burnet. Il sera donc plus facile de savoir où il faut intervenir et quel type d’intervention sera plus efficace pour protéger le lac, la rivière et les citoyens.

Pour les baigneurs, le Coliminder est aussi un gage de sécurité. Comme l’appareil mesure le niveau de contamination chaque demi-heure, les autorités de la Ville sont rapidement mises au courant lorsque la concentration de coliformes devient trop élevée pour la baignade. « On va être en mesure de réagir immédiatement », explique Serge Tassé, responsable du service de travaux publics de Val-Morin, « si la quantité de coliformes est trop élevée on peut réagir en fermant la plage ».

Le Coliminder s’en va ailleurs

Malheureusement, Val-Morin n’a pratiquement pas pu profiter du Coliminder cet été. Il n’a été installé qu’à la fin de la saison de baignade, avec une période de calibrage et d’ajustement d’un à deux mois, il ne sera pas d’une grande utilité cette année. Par contre les familiers du lac Raymond pourront compter sur le retour du Coliminder pour l’été 2017. Entre temps, il sera déplacé ailleurs où les chercheurs pourront continuer à tester l’appareil et ainsi perfectionner leur lecture des signaux et des mesures qu’il produit.

Il est également possible que le Coliminder revienne pour 2018, mais après cela, le groupe de recherche aura terminé ses travaux à Val-Morin et la Ville ne pourra pas le conserver plus longtemps. La Municipalité aura alors la possibilité de se contenter d’y avoir eu accès pour quelque temps, ou de s’en procurer un pour elle-même. Le prix de vente d’un tel engin est de 35 700 euros, ce qui revient environ à

52 000 dollars canadiens. Autrement, il est également possible d’en louer un pour un moindre coût. Qu’il soit à Val-Morin pour deux ans ou pour plus longtemps, le Coliminder permettra à la Ville de Val-Morin d’avoir accès à des données nombreuses et précieuses qui pourront être utilisées pour mieux protéger et mettre en valeur le lac et la rivière.

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