Un vent bienfaisant

Photo: Serge Pilon Le groupe R.C. jazz Ensemble en action. Le musicien-éducateur Raoul Cyr et son band de 18 musiciens parmi ses élèves, ses anciens élèves et les élèves de ses anciens élèves.
Gisèle Bart
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L’RC Jazz Ensemble

Gisèle Bart – Ce 11 juin, à Prévost, M. Gladu donna d’abord la parole à Mme Brenda Burridge, vice-présidente de l’organisme Laurentian Club, partenaire de DAG une fois chaque année. Après quoi M. Gladu nous annonça : « Ils se sont mis beaux pour vous, voici ceux que vous attendez, L’R.C. Jazz Ensemble ».

Quand six saxophones, cinq trombones, quatre trompettes, un clavier, une guitare, une basse et une batterie jouent ensemble, ça sonne! Sur vingt instrumentistes, trois filles. Une brochette de musiciens réunis par les soins de Raoul Cyr. Parmi eux, l’un fut le professeur de l’un qui fut le professeur d’un autre.

Un Glen Miller berceur, un Billy Strayhorn, un Johnny Greene, un aventureux Bronislau Kaper, c’est un bel amalgame, encore plus de cohésion et d’uniformité que l’année dernière, encore plus de talents remarquables. Pour Georgia On my Mind de Hoagy Carmichael, Raoul sera l’heureux soliste au trombone. Puis, composée par un percussionniste, la pièce suivante, de Mongo Santamaria, est une envolée lyrique, un alliage de puissance et de subtilité. C’est un vent bienfaisant qui nous visite. Puis, « un chaos qu’on va essayer d’organiser », la prochaine pièce est de Charles Mingus. Il s’agit de Moanin’, une pièce déstabilisante, fortement appréciée par un public connaisseur. Enfin, pour la dernière pièce avant la pause, Corcovado de Antonio Carlos Jobim. Raoul Cyr insiste : « Il faut la jouer très doux! » À la pause. dans l’assistance, des commentaires; « … excellent, impressionnant, voire surprenant! »

Au retour, ce sera Blackbird de Lennon et de McCartney. Peu mélodique, c’est une pièce bizarre, à l’image de ce psychédélique 1968. De la même époque, même genre de morceau, Povo à la boogaloo. On commence à côté de moi à taper du pied. « Les frémilles nous gagnent ». En finale, d’étincelantes trompettes. Suit un hommage de Stevie Wonder à Duke Ellington composé en 1976, deux ans après la mort de ce dernier. Du compositeur Herbie Hancock on joua un morceau coquin et titillant. Vint enfin Tutu, la pièce mythique de Miles Davis au son si particulier, à la mélancolie exacerbée. De Alfred James Ellis, une pièce assez récente et démente à la guitare excitante. Le bassiste, entre autres, est fortement applaudi.

« On va se calmer un peu! » avec du brésilien, Pescados Frescos d’Armando Rivera. Nous voici effectivement en Amérique du Sud. Enfin, un momentum de musique, Don’t Steal My Stuff de Gordon Goodwin, écrite en 2014. Raoul quitte son siège de tromboniste et revient à l’avant reprendre sa place de chef d’orchestre. On ne se doute pas de ce qui nous attend.

Plein la vue

Les bras et les mains de Raoul dansent un ballet contemporain, indiquant à ses ouailles leur entrée dans le bal. Plein les oreilles, les musiciens s’interpellent, se répondent en un coq à l’âne quasi cacophonique, tout cela en musique bien sûr. La parole est à Louis, puis à Pascal, puis à Xavier, puis à Gravel, puis à Maxime, puis à Jessica, puis à Jonathan, puis à David, à tous et à chacun qui peuvent porter haut leur fierté même si je ne les ai pas nommés. Une escalade des sons splendide qui se termine en apothéose pyrotechnique.

Pour finir, ce fut Birdland, une composition du claviériste autrichien Joe Zawinul célébrant un bar célèbre de New York où se produisirent les Miles Davis et les Dizzy Gillespie et où les « p’tits nouveaux « venaient prendre leur envol ou se briser les ailes. L’assistance est au paroxysme de la joie. – Ah! Comme ce vent fut bienfaisant.

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