Pipelines, pouvoir et démocratie

Alexandra Girard
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Ciné-club de Prévost : Pour une action citoyenne

Alexandra Girard – C’est en présence du réalisateur Olivier D. Asselin qu’il a été possible de visionner, le 17 juin dernier, le documentaire Pipelines, pouvoir et démocratie au Ciné-Club de Prévost. La projection a laissé sans mot les spectateurs qui ont quitté la salle Saint-François-Xavier avec la certitude que l’action citoyenne peut changer bien des choses.

Suivant le parcours durant deux ans de quatre individus engagés dans la lutte contre la construction de pipelines et l’exploitation du pétrole sur le territoire québécois, le film se veut comme un éloge à la « diversité des manières de s’impliquer », a dit le réalisateur suite à la projection du documentaire. D’emblée, on découvre avec fascination la militante Alyssa Symons-Bélanger qui, enchaînée aux grillages de la raffinerie Suncor à Montréal en 2014, a dénoncé le projet d’inversion de l’oléoduc 9B d’Enbridge, destiné à acheminer le pétrole de l’Alberta vers les raffineries de l’est du pays. On construit des pipelines, mais « on ne questionne pas ce qui passe à travers », déclare la jeune femme dès les premières images du long-métrage.

Le film s’intéresse aux actions posées par Daniel Breton qui, autrefois ministre de l’Environnement au Parti Québécois en 2012, a contesté à sa manière l’industrie polluante du pétrole issu des sables bitumineux, et ce, jusqu’à ce que la machine politique ait raison de lui. « Est-ce qu’on est maître chez nous ou non? », demande-t-il. Un questionnement qui, loin d’être anodin, donne le ton à tout le reste de l’œuvre cinématographique. On rencontre également deux militants écologistes, Mikaël Rioux et André Bélisle, l’un des fondateurs et ex-présidents de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

Quatre protagonistes, quatre parcours, mais un même combat au nom de l’environnement, car les dangers de cette énergie fossile sont bien réels. Notamment, lorsque TransCanada a envisagé de bâtir un port pétrolier à Cacouna, ce sont les bélugas du fleuve Saint-Laurent, une espèce maintenant en voie de disparition, qui étaient menacés. Le projet a heureusement avorté en 2015.

Les spectateurs, suite à la projection du film, se sont questionnés à savoir pourquoi le réalisateur a donné uniquement la parole aux militants qui se positionnent contre l’industrie des sables bitumineux et leur exploitation. À cela Olivier D. Asselin a répondu que « ceux qui sont pour l’industrie on les entend déjà ». En tant que documentariste, il se considère comme un « observateur-participant » qui porte un regard précis sur une situation. « Il n’y a pas de prétention à l’objectivité en documentaire : j’ai réalisé ce film en tant que citoyen avec mes propres postures politiques », a-t-il dit aux auditeurs attentifs.

Le film, mettant en relief les enjeux environnementaux du Québec actuel, appelle à l’action, car en tant qu’individu « on peut avoir un impact », a ajouté le réalisateur. Seulement, il a précisé que « nous devons le faire ensemble. On ne peut pas changer les choses seules, mais on peut faire une différence en rassemblant nos forces », a-t-il affirmé aux spectateurs inspirés par cette invitation à faire entendre leur voix. Pipelines, pouvoir et démocratie poursuit sa tournée partout au Québec afin d’encourager tous ceux qui luttent avec cœur contre l’expansion de l’industrie pétrolière sur le sol québécois.

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