Avenir du journalisme
Comment survivre à la crise?

Valérie Lépine
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Valérie Lépine-La révolution numérique a provoqué bien des remous dans le monde journalistique. Madelaine Rohan, journaliste et correspondante canadienne pour The Economist, a rédigé un rapport complet sur la crise que vivent actuellement les médias.

Le rapport titré Le journalisme de qualité a-t-il un avenir au Canada? et publié en 2016 par le Forum des politiques publiques du Canada fait le constat que les nouvelles technologies de l’information bouleversent les médias traditionnels notamment en changeant la façon dont l’information est transmise et en diminuant les revenus de publicité. Selon les données colligées par Rohan, ce sont Google et Facebook qui accaparent actuellement 64% des revenus publicitaires.

Comment, dans ce contexte, peut-on garantir que les citoyens auront toujours accès à de l’information de qualité, c’est-à-dire, selon la journaliste, une information équilibrée, précise et indépendante des intérêts particuliers?

Dans la première partie de son rapport, Madelaine Drohan énumère les principales menaces qui pèsent sur le journalisme au Canada. La désuétude des modèles d’affaires conventionnels, le recours de plus en plus fréquent aux bloqueurs de pubs en ligne, le fait que les géants d’internet comme Google, Facebook, Twitter et Apple ont développé des sites de nouvelles, les attentes des lecteurs, la multiplicité des sources d’information et la précarité du métier de journalisme constituent selon elle les principales embûches au journalisme de qualité.

Madelaine Drohan propose cependant des solutions. D’abord, la journaliste affirme que les organes de presse doivent revoir leur façon de faire et tenter de répondre aux nouvelles attentes des lecteurs. Ceux-ci trouvent souvent dans les médias sociaux les dernières nouvelles. La presse, écrite ou autre, peut difficilement publier les nouvelles au rythme de Buzzfeed ou VICE. Pourquoi ne pas repenser son contenu? Elle devra aussi revoir son modèle d’affaires : quelques médias se sont par exemple tournés vers les fondations à but non lucratif pour se financer. En outre, puisque les subventions gouvernementales directes ne sont pas la solution idéale pour aider les médias traditionnels, Madelaine Drohan énumère d’autres façons que pourraient avoir les gouvernements de les aider en renforçant par exemple certaines lois, notamment celles qui touchent aux droits d’auteur et celles relatives à la régulation de la concurrence. Les journalistes aussi devront s’adapter au contexte très compétitif et développer leur esprit d’entreprise.

Madelaine Drohan garde un optimisme « mesuré » face à l’avenir du journalisme de qualité à l’ère du numérique, mais elle croit qu’il occupera une place plus limitée et que la taille des médias sera réduite.

Le rapport de Madelaine Drohan est disponible dans son intégralité ici.

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