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Alexandra Girard-Mercredi 4 mai, 18 h, dans le décor champêtre de l’Auberge Saint-Gabriel à Montréal, se tenait le lancement du livre La liberté de presse, la liberté de tous signé par Claude Robillard, ex-secrétaire général de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). Ce sont plus de 80 personnes, verre à la main, qui ont célébré cette nouvelle parution redorant l’image de la liberté de presse trop souvent incomprise.
Au départ, a expliqué Caroline Locher, directrice générale de la FPJQ, le projet se destinait à être un rapport sur l’état des lieux de la liberté de presse, mais s’est vite converti en « un livre qui va devenir un ouvrage de référence pour les citoyens, les journalistes, les membres du gouvernement et lors de débats ». Paru aux éditions Québec Amérique, Robillard livre un portrait pédagogique et juridique exhaustif sur la liberté de presse : son histoire, son essence, ses combats et ses limites. Un outil à la disposition de tous afin que cette notion, indispensable à la démocratie, soit reconnue à sa juste valeur.
Pierre Craig, l’ancien président de la FPJQ, a obtenu auprès du ministère de la Culture et des Communications du Québec une subvention de 50 000 $ pour la réalisation du projet. L’animateur de La Facture, ayant annoncé récemment son départ de Radio-Canada, a cru en la portée d’un ouvrage sur l’importance de la liberté de presse au nom de la vérité. Pour lui, au sein d’une émission d’enquête comme La Facture, son travail journalistique débute dès lors qu’il peut aider les gens à raconter leur histoire. Puisque « raconter l’injustice dont on a été victime, c’est le début de la justice », a-t-il déclaré.
Le livre est tombé à point pour souligner la Journée mondiale de la liberté de presse, le 3 mai dernier. L’occasion parfaite pour remettre les pendules à l’heure; redéfinir le concept d’une presse libre fréquemment pointée du doigt pour être allée trop loin ou avoir promulgué des informations dérangeantes. Mais, selon Claude Robillard, il s’agit là du principe même de la liberté de presse, étroitement liée à la liberté d’expression : « si on se met à interdire des idées qui choquent, ça ne finira jamais », a-t-il dit. Toutes les idées ont le droit d’être émises et exprimées, autant les perspicaces que les insensées. C’est leur coexistence qui alimente un débat porteur de sens et d’évolution en société. De même pour les médias, toutes natures confondues, qui aident par leur diversité à nourrir le dialogue. « Ils ont autant le droit de vivre l’un et l’autre », a-t-il ajouté.
L’avant-propos du livre rédigé par la plume d’Yves Boisvert, chroniqueur pour La Presse, exprime bien cette situation d’une liberté de presse incomprise : « on l’aime à condition qu’elle ne défrise pas trop ». Pourtant il faut l’adorer encore plus particulièrement lorsqu’elle dérange. Restreindre la liberté de presse revient à maintenir le public dans l’ignorance. La Charte canadienne des droits et libertés inscrit d’ailleurs la liberté de presse, au même titre que la liberté d’expression, dans la liste des droits fondamentaux prévalant sur toutes les lois. Les limites en sont exceptionnelles, explique Robillard, la diffamation et la propagation haineuse peuvent contraindre la liberté de presse, mais ne devrait-elle pas être justifiées auprès de la Cour suprême?
D’emblée, ce droit fondamental est loin d’être exclusif à l’élite journalistique, au contraire, il concerne tous les citoyens, sans exception. Il s’adresse à ceux qui souhaite publier, partager, communiquer, créer du contenu, mais également à ceux qui désire y avoir accès. Une liberté pour tous, essentielle.