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On entend encore peu parler du phénomène d’infiltration au radon dans les bâtiments et de ses effets potentiellement très néfastes sur la santé. Pourtant, des concentrations élevées de ce gaz dans une habitation peuvent causer le cancer du poumon. On estime d’ailleurs que le radon entraîne le décès de 500 personnes par année au Québec.
Le radon est un gaz radioactif invisible, inodore, incolore et sans saveur. Il est issu de la désintégration naturelle de l’uranium (radium) présent dans la croûte terrestre. À l’air libre, iI se dilue dans l’atmosphère, mais dans les espaces clos, il peut s’accumuler en de fortes concentrations.
Ce gaz est plus lourd que l’air ; dans un bâtiment, il a donc tendance à se retrouver au sous-sol. La concentration de radon est aussi plus élevée l’hiver dans les maisons puisque celles-ci sont généralement moins ventilées durant la saison froide.
Dangers pour la santé
Santé Canada a fixé le seuil critique de concentration de radon à 200 Bq/m3.1 L’Organisation mondiale pour la santé (OMS) recommande quant à elle de fixer ce seuil à moins de 100 Bq/m3. Au-delà de ces concentrations, on estime qu’une exposition de plus de quatre heures par jour peut entraîner des risques accrus de développer un cancer du poumon. Le radon serait responsable de 16 % des décès par cancer du poumon au Québec. C’est la deuxième cause identifiée de ce cancer après le tabagisme. Les fumeurs sont d’ailleurs plus à risque : 90 % des décès par cancer du poumon attribuables au radon surviennent chez les fumeurs.
Infiltration insidieuse
Le radon, comme les autres gaz présents dans le sol, arrive à s’infiltrer dans les habitations puisque la pression du sol est la plupart du temps supérieure à la pression atmosphérique à l’intérieur des bâtiments. Ce gaz pénètre les sous-sols par toute ouverture en contact avec le sol : sols en terre battue (vides sanitaires), fissures dans les murs et les planchers, joints non étanches dans la tuyauterie, drains, etc. Le radon peut aussi se retrouver dans l’eau et être évacué dans la maison lors de la lessive ou de la prise de douche. Cependant, ces émanations issues de l’eau ne sont généralement pas assez importantes pour devenir un risque pour la santé.
Le radon peut être décelé dans toutes les habitations, mais en quantités peu préoccupantes pour la santé. On évalue à environ 35 Bq/m3 la concentration moyenne de radon dans les sous-sols québécois.
Plusieurs facteurs déterminent les taux de concentration du radon : les caractéristiques du sol, le climat, le type de maison, l’état des fondations, la pression barométrique dans l’enveloppe du bâtiment, les conditions atmosphériques, etc.
Il n’y aurait pas de région sans radon au Canada. Et on ne peut associer certaines régions à des taux élevés de radon. Des variations importantes existent même d’une maison à l’autre dans un même voisinage.
Une enquête pancanadienne effectuée en 2012 par Santé Canada montrait qu’une moyenne de 6,9 % de Canadiens habitaient des bâtiments où la concentration de radon était supérieure à 200 Bq/m3. Pour le Québec, ce chiffre s’élevait à 8,2 %.
En général, la population du Québec est donc peu exposée au radon. Toutefois, certains secteurs des Laurentides semblent plus propices aux émanations de ce gaz comme les villes d’Oka, de Saint-Joseph-du-Lac et de Saint-André-d’Argenteuil ainsi que les villes de la MRC Antoine-Labelle. On explique ce phénomène par le fait que les formations géologiques présentes dans ces régions seraient plus riches en uranium. Pour ces villes, la Direction de la santé publique des Laurentides est intervenue et certaines municipalités ont mis en place des mesures pour diminuer l’exposition des citoyens à ce gaz nocif.
Détection
Il est possible d’évaluer le taux de radon présent dans une habitation. On peut faire appel à une firme spécialisée2 ou faire le test soi-même à l’aide d’un dosimètre.
Il existe plusieurs types de dosimètres sur le marché3. Santé Canada conseille l’utilisation de détecteurs de traces alpha. On recommande de faire un test d’une durée d’au moins trois mois entre les mois d’octobre et d’avril. Les dosimètres doivent être utilisés selon un protocole de mesure bien précis pour donner des résultats valides. Une fois la période de mesure terminée, le dosimètre doit être envoyé dans un laboratoire d’analyse (les dosimètres achetés chez CAA Québec et à l’Association pulmonaire du Québec sont accompagnés d’une enveloppe pré-adressée et d’un formulaire destiné à un laboratoire d’analyse situé aux États-Unis). Les résultats sont obtenus après une vingtaine de jours.
Mesures pour l’éliminer
Si un sous-sol contient entre 200 et 600 Bq/m3 de radon, on recommande de mettre en place des mesures de mitigation dans un délai de deux ans. Si toutefois le taux est supérieur à 600 Bq/m3, ces mesures doivent être entreprises à l’intérieur d’un an.
Si des travaux pour éliminer le radon deviennent nécessaires, il est possible de faire appel à un professionnel spécialisé2. Celui-ci pourra entreprendre des travaux tels que le colmatage de fissures et des espaces au niveau de la tuyauterie, l’installation de membrane de plastique sur le sol des vides sanitaires ou la mise en place de systèmes de ventilation ou de dépressurisation. Le coût de ces travaux dépend grandement de leur nature, mais, selon CAA Québec, ils peuvent se situer entre 500 $ et 3000 $.
Pour ceux qui entreprennent la construction d’une maison, il est possible de réduire les probabilités d’infiltration par des mesures comme la pose d’un joint de mastic souple entre la dalle de plancher et les murs de fondation, l’installation d’une membrane de polyéthylène étanche sous le béton, l’installation d’un tuyau d’évacuation sous la dalle de béton, qui pourra plus tard être relié à un système de dépressurisation si nécessaire, et la mise en place d’un système de ventilation adéquat.
1 Le taux de concentration de radon est calculé en becquerel (Bq) par mètre cube d’air (m3)
2 Les coordonnées de professionnels spécialisés dans l’atténuation du radon peuvent être trouvés via le site web des organismes suivants : Programme national de compétence sur le radon au Canada, ou Santé Canada.
3 CAA Québec et l‘Association pulmonaire du Québec (APQ) en vendent (coût d’achat : environ 40 $, taxes et analyse incluses, plus 7 $ de frais d’envoi). Il est aussi possible d’en acheter dans certaines quincailleries ou magasins à grande surface. Le site de CAA Québec (caaquebec.com/conseils) décrit en détail les différents types de dosimètres disponibles et leur efficacité.