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Théorbe, musique ancienne et soprano, voilà ce que nous proposaient le guitariste et théorbiste Michel Angers et la soprano Peggy Bélanger, le 8 novembre à la salle Saint-François-Xavier de Prévost, sous l’égide de Diffusions Amal’Gamme. Programme intriguant pour certains, alléchant pour d’autres, une belle assistance s’était amenée. Exceptionnellement, le diffuseur prévostois présentait ce programme un dimanche après-midi et demanda au public de commenter cette tentative.
Il s’agissait du récital d’une soprano accompagnée par des instruments anciens. Pour les premières pièces, M. Angers accompagna Mme Bélanger sur une guitare dont le modèle datait du temps de Louis XIV. Ancêtre de nos guitares actuelles, celle-ci avait une forme différente, possédait moins de cordes et conséquemment émettait un son différent. Il exécutera avec beaucoup de délicatesse des accompagnements qui nous apparaîtront peut-être simplistes, mais qui ne le sont pas, loin de là, cette apparente simplicité n’ayant pour but que de soutenir les flamboyantes vocalises exigées de la chanteuse. Les chants furent tous des XVIe et XVIIe siècles et allèrent de Monteverdi, Kapsberger et Barbara Strozzi à Piccinini. Parfois empreints de légère grivoiserie, parfois l’expression d’amoureux languissants, « Petit Cupidon, réveille-toi. Pendant que tu dors, mes amours dorment aussi… »
Afin de mieux nous démontrer les capacités et particularités de sa guitare, quatre courtes pièces de Kapsberger nous furent jouées avec une grande finesse par M. Angers. Puis ce furent de nouveau des chants accompagnés. Dans Si dolce el’ tormento du Vénitien Monteverdi la cantatrice nous démontra sa versatilité, passant de quelques hautes quasi irréelles à des graves sensuelles très émouvantes, finales parfois d’une douceur totalement inattendue. Les derniers morceaux de cette première partie furent accompagnés par le théorbe, instrument du XVIIe siècle, une sorte de guitare au manche gigantesque, ancêtre du clavecin, destiné surtout à l’accompagnement, de là sa discrétion malgré son impressionnante apparence, au son peut-être plus puissant que celui de la guitare du début.
Après la pause, M. Angers s’était offert le plaisir de mettre A. Piccinini au programme, son compositeur préféré à cause de sa grande inventivité. Puis, B. Strozzi, une femme compositrice au XVIIe siècle (tout un événement), fut à l’honneur.
En rappel, nos infatigables comparses nous offrirent un morceau de bravoure, Amanti de Benedetto Ferrari. Les très athlétiques vocalises de la part de Mme Bélanger nous subjuguèrent pendant plusieurs minutes, justes, sans failles, toujours plus complexes, totalement réussies, démonstration de la brillante cantatrice qu’elle est. Tout cela avec passion, accompagné par un solide guitariste sur lequel elle pouvait s’appuyer.