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Sylvie Prévost – Marc-André Gautier, violoniste et Vladimir Sidorov, accordéoniste bayan, deux musiciens exceptionnels dans un répertoire flamboyant.
Que dire de cet accordéoniste bayan qui s’est déjà produit à quelques reprises à Prévost ?Chaque fois, Vladimir Sidorov me sidère (hum). Samedi encore, il a fait preuve d’une profonde sensibilité musicale, servie par une virtuosité remarquable. Mieux encore, on peut en dire autant de l’autre membre de ce duo, le violoniste Marc-André Gautier.
Ensemble, ils nous ont menés de la Russie à l’Argentine, en passant par l’Europe de l’Est et le Québec, à travers des arrangements tziganes de tangos, de folklore et de musique populaire. On sait ce que la musique tzigane peut déployer en termes de fougue et d’habileté tech-nique. C’est déjà spectaculaire lorsqu’il s’agit d’un soliste appuyé par un ensemble. Maintenant, imaginez la chose avec deux solistes qui jouent d’un même élan, se répondent, finissent la phrase que l’autre a commencée, se laissent mutuelle-ment la place pour reprendre le flambeau en le portant plus haut…et vous aurez une idée de ce que le public a vécu ce soir-là.
Les arrangements, écrits par Sidorov, sont élaborés, bien sûr. Ce sont surtout des trésors d’imagination, explorant les multiples possibilités des instruments et s’emparant des mélodies d’une façon si colorée qu’on les voit soudain sous un tout autre jour. Même l’Hymne au printemps de Leclerc, même les « reels » sont devenus comme incandescents, ainsi que Kaléidoscope (composition de Sidorov), qui avait pourtant commencé comme une sorte de jam. Peut-être le « tziganisme » détourne-t-il l’intention première de la pièce interprétée, mais pour-quoi bouder son plaisir ?
La présentation des pièces, pas très formelle, est restée très conviviale. Un seul petit flottement… les renseignements que Sidorov a donnés à propos de son instrument… Le français n’est pas sa matière forte et c’est probablement la millième répétition qu’il en fait.
Marc-André Gautier a brillé dans ce répertoire échevelé. Glissandi, pizzicati, arpèges, croches, doubles-croches, quadruples-croches… tout paraît d’une facilité déconcertante.
J’ai hâte de l’entendre de nouveau, dans un répertoire classique où la virtuosité s’alliera à la profondeur de l’expression.
Au final, un public heureux. Je suis sûre que le grand-père violoneux de Gautier – fût-il au concert des anges – a dû se pencher vers la terre pour écouter son petit-fils en souriant avec toute la fierté du monde !