Mise à jour sur l’état de notre rivière

(Photo : Audrey Tawel-Thibert)

Toujours dans le cadre du dossier sur la rivière du Nord qui est publié annuellement dans le Journal des citoyens, cet article se veut un survol général des nouvelles données nouvellement diffusées, conjointement avec Abrinord, organisme de bassin versant.

Le Journal a rencontré la directrice générale Isabelle Marcoux ainsi que Ruth Paré et Audrey Beaudoin-Arcand, toutes d’Abrinord, le temps d’un entretien après consultation des cartes interactives que l’organisme a mises en ligne sur son site Web. Il y est possible de sélectionner les stations, les unes après les autres, pour accéder aux données telles que les quantités de matières en suspension, de phosphore et de coliformes fécaux.

Des débordements constatés encore cette année

Avec les modifications récemment apportées aux SOMAE, il n’est pas possible de connaître les données scientifiques de 2014 sur les surverses et la qualité des eaux traitées par les usines d’épuration dans la rivière du Nord (ni aucune autre). Par contre, on peut avoir accès aux données relatives à l’état de la rivière recueillies aux stations entretenues par Abrinord, il faut suivre le lien suivant: www.abrinord.qc.ca/projets/ , l’onglet [Consulter les résultats] permet d’accéder à une carte donnant accès à tous les échantionnages.

Ce qui transparait clairement en jetant un œil aux données d’Abrinord, ce sont les améliorations effectuées à certaines usines d’épuration au cours des 3 dernières années. Il y a cependant encore beaucoup de travail à faire, aux yeux d’Abrinord, puisqu’on constate encore des dépassements de 200 coliformes fécaux, à certaines périodes de l’été qui compromette la baignade. À ce sujet, Mme Marcoux se fait souvent demander : « Puis-je me baigner dans la rivière du Nord ou pas ? » Elle n’a pas vraiment de réponse, puisque plusieurs facteurs entrent en ligne de compte, dont la consommation d’eau et la gestion des eaux fluviales de chaque municipalité. Les mesures d’Abrinord ne fournissent pas une moyenne de l’état de la rivière, mais une indication, une fois par mois.

Ainsi, s’il n’y avait jamais de dépassement affiché, on ne pourrait dire qu’il n’y a pas de dépassement de norme de baignade, mais ce serait un indice intéressant de qualité. Ainsi aux chutes Wilson, on avait en juin un indice de coliforme de 310 qui compromet la baignade, mais bonne nouvelle, en juillet nous avions un indice de 68 CF après une pluie, qui est le moment ou généralement nous avons les indices les plus élevés lorsque les usines d’épuration doivent procéder à des déversements. À Prévost, au niveau du pont Shaw, les indices étaient respectivement de 160 et de 62, là aussi après une pluie; des indices rassurants permettant la baignade. Si on note le fait qu’en juin 2014 l’analyse donnait 6 000 CF, on réalise que la situation n’est pas stable et qu’on ne s’explique pas toujours ces dépassements qui peuvent être liés à des surverse municipales ou à des affluents contaminés tels que la rivière au Mulets à Sainte-Adèle qui affichait 2 000 CF en juin et 150 en juillet, là aussi après une pluie.

Les seuils de dépassement sont fournis par le ministère du Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques (MDDELCC). Ces nomes stipulent que la baignade est compromise lorsque la rivière dépasse les 200 coliformes fécaux et que tout usage récréatif y est compromis au-delà de 1000 CF.

L’incidence du Polar Bear’s Club

Sur la carte disponible sur le site d’Abrinord se trouve, entre la station 8 et un point de rejet, le Polar Bear’s Club et le Bagni, qui offrent des services de spa incluant un contact direct avec la rivière. La présence de spas à proximité de la rivière du Nord, où les clients se baignent directement, constitue un enjeu délicat. En effet, certaines années, on a constaté un taux plus élevé que le seuil de baignade de 200 coliformes fécaux dans la rivière à Simon, un affluent de la rivière du Nord; cela compromet donc la baignade. Abrinord a déjà rencontré les propriétaires du Polar Bear pour amorcer une discussion centrée sur la santé publique. Le spa a un impact sur l’eau, en raison notamment de l’usage de certains produits chimiques qui y sont déversés. « L’équipe du Polar Bear veut évidemment assurer la pérennité de leur entreprise, donc il ne serait pas à leur avantage de publiciser l’état de l’eau de la rivière de leur secteur si sa qualité laisse à désirer », estiment avec raison des membres d’Abrinord. Mme Marcoux lance l’invitation : « Tout ce dont Abrinord a besoin dans ce cas-ci, c’est d’un premier pas de la part du Polar Bear, car alors, nous pourrons les épauler et les diriger vers des pistes de solution ».

Une mobilisation pour la santé de notre rivière

Un sentiment d’appartenance doit nécessairement se développer entre les citoyens et la rivière pour pouvoir en apprécier sa valeur. On ne devient réellement sensible à l’importance de l’eau que lorsque l’on réalise l’impact que nous avons sur la ressource. Ainsi, le propriétaire d’un terrain non desservi par sa Municipalité possède une fosse septique sur son terrain; si elle déborde, le résident le verra de ses yeux et le sentira de son nez… Il veillera donc à réduire son impact sur son champ d’épuration, par exemple. En zone urbaine, le contexte est différent et plus dommageable; si un débordement a lieu à quelques kilomètres de chez quelqu’un, cette même personne n’y pensera même pas. Lien sur le site Web–Carte du suivi de la qualité de l’eau : www.abrinord.qc.ca/projets/programme-dechantillonnage/

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