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Alexandra Girard
Le 5 août dernier, la compagnie de danse contemporaine, Coleman Lemieux et Compagnie, s’est produite sur la scène du grand chapiteau dans le cadre du Festival des arts de Saint-Sauveur (FASS). Une soirée, deux légendes de la musique pop rock, Elvis et Johnny Cash, interprétées ni plus ni moins par les mouvements de danseurs contemporains.
La soirée était organisée de manière à présenter deux spectacles bien distincts. « Le premier, c’est un portrait d’Elvis, le deuxième porte sur Johnny Cash, mais souhaite beaucoup plus capter une atmosphère », a expliqué Guillaume Côté, directeur artistique du FASS, en mot d’ouverture. Auparavant basée à Montréal, la maison-mère de la troupe Coleman Lemieux et Compagnie est à présent située à Toronto à La Citadelle dans le quartier Regent Park.
Silence complet. La première partie chorégraphiée par Laurence Lemieux, Looking for Elvis, a débuté avec une entrevue où résonnait la modestie du roi du rock: «I do the best I can ». Plusieurs danseurs se trouvaient sur scène et réalisaient de larges mouvements de façon individuelle. Et ce n’est qu’aux sons de A little less conversation, reprise par Billy Strange et Mac Davis, que tous les danseurs ont synchronisé en un même mouvement un ralenti majestueux, comme au cinéma.
On a positionné ensuite un micro devant le visage d’un danseur pendant que le reste de la troupe se plaçait derrière lui. Le mal-être du roi du rock se faisait sentir : le danseur imitait le chancèlement d’un homme saoûl qui tentait de chanter, de plaire à la foule, mais qui n’en avait plus la force. Chaque danseur était comme un pilier pour celui qui incarnait Elvis frôlant toujours de s’effondrer. Le spectacle s’est terminé sur une note plus joyeuse dans l’espoir de trouver enfin l’amour avec un grand A. Falling in love with you s’est fait entendre pendant que toute la troupe mimait chaque mot en parfaite simultanéité. Belle synthèse de la vie d’une légende.
La deuxième partie, The man in black, chorégraphiée par James Kudelka était tout autre : plus sensible, plus abstraite. Sur scène, il n’y avait que quatre danseurs, trois hommes et une femme, tous accoutrés sans exception de bottes de cowboy. Le son très rythmé des talons au sol ne pouvait que bien s’harmoniser avec les sonorités country de la musique du mythique Johnny Cash. Les chorégraphies tout en douceur se faisaient toujours dans la plus grande proximité, s’accordant ainsi avec la sensibilité de la voix rauque de Cash. Chaque pas de danse était pesé, senti, comme chaque parole.
If you could read my mind a résonné dans la salle comme un boulet de canon. Les danseurs ont simulé une bataille de sorte à imager les coups durs de l’existence.
Magnifique combat où ceux qui portaient les coups étaient guidés comme des pantins par les autres danseurs. C’est aux sons de Hurt que plusieurs ont versé quelques larmes. Un des interprètes prétendait perdre le contrôle pendant que l’on tentait de le retenir pour lui donner la force de continuer. Tout au long du spectacle, les danseurs se tenaient la main, comme un lien inébranlable, parce que c’est ensemble qu’on réussit à encaisser la vie.