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Sa personnalité colorée et attachante charme quiconque la croise sur son chemin et fait d’elle une enseignante, artiste et mère de famille grandement appréciée. À 45 ans, Nancy Gaussiran démontre une grande sensibilité et manifeste une réelle joie de vivre. Pourtant, il se cache en elle une femme désœuvrée, confrontée à des moments difficiles depuis qu’elle a chuté en ski l’hiver passé. Peindre est alors devenue l’unique façon de soulager sa douleur. Portrait d’une artiste authentique, pour qui l’art constitue un outil de vie essentiel.
Les créations de Nancy Gaussiran tapissent les murs du restaurant Recto Verso, à Sainte-Adèle, en cette magnifique soirée du mois de juin, alors que parents, amis et curieux se ruent à l’intérieur pour admirer les toiles et bijoux réalisés par l’artiste. Ce vernissage, Nancy Gaussiran l’a organisé dans l’espoir de célébrer sa guérison. Mais, ce n’est pas le cas… Les dommages corporels causés par l’accident affectent encore son quotidien, près de quatre mois plus tard.
En février dernier, la chute a été brusque pour Nancy Gaussiran. Son cou et son dos ont subi l’impact d’une descente en télémark qui a mal tourné. Dans les premières semaines suivant sa mésaventure, elle pouvait à peine marcher. Le temps a passé et, enfin, elle a pu recommencer à peindre. Ce moment, elle l’attendait avec impatience, car la situation à laquelle elle faisait face l’affectait énormément. En fait, pour surmonter la douleur, peindre semblait la seule chose qu’elle pouvait faire.
Avant tout, Nancy Gaussiran est professeure en arts plastiques à l’école Polyvalente Saint-Jérôme, où elle enseigne à plus de 400 élèves tous les ans. Amoureuse de son travail, elle se soucie énormément du bien-être et de la réussite de ses étudiants. C’est donc contre son gré qu’elle s’est retrouvée en arrêt de travail au milieu de l’année scolaire. Elle gardait toutefois espoir que sa guérison serait rapide et qu’elle pourrait retourner enseigner dans les plus brefs délais. Malheureusement, elle n’a pas pu terminer l’année avec ses élèves… Ce fut pour elle une grande déception.
La mouvance de la vie
L’épreuve à laquelle l’artiste est présentement confrontée l’a amenée à réfléchir à sa situation. Elle a dès lors décidé de se remettre en priorité. «J’avais besoin de prendre le temps de guérir et de faire des choses que j’apprécie», me confie Nancy Gaussiran, alors que je la rencontre dans un café à Saint-Sauveur, ville où elle réside avec sa fille et son conjoint.
Elle a donc choisi de mettre un terme à un projet qui lui tient réellement à cœur, mais qui consomme énormément de son énergie, c’est-à-dire le développement d’une concentration art-études à l’école secondaire où elle enseigne. Bénévolement, elle travaille depuis plus d’un an à mettre sur pied le projet, et ce, malgré le fait qu’elle ne se sentait aucunement appuyée par ses collègues ni par sa direction. «J’ai réalisé que ce n’était peut-être pas fait pour moi», explique l’enseignante, qui croit aux effets bénéfiques de l’art sur les étudiants. Elle considère comme une défaite l’arrêt du développement du programme.
Après mûre réflexion, Nancy Gaussiran a constaté que «dans chaque moment, qu’il soit positif ou négatif, il y a toujours quelque chose qui nous permet d’avancer et d’être fières de ce que l’on accomplit.» C’est cette pensée que l’artiste désire partager à travers sa série de toiles Black and White, qu’elle s’est mise à peindre à la suite de son accident et qui représente pour elle la «mouvance de la vie». Le blanc et le noir se retrouvent dans chacune des œuvres de cette série, accompagnés d’une touche de rouge, qui symbolise la passion.
Une touche de féminité
Femme sensible et gracieuse jusque dans sa démarche artistique, Nancy Gaussiran inclut avec récurrence le thème de la féminité dans ses œuvres. «C’est un questionnement constant en lien avec la femme que je suis, la femme que j’ai été et la femme que je vais devenir», soutient l’artiste. Ces questions l’habitent depuis longtemps et découlent notamment de son passé. En fait, Nancy Gaussiran n’estime pas avoir grandi dans un environnement sain, avec un père qui ne la considérait pas comme étant une belle femme. Ce jugement négatif a amené l’artiste à réfléchir sur les perceptions malsaines que l’on peut avoir de soi-même.
Dans sa série de toiles colorées, l’Éphémérité de la beauté, elle partage le fruit de cette réflexion. Elle croit qu’une femme doit se voir belle, malgré les jugements qu’elle peut porter à l’égard d’elle-même. «Oui, on change et on vieillit, mais ce n’est pas ça l’important. L’important, c’est de profiter du moment présent», témoigne-t-elle. Soulignons que l’ensemble de ses peintures est réalisé à la spatule, créant une texture qui rappelle celle de l’écorce d’un arbre.
Une enseignante dévouée
Jamais, dans ses temps libres, Nancy Gaussiran ne regarde la télévision ou ne fait une sortie au cinéma. Elle préfère créer ou faire du sport. «Ce sont mes outils de vie», indique-t-elle. Déjà au secondaire, elle était passionnée par les arts et ressentait un besoin de créer. Elle voulait poursuivre ses études dans ce domaine au cégep, mais son père ne voulait pas. Contre son gré, elle a dû se diriger en sciences humaines. Mais, elle a fini par poursuivre sa passion et obtenir un diplôme d’études collégiales en art au cégep Lionel-Groulx ainsi qu’un diplôme du baccalauréat en enseignement des arts au secondaire à l’Université du Québec à Montréal.
Aujourd’hui, à travers son rôle d’enseignante, elle tente de transmettre sa passion à ses étudiants et de leur offrir des outils pour le reste de leur vie. Elle souhaite qu’ils puissent exprimer leurs émotions et se valoriser par les arts. Pour Nancy Gaussiran, l’enseignement de cette matière scolaire s’inscrit dans une démarche comparable à l’art thérapie. Elle valorise l’évolution de l’élève ainsi que son implication, et non l’apparence de beauté, un critère qu’elle juge trop subjectif.
Pour elle, chaque élève est important. Elle essaie de les aider tous du mieux qu’elle peut. La relation qu’elle entretient avec ses élèves est également très importante. «Ce sont des beaux échanges qui restent pour la vie», mentionne l’enseignante. Ses yeux s’illuminent lorsqu’elle me parle des nombreux élèves avec qui elle garde encore contact après plusieurs années.
À l’heure actuelle, Nancy Gaussiran reste forte. Elle espère être guérie d’ici l’hiver prochain, puisqu’elle a décidé de réaliser un rêve un peu fou, quelque chose qu’elle n’aurait jamais osé faire auparavant. Elle compte partir vivre au Nicaragua pendant six mois avec son conjoint et sa fille, afin d’y faire du service humanitaire et de réaliser de nouvelles créations sur place. Elle voit cette aventure comme un nouveau départ, durant laquelle elle «veut simplement profiter de la vie».