Toxicité du liquide de fracturation
Végétation d’un sous-bois anéantie

Odette Morin
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Une expérience menée dans une forêt de Virginie-Occidentale confirme que le liquide de fracturation utilisé dans l’exploration et dans l’extraction du gaz de schiste est néfaste pour l’environnement. En 2008, le service des forêts du ministère de l’Agriculture américain a déversé 300 000 litres de liquide de fracturation dans une parcelle de 2 000 mètres carrés d’une forêt expérimentale. Dans les heures qui ont suivi l’épandage, la végétation du sous-bois était morte. Dans les jours suivants, plusieurs arbres ont perdu leurs feuilles. Deux ans plus tard, 56 % des arbres étaient morts, alors que le taux de mortalité observé dans cette forêt est de 1,3% par année. Cette expérience est très pertinente, car plusieurs États américains permettent de se débarrasser des eaux de fracturation par épandage. Jusqu’ici au Québec, les eaux utilisées dans l’exploration ont été traitées dans des usines d’épuration municipales avec l’aval du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. (Charles Côté, 19 juillet, La Presse)

Au Québec, l’épuration des eaux de fracturation par des installations municipales a été dénoncée par des biologistes, car les équipements municipaux ne seraient pas en mesure de filtrer plusieurs polluants, dont des métaux lourds, parfois radioactifs et des substances cancérigènes, voire mutagènes.

C’est le départ du P.D.G. de Junex, Jean-Yves Lavoie, lequel ne voulait pas nuire à la crédibilité du groupe, ainsi que les pressions des groupes d’opposants qui ont conduit le gouvernement à nommer François Tanguay au sein du comité de l’Étude environnementale stratégique (EES). Monsieur Tanguay est un écologiste de longue date au c.v. bien garni en commençant par Greenpeace en passant par divers organismes gouvernementaux comme la Régie de l’énergie. Contrairement à la plupart des écologistes, François Tanguay ne se dit ni pour ni contre cette industrie controversée. Il a affirmé à La Presse vouloir « faire partie du débat réfléchi, pas du débat émotif ». Équiterre et la Fondation David Suzuki accueillent favorablement cette nomination, tandis que l’Association québécoise pour la Lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) aurait préféré la nomination de leur vice-présidente Kim Cornelissen. Urbaniste de formation, madame Cornelissen a un parcours fort intéressant avec entre autres, la rédaction (en français, en anglais et en suédois) de nombreux articles, chapitres de livres et mémoires sur les biocarburants. (Tommy Chouinard, 10 août, La Presse)

Le fait que ce comité ne soit formé que de personnes en accord ou tout au plus neutres, face à cette industrie nous permet de douter de l’objectivité de la démarche.

Un mea culpa des producteurs pétroliers

L’Association canadienne des producteurs pétroliers (ACPP) et son pendant québécois ont mandaté une entreprise spécialisée (Parta Dialo- gue) pour lancer un forum de discussion par internet. Le grand patron de Parta Dialogue, Paul Allard a déclaré que : « l’industrie est prête à faire son mea culpa après avoir reçu des “baffes” en agissant “comme des cow-boys” ». (Patrice Bergeron, 31 juillet, La Presse canadienne) Selon Marc Durand, géologue à la retraite, le site forumschiste.com aurait été démasqué comme étant un site pour recueillir des infos sur les opposants.

Outre les projets de manifestations, les opposants au gaz de schiste comptent, dès cet automne, mettre sur pied une table ronde sur les énergies nouvelles qui réunira plus de 400 experts dans le domaine. Leur but est de démontrer au gouvernement qu’ils ne sont pas seulement capables de s’opposer au gaz de schiste, mais qu’ils sont surtout capables de proposer des alternatives aux énergies fossiles, lesquelles obnubilent nos gouvernements. « Moi j’en ai ras-le-bol de cet énoncé du gouvernement selon lequel nous sommes des éco-anarchistes », a déploré Paul Lamoureux, porte- parole des regroupements d’opposants. Il a défendu sa réputation et celle de ses camarades dans cette lutte qui ont comme lui, une longue carrière dans le domaine scientifique, notamment dans celui de la biologie.

Finalement, pour tous ceux et celles pour qui ce sujet est beaucoup plus que du « pas dans ma cour », un rendez-vous est donné à Québec les 23, 24 et 25 août devant l’Assemblée nationale. C’est sous le thème « changeons la loi qui mine notre territoire » que seront menées diverses activités. Après tout, l’industrie du gaz et du pétrole bénéficie de la vétuste Loi sur les mines.

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