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« Amiante, uranium, gaz de schiste, pétrole de mer, centrales nucléaires, mines, nouvelles routes : un seul de ces sujets suffirait à déclencher l’inquiétude des écologistes. Le Québec les affronte tous à la fois, assailli par un capitalisme bien décidé à ne pas laisser une seule parcelle de ressource minérale à l’abri de la recherche du profit ». Une citation d’Hervé Kempf, auteur et chroniqueur à l’environnement au quotidien français Le monde, dans un texte publié au lendemain du dévoilement du Plan nord.
Selon Louis-Gilles Francoeur (Le Devoir, vendredi 13 mai), le secteur des affaires (dont l’industrie du gaz) et les hauts fonctionnaires vont détenir 8 des 11 sièges du comité d’Étude environnementale stratégique (ÉES) censé étudier la très controversée technique de fracturation hydraulique. Il y aura 3 universitaires, dont 1 pour le côté social et 2 géologues. Les écologistes et les groupes de citoyens, pourtant à l’origine de la remise en question de l’exploitation de cette filière, ont été exclus de ce comité.
Pour le collectif scientifique sur le gaz de schiste, cette absence « témoigne à nouveau de la distance que le gouvernement entretient envers les citoyens, qui portent pourtant le lourd fardeau de la preuve du caractère inapproprié de ce projet à haut risque et qui auraient pu faire contrepoids aux acteurs d’emblée favorables à l’industrie gazière au sein du comité ».
Le collectif déplore aussi que les deux spécialistes (universitaires) soient tous les deux de la même discipline, soit la géologie. Le collectif aurait aimé connaître leur expérience en matière d’environnement ainsi que leurs liens et leurs sources de financement (avec le secteur privé, s’il y a lieu) pour être sûr de leur capacité d’intégrer les préoccupations sociales et environnementales.
Par ailleurs, Radio-Canada nous a appris qu’une étude de l’Université Duke de la Caroline du Nord, parue (le 9 mai) est arrivée à la conclusion que plus on est près d’un puits de gaz de schiste, plus les risques sont grands que la nappe phréatique soit contaminée par du gaz naturel. Après avoir prélevé des échantillons d’eau d’une soixantaine de puits dans trois États différents, ils les ont séparés en deux groupes : ceux qui provenaient des puits situés à un kilomètre et plus de distance (d’un puits de gaz) et ceux situés à moins d’un kilomètre. Dans le premier groupe, la teneur en méthane (gaz naturel = 80 % de méthane) était en moyenne de 1,1 milligramme par litre (mg/l). Dans le second, cette teneur moyenne grimpait à 19,2 mg/l.
« Nous avons été étonnés d’obtenir des valeurs aussi élevées. Nous avons trouvé une corrélation assez forte entre la proximité d’un puits de gaz et la concentration de méthane dans l’eau potable », explique Robert B. Jackson, professeur de biologie à l’Université Duke.
Alors, même si l’on n’en entend plus beaucoup parler ces temps-ci, on peut être assuré que les industriels et le gouvernement vont continuer à essayer, par tous les moyens, de nous imposer cette dangereuse, mais potentiellement très lucrative filière (lucrative pour l’industrie). Ils croient, peut-être avoir réussi à endormir le bon peuple, groupes de citoyens et environnementalistes, sauf que l’on peut prédire qu’ils rencontreront, à nouveau, surtout avec ce qui se passe en France, une farouche opposition à ce projet insensé.