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La prorogation de la session parlementaire par Jean Charest a envoyé aux oubliettes le projet de loi 79 qui devait modifier la loi sur les mines et l’industrie gazière. Datant du 19e siècle cette loi est désuète tout comme le calcul des redevances. Après, il nous a présenté son Plan Nord; encore un bel exemple de « charrue devant les bœufs ». Il pourrait se passer de un à deux ans avant que l’on entende à nouveau parler de cette loi.
Chanceuse de ne pas reposer sur le schiste, notre région voit aujourd’hui planer la menace de l’industrie minière tel un grand vautour au-dessus de nos têtes. L’augmentation du prix du fer et du titane aura éveillé sa boulimie mercantile. Hélas, la vieille loi fait que nous n’avons aucun recours à part, peut-être, la mobilisation citoyenne!
Le 22 mars, Le Devoir nous apprenait que « l’industrie (du gaz de schiste) profitera des millions de l’état ». Même si elles profiteront grandement et à nos frais de l’Étude Environnementale Stratégique (EES), l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ) a indiqué que les entreprises devront être dédommagées pour les inconvénients, voire les retards qu’elle (l’EES) leur causera.
Selon un rapport accablant du commissaire au développement durable Jean Cinq-Mars, « le ministère des Ressources naturelles, sous la gouverne de Nathalie Normandeau, a erré sur toute la ligne dans ce dossier ».
Le bilan de la pollution continentale (pour 2006) qui vient d’être publié par la CCE de l’ALENA, souligne l’importance d’une pratique inquiétante « les rejets sur place par injection souterraine » de contaminants, qui est très répandue en Alberta, mais interdite dans plusieurs provinces. Plus de 99 % des rejets injectés ont été déclarés par des installations d’extraction de gaz et de pétrole. Des 163 polluants répertoriés, 68 % du total de ces rejets est constitué de sulfure d’hydrogène, lequel est d’une toxicité extrême. On injecte ce cocktail foudroyant sous les nappes d’eau souterraines en espérant qu’il ne refasse pas surface un jour.
En France, pas moins de quatre projets de loi ont été déposés pour interdire les forages exploratoires et la fracturation hydraulique. Toutefois, les opposants ne réclament rien de moins que l’abrogation des claims avant de mettre un frein à la mobilisation.
Des claims pour l’exploration gazière ont été accordés en 2006 par le ministère des Ressources naturelles pour la région de Gentilly, à Bécancour, incluant la formation rocheuse en dessous de la centrale nucléaire. Hydro-Québec a déclaré (on l’espère) qu’il était inacceptable de forer et de fracturer sous une centrale nucléaire, près des installations de stockage de déchets radioactifs et d’un réseau complexe de câbles électriques et de conduites. Dans ce secteur se trouve une nappe d’eau souterraine fortement radioactive résultant d’activités de « brûlage » (?) réalisées il y a quelques décennies. On trouve aussi sur ce site des réservoirs contenant des dizaines de millions de litres de produits chimiques dont de l’alkybenzène linéaire, un produit hautement toxique.
Il faut rester vigilant, car après nous avoir rassérénés avec le rapport du BAPE et l’EES, on peut être sûr qu’ils vont à nouveau essayer de nous imposer cette industrie qui dispose de 55 lobbyistes.